LE PLAN DIVIN
et sa réalisation
1934
Editeur: S. VAN MIERLO
9, Rue Pierre Bertin, 9
VERSAILLES
Chèques postaux - Paris 1774.93
Téléphone : Versailles 29.09
TABLE
DES MATIÈRES
........................................................................................................................................................................ Pages
9. l'Église
dont il est question dans les Évangiles est
10. Une
partie de ce que demandait le Seigneur dans les Évangiles ne sera
à exécuter littéralement que par Israël et seulement dans des
conditions
11. Les
cérémonies de la Loi devaient être observées par les Juifs,
16. La Vie
éternelle dont parle les Évangiles, est la vie sur terre
18. Israël
n'était pas rejeté après avoir crucifié son Messie, mais pouvait
19. Après
l'Ascension les disciples devaient attendre la puissance de l'esprit
4. La Loi, y
compris la circoncision et toutes les cérémonies est et doit être
suivie par les Juifs chrétiens, tant qu'Israël est considéré
comme
5. La
Pentecôte est le commencement de réalisation des promesses faites
aux Juifs et ne concerne qu'eux. Les gentils ne commencent à
être bénis que
7. L'Apôtre Paul a proclamé plusieurs bonnes nouvelles pendant
les Actes et, en particulier,
8. L'Apôtre
Paul met en garde contre les enseignements pernicieux de certains qui
9. Tout ce
qui arriva et fut annoncé pendant la période des Actes était déjà connu,
LE PLAN DIVIN
Et sa réalisation
INTRODUCTION
Le monde est en désarroi. Certains
chrétiens aussi, bien loin de voir s'étendre ce que l'on a appelé « le Royaume
de Dieu », les grandes églises se voient menacées. L'apostasie s'accentue, les
sectes abondent, s'agitent, et partout des croyants sérieux se demandent où
l'on va. Ils se rendent compte confusément que la base de leurs croyances est
immuable, mais ils voient vaciller ce qui semblait devoir être au-dessus des
vicissitudes humaines ; ils voient tomber les idoles. Il y en a d'autres qui ne
croient pas encore, mais qui ont aussi reconnu la vanité de ce qui était
présenté comme un roc inébranlable : le matérialisme scientifique. Là où les
esprits forts avaient proclamé que se trouvait un vide, ils entrevoient un
monde nouveau dépassant le monde que nous connaissons. Mais dans quelle
direction vont-ils s'engager ? Ce qu'ils voient du christianisme les repousse,
la division semble indiquer l'erreur. Un vague bouddhisme les charme parce
qu'ils n'en aperçoivent qu'un côté intéressant, mais ils hésitent. Se
laisseront-ils prendre par l'occultisme ? C'est à craindre.
Nous proposons une solution.
Non pas nouvelle, mais qui pourra parfois paraître telle. Nous ne la présentons
pas comme un dogme, nous ne voulons pas former une secte. Mais ayant nous-même
passé par ce chaos et ayant trouvé une issue, nous l'indiquons à d'autres qui
sont prêts à tout abandonner pour parvenir à la vérité. Nous disons : « Prêts à
tout abandonner », et nous entendons par là tout ce qui les retient maintenant,
ce qui leur a semblé vrai, ce qui leur a été en bénédiction, ce qu'ils ont reçu
de leurs parents ou de leurs ancêtres, en un mot la « tradition ». Mais qu'on
nous comprenne bien. Nous ne nions pas systématiquement ce que d'autres ont
affirmé. Au contraire, nous prenons très au sérieux les enseignements anciens,
mais nous n'entendons pas nous y soumettre aveuglément. Nous voulons examiner
cette tradition, non pas dans le but de rejeter tout ce qui n'est pas conforme
à nos idées, mais avec l'intention d'en retenir ce qui est bon. Nous voulons
être libres penseurs en ce sens que nous désirons rester libres d'examiner tout
ce qui vient des hommes. Nous ne nous soumettons qu'à une seule autorité :
celle de notre Créateur. Et cela, par contre, d'une manière absolue, parce que
cela est logique et normal, nul ne pourra le contester. Nous savons par
expérience que l'on peut douter de Dieu, mais nous savons aussi que « les
perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient
comme à l'oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses
ouvrages ». Et si nous avons en ce Dieu-Créateur une foi logique, il est
évident que nous soumettons tout à lui. Nous avons alors dans ce monde relatif
un point de départ absolu. S'appuyant sur ce qui est humain, on n'est arrivé
qu'au chaos, niais le divin nous en fera sortir.
Dans cette introduction, nous
ne pouvons pas nous étendre sur le développement logique qui a conduit à notre
attitude, nous ne pouvons qu'effleurer et nous borner à dire que la Parole de
Dieu nous servira de guide et de lumière dans notre examen. Elle sera pour nous
autorité, dans ses textes originaux. Nous disons « Parole de Dieu » et voulons
exprimer ainsi que nous acceptons la « Bible » comme un document inspiré
littéralement par Dieu. Non pas dicté, mais produit par des hommes poussés par
le Saint-Esprit. Les documents originaux écrits par eux sont ainsi donc
entièrement et littéralement selon la volonté de Dieu. Nous sommes donc très
strictement orthodoxes, si l'on entend par là être fidèle à la Parole de Dieu
ou à la tradition divine. De plus, nous respectons scrupuleusement toute
tradition ou idée humaine, toute « Église », toute « secte » et tout «
mouvement », si l'on entend par là que nous soumettons loyalement leur
enseignement à un examen approfondi et ne rejetons rien a priori. Mais nous ne
retenons que ce qui, selon notre profonde conviction, est conforme à la volonté
de Dieu telle qu'elle est exprimée pour nous dans Sa Parole. Nous reconnaissons
notre propre faiblesse, mais nous savons que le Saint-Esprit peut nous conduire
dans la vérité. Nous ne prétendons pas posséder toute la vérité, et ceci parce
que nous ne sommes pas parfaits ; mais nous ne croyons pas non plus, dans l'âge
actuel, à la perfection chez d'autres hommes ou groupes. D'autres, quoique
guidés aussi par l'Esprit pourront cependant interpréter différemment certains
passages de l'Écriture, parce que l'esprit humain ne se soumettra pas toujours
pleinement à ce conducteur divin.
Nous ne croyons pas seulement à
l'inspiration littérale de la Parole, mais nous croyons aussi que cette Parole
doit être comprise littéralement autant que possible, c'est-à-dire partout où
elle n'indique pas elle-même un sens figuré, partout où on n'a pas affaire à
une figure de style, comme il y en a tant. Nous n'entendons aucunement limiter
les possibilités du divin par nos faibles connaissances et idées humaines. De
plus, nous acceptons, non pas telle partie de la Parole, mais toute la Parole.
Nous sommes certains d'avoir là une unité, un seul développement historique,
dont pas une lettre ne peut être sacrifiée.
Et ceci nous amène à dire que
nous voulons « diviser correctement » cette Parole d'après les « divisions »
qu'elle-même indique. Il semble, en effet, bien évident que si nous avons dans
ce document, préparé par plus de 40 écrivains pendant plus de 1500 ans, toute
l'histoire humaine, il est nécessaire de distinguer entre les phases de cette
histoire. Telles indications données à tel peuple, en telle circonstance, ne
s'appliquent pas nécessairement ou entièrement a d’autres. Les paroles divines
pour les « enfants » sont autres que celles qui sont pour les « adultes ». Il y
aura là différence sans qu'il y ait contradiction.
Tout ce que nous venons de dire
fera comprendre que nous ne voulons en rien suivre la critique moderne -qui
prétend trouver dans la Parole erreurs et contradictions. Si elle trouve cela,
c'est que son point de départ est faux. Elle juge le divin par l'humain et ne
divise pas correctement la Parole.
Nous proposons en toute
humilité les résultats d'une longue recherche. Nous sommes prêts à revoir et à
modifier nos idées dès qu'on nous montrera que la Parole l'exige. Si l'on nous
appelle des « Protestants », que ce soit donc dans le bon sens, indiquant des
hommes qui témoignent (protestari) pour la vérité, contre l'abus. Et nous
entendons alors l'être vraiment, pleinement. Nous voulons nous rapprocher de la
vérité et nous ne nous accrochons donc à aucune « profession de foi » qui est
nécessairement incomplète et non conforme à la vérité pure.
Nous reconnaissons que ces «
professions ide foi » peuvent être utiles, mais elles ne doivent pas faire
obstacle dans la voie qui mène au but.
Certains diront que tout cela
n'est pas nouveau, qu'eux aussi veulent ces réalités. Nous répondrons que nous
ne prétendons à rien de nouveau. Nous admettons que d'autres ont suivi cette
voie, mais nous avons l'avantage de venir après eux et de profiter de leurs
travaux : nous avons ainsi été mis en garde contre certaines tendances, nous
avons pu éviter des pièges, nous avons appris par leur expérience.
Est-il encore nécessaire
d'ajouter que nous ne demandons à personne de sacrifier sa liberté d'homme, de
ne pas user de ses -facultés naturelles ? Au con, traire, usons énergiquement
et pleinement de tous nos, dons naturels : liberté, raison, logique, etc. Mais
n'en faisons pas un mauvais usage et empressons-nous, en premier lieu, de
reconnaître par tous ces dons « naturels » que Dieu « est, et qu'il est le
rémunérateur de ceux qui le cherchent ». Soumettons-nous ensuite entièrement à
ce Maître suprême, sachant que par Lui seul nous pouvons vraiment vivre. C'est
là le seul « esclavage » logique qui nous permette de ne plus être esclave de
nous-mêmes, ni des autres. Cette voie seule nous mènera à la connaissance
parfaite, à la liberté complète, à la paix absolue et à la vie véritable.
On nous a reproché d'être trop
intellectuel. Or, nous croyons que l'on ne saurait l'être assez. Notre point de
vue est qu'il ne faut, en matières religieuses, restreindre aucune des facultés
humaines, mais au contraire les mieux utiliser dans la communion avec Christ.
Nous croyons qu'il faut rechercher un équilibre constant entre toutes les
facultés ; toutefois, cet équilibre doit s'établir non en diminuant ce qui est
momentanément en excès, mais en augmentant ce qui est en défaut. Nous avons de
tristes exemples de croyants, qui semblent négliger l'intelligence et la raison
et n'ont aucun souci de logique, même dans les choses élémentaires. Ceci n'est
certainement pas conforme à la volonté de Dieu : ce qui vient de l'Esprit est
avant tout logique. Faisons donc appel à l'intelligence, mais soyons là aussi
spirituels dans le sens scripturaire.
Attirons encore l'attention du
lecteur sur le fait que l'apostasie s'accentue. La Parole est abandonnée de
plus en plus. Soit ouvertement, par la critique destructive,
soit, sous l'influence encore,
quoique non avouée, de cette critique, d'une manière discrète et cachée ; Ou en
« spiritualisant » le contenu des Écritures ou en confondant tout sans
distinguer les âges et les dispensations. Soit encore d'une manière « supra
spirituelle » en cherchant en un malsain mysticisme un chemin soi-disant plus
direct, celui des révélations personnelles. L'âge présent est « mauvais » et
Satan en est le « dieu ». L'abandon des Écritures expose donc à de multiples
dangers individuels et collectifs, et amènera le désastre du Christianisme
officiel, qui s'écarte de la Vérité.
On veut souvent aussi
constituer une unité visible des croyants, or la Parole ne nous promet rien de
semblable dans l'âge actuel, mais annonce au contraire une apostasie
croissante. Tout effort pour unir extérieurement a, en effet, à la fois comme
cause et comme effet un abandon plus marqué de la Vérité. La seule unité
visible à laquelle on arrivera désormais est celle de l'Antéchrist. La
véritable unité existe déjà, parce que Dieu l'a faite, mais elle est invisible.
L'erreur consiste en ce qu'on veut réaliser présentement ce qui a effectivement
rapport à l'âge prochain.
L'athéisme et le communisme
sont en partie des réactions contre les abus et les erreurs du Christianisme
officiel. Ici, encore le seul secours approprié est un retour intégral à la
Parole inspirée.
Que l'on ne dédaigne donc pas
notre effort sous prétexte qu'il convient d'éviter les controverses et qu'il y
a des choses plus urgentes à faire. Une seule question doit être à la base de
toute activité : « Ceci est-il scripturaire ? » Ni le nombre d'adhérents, ni
l'ancienneté, ni le savoir, ni l'expérience, ni les résultats visibles, ni les
intuitions, ni les visions ne sont une preuve suffisante que l'on est dans la
vérité. Il n'y a qu'un seul critère : la Parole de Dieu.
Nous avons déjà, fait allusion
au fait qu'il faudra sacrifier quelque chose pour arriver au but. Ce sont en
premier lieu nous-mêmes, ensuite beaucoup de choses qui nous ont été
précieuses. Mais ce qui a été une aide à certain moment peut devenir un
obstacle ensuite. En résumé, il s'agit d’ « acheter » la vérité.
Malheureusement, peu d'hommes ont le courage de « payer le prix ». Toute l'histoire
nous le dit, ainsi que toute la Parole. Elle nous donne un exemple en Paul, qui
fut abandonné de tous lorsqu'il poursuivait sa course vers le but.
Nous n’escomptons donc pas le
succès, plutôt le contraire. Mais sans nous occuper du résultat, nous avons
voulu faire connaître ce qui fut et est notre aide dans la vie et ce qui peut
sans doute aider beaucoup, d'autres. Au lecteur d'examiner, que le Seigneur
l'assiste et lui donne un esprit de sagesse et de révélation dans Sa
connaissance.
La présente étude ne donne
qu'un résumé de quelques aspects de notre point de vue. Elle sera suivie, D.
V., par deux autres publications ayant comme titre : Les Messages de
l'Apôtre Paul et La Voie du Salut. Des aperçus plus détaillés ont
été publiés dans la revue hollandaise Uit de Schriften et dans d'autres
publications en collaboration avec M. G. J. P. Il existe, en outre, une revue
anglaise The Berean Expositor ainsi que plusieurs brochures et livres,
rédigés par M. Ch. H. Welch, dont le point de vue se rapproche beaucoup du
nôtre. Par lui, nous avons beaucoup appris au début de notre étude. Nous
pourrions citer d'autres hommes comme le Dr Bullinger, auteur de nombreuses
publications en anglais, et notamment du Companion Bible, le Dr R.
Anderson, etc., qui nous ont appris à examiner la Parole et à nous en réjouir.
En général, nous sommes redevables à tous les croyants du passé. Mais nous
répétons que ce n'est pas chez les hommes, même les plus grands, que nous
espérons trouver le dernier mot. Encore moins prétendons-nous le donner
nous-même.
Nous remercions MM. E. C., H.
B., G. G. Et d'autres encore pour la peine qu'ils se sont donné de revoir et de
corriger le texte de cet ouvrage, ainsi que pour les remarques qu'ils nous ont
présentées.
Versailles, 1934.
Avant les âges (1)
La Genèse nous introduit dans
la création et dans le temps. Le « commencement » de Gen. 1 : 1 est celui de la
création. Mais avant, au-delà de toute création, y compris l'espace et le
temps, il y a Dieu. Dieu est (2), tout simplement. Il est Esprit, Volonté, Liberté
absolue. Il est complètement incompréhensible pour nous, sauf en ce qu'Il a
voulu nous révéler de Lui-même. Ainsi nous savons que, quoique parfait et un en
Lui-même, par rapport à la création, il y a lieu de distinguer en Lui le Père,
Son Image (3) , et l'Esprit. L'Image de Dieu se révéla à nous plus
tard et se nomma « Jéhovah » (4), l'Ange de l'Éternel (5), le Fils. Après s'être
dépouillé (6) , le Fils a paru comme un simple homme nommé Jésus
dans son humiliation, le Christ annoncé par les prophètes.
(1) 2 Tim. 1 : 9: Texte grec : « pro chronôn aiôniôn » ,
c'est-à-dire avant les temps des éons. Cette expression montre que le mot «
éternel » comme traduction de aiôniôn n'a pas le sens que nous y attachons
habituellement. En prenant «éternel »dans le sens habituel, l'expression «
temps éternels » est une contradiction. Voir Appendice 1 concernant le mot «
éternel ». Voir aussi 1 Cor. 2 : 7 « avant les siècles », texte grec « protôn
aiônôn » ; Jean 17 : 5 ( avant que le monde fût » Tite 1 : 2 « dès les plus
anciens temps ». Le texte grec dit « pro chronôn aiôniôn » dans les deux cas,
c'est-à-dire « avant les temps des éons » comme 2 Tim. 1 : 9.
(2) Héb. 11 : 6, Grec « estin » (est), traduit par « existe
».
(3) Col. 1 : 15. Voir aussi Héb. 1 : 3 « empreinte ». Jean
17 : 5.
(4) Comparez par exemple Es. 6 : 1-5 avec Jean 12 :41 ;
Es.43 : 15 ; 44 : 6 avec Jean 1 : 50 ; 12 : 13, etc. Es. 43 :11 avec Actes 4 :
12 etc. ; Es. 45 : 22 avec Jean 12 :47 ; Es. 45 : 23 avec Phil. 2 10, 11 ; Ex.
34 : 6, 7 avec Marc 2 :5. Voir Jean 20 :28 ; 21 : 7 ; Apoc. 1 : 8 ; Es. 41 : 4
; 44 : 6 ;48 : 12.
(5) Gen. 16 : 7 ; 18 : 10-24 (voir Jean 8 : 56) ; 22 : 11 ;
Ex. .3 : 2-14. Le Seigneur dit souvent : « ego eimi » : Je suis.
(6) Phil. 2 : 7.
Le Fils est Dieu (7), mais devint
créature (8) pour créer. Il est désigné comme le « commencement de
la création » (9) .Tout fut créé en Lui (10) et par Lui (11). Il ne
devint pas seulement Médiateur vis-à-vis de la créature déchue, mais devint,
avant la création, Médiateur pour créer. Il a aussi fait les éons (12). Toute la
création subsiste en Lui (13), toute « vie », tout « être » provient de Lui. Il ne
devint pas seulement Médiateur vis-à-vis de la créature déchue, mais devint,
avant la création, Médiateur pour créer. Il a aussi fait les éons (12). Toute la
création subsiste en Lui (13), toute « vie », tout « être » provient de Lui.
Avant le « commencement » de la
Genèse il y a donc le « commencement » de Jean 1 : 1 « Au commencement était la
Parole ». Avant que le monde fût, le Fils était dans la gloire auprès du Père (14). Avant la
création et les éons, il y avait une promesse de vie (15), une grâce
était préparée (16), « la Sagesse préparée pour notre gloire » (17).
Le Fils devint créature pour
nous créer et pour amener sa créature à la gloire du Père. S'il n'y avait eu ni
chute, ni péché, Il n'aurait pas dû se dépouiller, prendre la forme d'esclave,
s'humilier, obéir jusqu'à la mort, la mort de la croix (18). La Vie
divine était en Lui, (19) et Il pouvait la communiquer pleinement à la créature
par une communion parfaite, parce que tout était créé pour Lui (20). Dieu aurait
alors été « tout en tous ». La création, naturellement mortelle et corruptible,
aurait été amenée à l'immortalité et à l'incorruptibilité. Le péché de la
créature est intervenu (21), il a entravé, mais non empêché, l'accomplissement du
dessein de Dieu.
(7) Voir aussi Rom. 9 : 5 ; Jean 1 :1 ; 5 : 18 ; 10 :30 ;17
: 5 ; Tite 2 : 13 ; 3 :4 ; Phil. 2 : 6 ; Col. 2 : 9 ; Héb. 1 :8-10.
(8)
Col. 1 :15.
(9)
Apoc. 3 : 14.
(10)
Col. 1 : 16.
(11)
Rom. 11 : 36
; 1 Cor. 8 : 6 ; Col. 1 : 16 ; Héb. 2 : 10.
(12) Héb. 1 : 2. Grec « aiônas », traduit par « monde ».
(13) Col. 1 : 17 ; Héb. 1 : 3.
(14) Jean 17 :5.
(15) Tite 1 :2.
(16) 2 Tim. 1 : 9.
(17) 1 Cor. 2 :7.
(18) Phil. 2 : 7, 8.
(19) 1 Jean 5 : 11.
(20) Col. 1 : 16 ; Rom. 11 : 36.
(21) Noter que la créature n'a pas de vie en elle-même. Elle
est mortelle dans le sens qu'elle est sujette à la mort. Dieu peut l'amener à
l'immortalité. Cela était nécessaire également sans la chute et le péché. La
créature primitive est mortelle parce qu'elle n'est pas Dieu.. Si Dieu
n'entretient pas sa vie, elle meurt, mais peut encore exister. Après la mort
elle peut être ressuscitée. Les morts ne vivent pas. Ils peuvent vivre
seulement par une résurrection. L'Écriture ne parle pas d'une immortalité «
naturelle » de la créature. Dieu peut l'amener à l'immortalité par Christ qui a
la vie en Lui. A notre avis c'est à tort que l’on a appelé « immortalité » le
fait que l'on existe encore après la mort. De là toute la confusion au sujet de
l'état des hommes après la mort.
Lorsque ce dessein sera
réalisé, le « Jésus » humilié sera non seulement « souverainement élevé » comme
Il l'est déjà maintenant (22), mais sera pleinement réintégré dans son état d'Image
de Dieu. Les éons doivent avoir un terme lorsque sera atteint le but, à la
gloire du Père et du Fils. Il ne peut pas rester Médiateur, son oeuvre
doit, un jour, être accompli.
(22) Phil.
2 : 9.
Dieu créa par amour. Il n'était
pas contraint de le faire, pas forcé d'aimer ou de se faire aimer, Il l'a fait
dans la plénitude de Sa liberté et de Son amour : Il veut une créature libre
qui puisse accéder dans la liberté à la plénitude des bienfaits de Son amour.
Il créa une créature, donc un être qui n'est pas Dieu, qui n'existe pas par
lui-même. Il ne créa pas non plus une « chose », mais une créature intelligente
et libre, digne de son Créateur. La liberté absolue peut se limiter où elle
veut et accorder une liberté relative où elle veut. La liberté absolue de Dieu
n'est donc pas en contradiction avec la liberté relative, accordée librement,
de la créature. Dans la sphère de la création, Dieu peut se dépouiller, se
limiter en puissance, en volonté, en connaissance. Dieu n'est pas obligé de
créer un monde fatal. Nier la liberté de la créature, c'est, dans un certain
sens, nier celle du Créateur ; disons-le : c'est nier Dieu. Inversement, la
liberté humaine, par exemple, est une des preuves de l'existence de Dieu. Elle
est une preuve de la toute-puissance de Dieu, de son amour, de toutes ses
perfections.
La création ne procède pas « de
rien », mais de Lui (7). Non pas cependant comme émanation. La création n'est
pas Dieu, mais vient de Dieu, qui subsiste sans changement. Dire que Dieu veut
une créature, c'est dire qu'Il le veut pleinement : Le but de Dieu est d'amener
la créature, qui n'a pas d'existence en elle-même, a Lui. Dieu veut ainsi être
tout en tous (8).
(7) 1 Cor. 8 : 6 dit que toutes choses viennent de Lui. Le
texte inspiré utilise la préposition « ek » (hors de) et l'on peut donc dire
que toutes choses viennent hors de Lui.
(8) 1 Cor. 15 : 28.
Nous voyons là une progression,
le chemin du salut pour la créature. Ce chemin, elle devra le parcourir.
Dieu ne la traite pas comme un objet ou un automate, mais comme créature libre.
C'est elle qui, par ce que Dieu
la rend capable de faire, devra réaliser son but : acquérir la Vie, l'Être ;
s'identifier avec Dieu. Elle n'est pas obligée de progresser dans le
chemin du salut et d'atteindre le but. Le but ne peut être atteint que
librement... Toute contrainte diminue la liberté, empêche la réalisation, tend
à annihiler la créature et à en faire un objet. La créature doit réaliser sa liberté.
Elle a pour, cela, par pure grâce, les moyens, les droits. Mais c'est aussi son
« devoir ». Elle doit devenir de fait ce qu'elle est déjà de droit dans le
désir de Dieu. Elle doit apprendre à vouloir ce que Dieu veut. Elle doit non
pas sacrifier sa liberté, mais l'atteindre pleinement eu acceptant une
communion de plus en plus intime avec Lui. À l'amour de Dieu qui a créé et qui
veut que sa créature soit, doit répondre l'amour de cette créature (3).
Sachant que la créature est
créée libre, la question se pose : comment a-t-elle usé de sa liberté ? Nous
devrons répondre à cette question en nous appuyant sur deux choses : 1) Ce que
nous connaissons de la création (y compris nous-mêmes) ; 2) Ce que Dieu en dit
dans sa Parole.
Or, si nos facultés naturelles
nous permettent de voir dans la création la puissance éternelle de Dieu et sa
divinité (4) nous voyons non moins clairement que, la création est
entachée de mal. L'oeuvre divine est reconnaissable, mais abîmée. La matière se
désagrège, les plantes ont leurs maladies et peuvent nuire, les animaux
s'entre-dévorent. Quant à l'homme, nous reconnaissons la vérité de ce que dit
la Parole :
(3) Le lecteur peut appeler ceci une philosophie, mais tout
croyant n'a-t-il pas nécessairement sa philosophie ? Un examen de la Parole de
Dieu doit conduire à se former une suite d'idées qui forment un ensemble, une
synthèse, une philosophie. Ce qui est important, c'est qu'elle puisse supporter
un contrôle rigoureux de la Parole. Col. 2 : 8 nous met en garde non contre le
fait d'avoir des idées bien coordonnées formant un bel ensemble, mais contre
une philosophie s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les
rudiments de ce monde et non sur Christ.
Nous reviendrons sur la liberté,
la prédestination et l'élection dans « La Voie du Salut ».
(4) Rom. 1 : 20.
« Dieu les a livré à leur sens
réprouvé pour commettre des choses indignes, étant rempli de toute espèce de
méchanceté, d'injustice, de querelle, de ruse, de malignité ; rapporteurs,
médisants, impies, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à
leurs parents, dépourvus d'intelligence, de loyauté, d'affection naturelle, de
miséricorde » (5). Il est clair que la liberté a été mal utilisée, la
créature ne s'est pas rapprochée, mais s'est écartée de la source de Vie et de
Liberté. Que s'est-il donc passé ?
Voilà tout le problème du mal
posé. Comment un Dieu parfait a-t-il pu créer un monde où le mal règne ?
Certains ont cru devoir répondre que Dieu même a introduit le mal. Mais ceci
est absurde, parce que le mal est par définition ce qui est contraire à la
volonté de Dieu. Tout ce que Dieu fait est par cela même un bien. La solution
est autre. Le mal est une carence, il n'est pas une chose positive, créée,
voulue. Le mal, c'est un manque d'amour, une déviation, un défaut. Le mal,
c'est de ne pas avoir utilisé ce que Dieu avait rendu possible, d'avoir
détourné les dons divins vers d'autres buts, d'avoir pris comme centre et but
non l'Être, mais une créature.
Examinons maintenant ce que la
Parole nous dit à ce sujet : « Dieu créa les cieux et la terre. » N'oublions
pas qu'il ne s'agit pas encore de l'homme, mais de la création primitive. Quand
cela a-t-il eu lieu ? La Parole ne donne aucune limite. La science humaine est
impuissante à nous apporter des précisions. Pour certaines étoiles, on a
proposé une durée de millions de millions d'années, mais cela ne fixe pas le «
commencement ». Écartons ici l'erreur grave consistant à voir dans le chaos de
Genèse 1 : 2, une description de la création primitive. Entre les versets 1 et
2, il y a un « âge ». Nous espérons justifier ceci plus loin.
La Parole nous donne quelques
détails concernant cette création. Job parle des « fils de Dieu » (6) qui
assistaient à la fondation de la terre (7)
. Or, ce nom nous le retrouvons en
d'autres passages (8) qui indiquent clairement que ce sont des êtres
spirituels, dont la sphère habituelle est le « ciel ».
(5) Rom. 1 : 28-31.
(6) Littéralement « fils de Elohim »... Elohim indique Dieu
comme Créateur. Jéhovah est Dieu comme Médiateur. Deut. 14 : 1 parle des « fils
de Jéhovah », ce sont des hommes. Voir aussi la note page 28.
(7) Job. 38 : 7.
(8)
Gen. 6 : 2 ; Job. 1 : 6 ; 2 : 1 ; 38 : 7 ;
Ps. 29 : 1 ; 89 - 7
Ces mêmes êtres sont souvent
appelés des« saints » (9). Comme ils ne procréent pas (10) ils sont
créés au commencement et en nombres considérables. Daniel parle de mille
millions qui se tenaient en présence de Dieu (11). Jean confirme qu'il y a des
« myriades et des milliers de milliers » d'anges (12). L'épître aux Hébreux
mentionne des « myriades qui forment le choeur des anges » (13) tandis que
Luc fait allusion à une « multitude de l'armée céleste » (14). L'Ancien
Testament mentionne souvent cette armée. Il y a ensuite des « dominations », «
autorités », « puissances », « dignités » (15)
les « chérubins » (16) et «
séraphins » (17). Deux de ces esprits sont appelés par leur nom :
Micaël (18) l'Archange et Gabriel (19).
Or, tout ce que les Écritures
disent de ces êtres spirituels, montre que certains sont au service de Dieu et
d'autres en état de rébellion. Là aussi nous avons donc une indication
concernant la manière dont la créature a fait usage de sa liberté. Mais des
détails singuliers pourront servir à préciser nos idées. Ézéchiel 28 parle du «
prince de Tyr », mais la suite du texte dépasse entièrement cet homme et vise
un être spirituel, appelé v... 12 « Roi de Tyr », dont l'homme n'est que
l'image terrestre. Nous y lisons : « Tu mettais le sceau à la perfection (20) tu étais
plein de sagesse, parfait en beauté. Tu étais en Eden le jardin de Dieu (21) ; tu étais
couvert de toute espèce de pierres précieuses, de Sardoine, de topaze, de
diamant, chrysolithe, d'onyx, de jaspe, de saphir, d'escarboucle, d'émeraude et
d'or ; tes tambourins et tes flûtes étaient à ton service, pour le jour où tu
fus créé.
(9)
Job 5 : 1 ;
15 : 15 ; Ps. 89 : 6, 8 ; Dan. 4 : 13 ; 8 : 13 ; Jude 14.
(10)
Mat. 22 : 30.
(11)
Dan. 7 10.
(12)
Apoc. 5 Il.
(13)
Héb. 12 22.
(14)
Luc. 2: 13.
(15)
Eph. 1 : 21.
(16) Gen. 3 : 24 ; Ezéch. 9 et 10. Ils sont aussi appelés «
êtres, vivants » Apoc. 4 : 6.
(17)
Es. 6 : 2,
6...
(18)
Dan. 12 : 1 ;
10 : 21 ; 1 Thes. 4 : 16 ; Jude 9 ; Apoc. 12 :7. À noter qu'il n'y a qu'un seul Archange et que celui-ci est le «
défenseur des enfants d'Israël ».
(19) Dan. 9 : 21-23.
(20) Il était un ci modèle accompli », dans sa sphère, mais
n'était pas absolument parfait.
(21)
Notons que Eden "le Jardin de Dieu »
n'est pas identique à un « jardin en Eden », Gen. 2 : 8 qui n'appartient pas à
la création primitive.
Tu étais un chérubin
protecteur, aux ailes déployées ; je t'avais placé et tu étais sur la sainte
montagne de Dieu ; tu marchais au milieu des pierres étincelantes. Tu as été
intègre dans tes voies, depuis le jour où tu fus créé jusqu'à celui où
l'iniquité a été trouvée chez toi. Par la grandeur de ton commerce tu as été
rempli de violence, et tu as péché ; je te précipite de la montagne de Dieu, et
je te fais disparaître, chérubin protecteur, du milieu des pierres
étincelantes. Ton coeur s'est élevé à cause de ta beauté » (22). Esaïe 14
nous donne également des indications, qu'il est difficile de ne pas appliquer
au même être : « Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore ! Tu
es abattu à terre, toi le vainqueur des nations. Tu disais en ton coeur : Je
monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; je
m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du Septentrion ; je
monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut » (23). Nous voyons
donc là un être placé dans une position élevée, dépassant notre imagination,
créé intègre mais devenu orgueilleux. Non seulement il s'est détourné de Dieu
et s'est pris lui-même comme centre, mais il est allé plus loin : il voulait
être semblable à Dieu. Ayant répudié la vérité, il est devenu mensonge. Jean
dit du diable qu'il n'y a pas de vérité en lui, qu'il est le père du mensonge (24) et qu'il
pèche dès le commencement (25). Qu'il ne fut pas seul dans sa rébellion est le
résultat clair des passages où il est question d'une lutte « contre les
dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres,
contre les esprits méchants » (26). Souvent, il est question de ces esprits qui feront
une dernière tentative dans l'avenir (27) pour ériger le royaume des ténèbres.
(22) Ezéch. 28 : 12-17. Voir Dan. 10 : 13, Eph. 2 : 2, pour
deux autres cas où « prince » indique des êtres spirituels. Voir Ps. 2 : 6, une
référence à la Sainte montagne et ex. 24 : 10, 17, un commentaire des pierres
étincelantes près du trône de Dieu.
(23) Es. 14 :12-14.
(24) Jean 8 :44.
(25) 1 Jean 3 : 8.
(26) Eph. 6 : 12.
(27) Apoc. 12 : 7 ; 13, etc.
Nous comprenons donc que les « images
des choses qui sont dans les cieux devaient être purifiées » (28). Nous
verrons dans la suite les méfaits de ces anges déchus sur terre et leur
opposition au dessein de Dieu.
Nous nous bornons à ce court
aperçu pour conclure que la Parole donne des indications sur la manière dont
les créatures ont usé de leur liberté originelle : les uns ont compris que Dieu
est le seul Être et qu'une entière soumission, un amour vrai est non seulement
logique, mais la condition essentielle pour arriver au but ; d'autres se sont
élevés contre Dieu (29).
En résumé, la créature
primitive n'a pas fait bon usage des dons de Dieu et les conséquences de cette
défaillance devaient être formidables. Il nous est difficile de nous élever de
notre vie mesquine vers des problèmes du genre de celui que nous examinons ;
nous avons trop tendance à réduire tout à la misère de nos vues humaines. La
magnifique créature de Dieu se détourne et s'oppose à Celui qui est Lumière,
Unité, Vérité, Logique, Vie. Le résultat devait être : ténèbres, chaos,
mensonge, confusion, mort. Ici encore, voyons ce que nos deux témoins, la
création et la Bible, disent de la création primitive. En ce qui concerne la
création, nous pouvons n'examiner que la terre. Or là, les fossiles nous
montrent que le combat et la mort ont régné dans les siècles les plus
lointains. Quant à l'autre témoin, le deuxième verset de la Genèse nous montre
le résultat de la chute de la créature : « La terre était informe et vide ; il
y avait des ténèbres à la surface de l'abîme. » Ce qui s'est passé est décrit
par un mot grec très significatif : « Katabolè », littéralement : « Jeté en bas
» (30).
La terre devint (31) alors « Informe » et « vide ». Elle ne l'était pas,
parce que toutes les oeuvres du Seigneur sont parfaites (32). Le monde,
le cosmos, est devenu un chaos.
Nous pouvons nous demander ce
qui serait arrivé dans le cas où la créature aurait stabilisé sa liberté en
s'unissant à son Créateur. L’ « âge » qui s'est terminé maintenant par la
destruction d'au moins une partie de la création, aurait conduit directement à
l'état où Dieu aurait été « tout en tous ».
(28) Héb. 9 : 23.
(29) Il est possible qu'en plus il y en ait eu qui ont voulu
rester dans leur état originel d'imperfection et d'autres qui sans s'opposer à
Dieu, ont voulu progresser, mais sans Lui. Dans les âges suivant celui de la
création primitive, nous verrons des exemples de ces deux attitudes parmi les
hommes : les indifférents et ceux qui veulent être justifiée par leurs oeuvres.
(30) On reconnaîtra la signification de ce mot par celle du
verbe : Kataballô dans les textes suivants : « abattus, mais non perdus
», 2 Cor. 4 : 9 ; « il a été précipité » Apoc. 12 : 10.
Nous croyons en l'inspiration
littérale de la Parole et par conséquent nous attachons beaucoup d'importance
aux mots choisis par l'Esprit. Les versions rendent souvent d'une manière
suffisante le sens général, mais souvent aussi nous serons amenés à examiner
avec plus de précision ce qui est écrit. Katabolè est utilisé 10 fois et
traduit dans la version Segond :« Création » ou « fondation ». Les textes
peuvent être groupés, en deux séries, suivant qu'il s'agit d'avant ou depuis la
Katabolè :
1. Depuis la Katabolè : Mat. 13
: 35 ; 25 : 34 ; Luc 11 : 50 ; Héb. 4 : 3 ; 9 : 26 ; Apoc. 13 : 8.
2. Avant la Katabolè : Jean 17 :
24 ; Eph. 1 : 4 ; 1 Pi. 1 : 20.
Il semble plus logique de garder
partout la signification littérale, d'autant plus que pour (fondation) il y a
un autre mot grec : « Themelios ». Dieu avait tout prévu avant que la créature
ne se fût décidée. Il avait pourvu à ce qu'il fallait pour la faire sortir de
sa chute : Son Fils serait non seulement Médiateur pour créer, mais pour sauver
et réconcilier. La prévision du résultat d'un acte libre n'annule pas la
liberté de cet acte.
(31) Les mots qui figurent généralement dans les versions
bibliques : « La terre était informe et vide » est la constatation de ce qui
était arrivé : la chute de la créature primitive. Le mot traduit par « était »
se trouve encore ailleurs dans le texte hébreu et il est traduit par « devint »
par exemple en Gen. 2 : 7 : « Devint un être vivant », en Gen. 19 : 26 : « Elle
devint une statue de sel » et en Gen. 47 : 20 : « Et le pays devint la
propriété de Pharaon ». Il est vrai que dans le texte moderne, qui comporte de
multiples signes ajoutés aux lettres, les mots traduits par « devint » ne sont
plus identiques à celui de Gen. 1 : 2, mais c'est là l’initiative et
l’interprétation humaines. Le texte original ne comporte pas de signes et nous
sommes en droit de lire « la terre devint informe et vide ».
(32)
Deut. 32 : 4 ; Es. 45 : 18, dit d'ailleurs d'après le texte hébreu : « Qui ne
l'a pas créée déserte », ce dernier mot est le même que celui traduit par «
vide » en Gen. 1 : 2.
Nous aurions donc eu le schéma
suivant :
Dieu |
Création |
Dieu tout en tous |
Alors que, du fait de la chute, c'est le schéma ci-dessous qui exprime l'enchaînement des choses :
Dieu tout en tous Nouvelle Création Restauration Dieu Création La
chute
Nous examinerons dans les
chapitres suivants comment Dieu agira pour restaurer la création.
Remarquons encore que la chute
de la création primitive n'est pas une nécessité, due à son défaut de
perfection, mais qu'elle est amenée par un mauvais usage de ce qui était
perfectible. La créature imparfaite n'est pas nécessairement pécheresse,
puisqu'elle est libre. Elle le devient quand elle utilise mal ses facultés et
tourne sa propre volonté (reçue par grâce) contre celle de Dieu. La venue du
péché amène la destruction et nécessite la restauration. Toute cette période de
restauration appartient donc à la sphère du péché.
On se rend compte des conséquences épouvantables du péché : un conflit a été soulevé entre la Justice et l'Amour de Dieu. Sa justice doit nécessairement condamner, Dieu doit rester Soi-même. Il ne peut pas faire qu'en s'écartant de Lui on se rapproche de Lui. Il ne peut pas laisser la créature devenir « dieu » à sa place. Il faut nécessairement que tout ce qui porte atteinte à l'unité mène au chaos et à la mort. Mais Dieu a créé par amour de la créature. Il veut qu'elle soit. Et elle doit arriver à son but dans la liberté. Après la chute, il n'y a pas seulement à combler un défaut de gloire, il faut d'abord que la créature qui s'est séparée, revienne à Lui et cela d'elle-même, quoique pas par ses propres efforts. Amour et Justice de Dieu doivent subsister intégralement et être satisfaits entièrement. Humainement, il est impossible de trouver une solution à ce conflit. Mais ce qui est impossible pour nous ne l'est pas pour Dieu.
Seule la Parole de Dieu peut
nous enseigner comment le Créateur devient Restaurateur. Le monde est réduit en
chaos par la justice de Dieu, le premier "âge » s'est terminé en désastre.
Dieu va par amour non pas réparer, mais reconstruire, non pas améliorer, mais
préparer un nouvel « âge » (31). Gen. 1 : 3-31 nous donne un aperçu court et
magistral de l'action de Dieu : les 6 jours de la reconstruction.
Dans cet ouvrage, nous
n'entrerons pas dans des détails concernant cette restauration. Inutile de dire
que si l'on se rend compte qu'il ne s'agit pas ici de la création proprement
dite, ces 6 jours peuvent être relativement récents et correspondre par exemple
à ce que la science nomme la dernière période glaciaire (32) . Il semble
bien qu'on doit comprendre les 6 jours littéralement (33).
Pendant ces 6 jours, le texte
hébreu n'utilise le mot création que pour les animaux de la mer et pour
l'homme. Le second jour, Dieu « fit » le « ciel » comprenant l'atmosphère
terrestre et l'espace planétaire et interstellaire.
(31) Nous disons cela en nous basant sur le texte grec
d'Héb. 11 : 3. Les versions ne rendent pas le sens d'une manière suffisamment
fidèle. Au lieu de « le monde a été formé » il faut lire « les éons (âges) ont
été préparés de nouveau ». Le texte dit en effet « katètisthai tous aiônas, ».
La signification littérale du verbe katartizô est : préparer de nouveau ; les
versets où ce verbe est utilisé gagnent en clarté avec cette signification.
Consulter une Concordance.
(32) La chronologie biblique semble montrer que le
commencement de -la restauration ne date que d'environ 6.000 ans. Les Écritures
ne parlent pas de l'âge de la terre. Le soleil et la lune ne turent pas créés
le quatrième jour.
(33) L'hébreu permet d'y voir des périodes, mais Ex. 20 : 11
; 31 : 15, 17 semblent bien indiquer des jours. Les mots « soirs et matins »
confirment cela.
La terre ne fut donc pas seule
à être détruite. Il est remarquable que l'oeuvre du deuxième jour n'est pas
appelée « bonne », comme celle des autres jours. On peut supposer que c'est à
cause des êtres spirituels qui ont provoqué la chute et qui se trouvent encore
dans le « ciel ».
Adam fut créé le sixième jour.
Dieu forma l'homme de la poussière de la terre. L'homme pris dans son ensemble,
corps, âme, esprit, est terrestre, comme Jésus-Christ, le second homme était du
ciel dans son ensemble (4a).
L'homme devint une « âme
vivante ».
Dieu créa l'homme à son image.
Après ce que nous avons dit page 11 de l'Image de Dieu, ceci est clair. L'Image
de Dieu) (34) était devenue créature, le « premier-né de toute la
création ». Maintenant, Il crée l'homme ressemblant à soi, à l'Image de Dieu.
Adam avait donc la forme de Christ avant qu'il soit « devenu chair ». Outre la
forme extérieure, il ressemblait au Fils par ses facultés : conscience,
intelligence, raison, volonté et pas le moins par la justice et la liberté. Il
était relativement juste, mais pas parfait. Il était « bon » pour la sphère où
il devait agir et en possédait toute la gloire. Pas plus que les êtres de la
création primitive il n'avait l'immortalité, dans le sens qu'il ne pouvait pas
mourir. La suite a en effet montré qu'il était parfaitement mortel. Pour
entretenir sa vie, il avait besoin de « l'arbre de vie »(35) , dès que
celui-ci devint inaccessible, Adam commença à mourir lentement (36). Dieu est
immortel (37) et immuable (38) et se distingue ainsi de toute créature qui n'a qu'une
petite réserve de vie en soi (39) et demeure donc toujours dépendant de la Source de Vie
: Dieu ou, d'une manière plus précise, du Médiateur, du Fils qui serait un jour
nommé Jésus.
(4a) 1 Cor. 15 : 47.
(34) Que le Christ est l'image de Dieu découle non seulement
de ce que nous avons exposé plus haut, mais aussi de 2 Cor. 4 : 4 ; Col. 1 : 15
; Héb. 1 : 3.
(35) Gen. 3 : 22.
(36) La sentence « tu mourras » de Gen. 2 : 17 est plus
littéralement : « Tu mourras en mourant » ce qui Indique un processus d'une
certaine durée.
(37) 1 Tim. 6 : 16. Il nous semble que c'est à tort que la
théologie appelle aussi
« immortalité » la possibilité
de pouvoir ne pas mourir.
(38) Voir Mal. 3 : 6 ; Nom. 23 :19 ; Jacq. 1 : 16-17. Plus
personne ne prétend que la matière est immuable.
(39) Nous rappelons qu'il ne faut pas confondre vie et
existence. L'homme mort existe encore (dans le hadès).
Le septième jour, Dieu cessa de
« faire » et de créer, ce qui ne veut pas dire qu'Il « se reposa », comme
disent les versions, mais non le texte inspiré (11).
Recherchons maintenant pourquoi
Dieu avait créé le premier homme (12). Mat. 25 : 34 dit : « Prenez possession du royaume qui
vous a été préparé dès la fondation du monde ». Nous avons déjà vu que la «
fondation » est réellement la destruction. Le royaume serait sur terre. Adam
devait dominer sur la mer, le ciel c'est-à-dire l'atmosphère) et la terre (13). Le Psaume 8
va plus loin : « Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui
? et le fils de l'homme, pour que tu prennes garde à lui ? Tu l'as fait de peu
inférieur à Dieu ( ou : « aux anges », hébr. Elohim voir Hébr. 2 : 7), et tu
l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur
les oeuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds, les brebis comme les
boeufs, et les animaux des champs, les oiseaux du ciel et les poissons de la
mer, tout ce qui parcourt les sentiers des mers. »
Adam devait donc dominer sur la
terre, être roi. Nous voyons comment Dieu veut utiliser une créature pour faire
accepter Sa Grâce au reste de la création, pour les amener à la repentance et à
la justification. Mais avant d'arriver à cela, Adam devait lui-même affermir sa
vocation et son élection, il devait réaliser par son obéissance la position à
laquelle Dieu l'appelait. Il devait se réaliser par les facultés que Dieu lui avait données
dans ce but. Le mal, c'est-à-dire ce qui est contraire à la volonté de Dieu,
devait lui être étranger. Pas de bien et
de mal, pas de division. Ici encore,
nous avons de la peine à nous représenter Adam et son état glorieux qui nous
dépasse tellement.
(11). Voir Héb. 4 : 4. Katapauô
veut dire « cesser » et non « reposer ». Le mot hébreu aussi. Dieu ne se repose
pas, mais agit jusqu'à présent » Jean 5 : 17.
(12) Nous ferons remarquer ici
que si Adam était réellement le premier homme vrai, cela n'empêche pas que
d'autres êtres, plus ou moins semblables, aient existé avant lui. Il semble
d'ailleurs assez logique de supposer que les êtres spirituels pouvaient aussi
s'incarner et vivre sur terre. Nous verrons plus loin un phénomène analogue.
(13) Gen. 1 : 26-28.
Il avait nos facultés, mais
développées à l'extrême. Une connaissance supranormale lui permettait entre
autres de donner à chaque animal un nom correspondant à son être intime.
L'Écriture est obligée d'employer un langage particulier pour nous donner au
moins une idée de ce qui se passa. Et si nous ne devons pas prendre toutes les
expressions de la Genèse à la lettre, cela provient de ce que tout, y compris
la nature, était complètement différent de ce que nous en connaissons. Nous
croyons que l'arbre du bien et du mal n'est pas un symbole, mais une réalité,
avec cette restriction, que c'est une réalité bien plus réelle que celle des
arbres que nous voyons. L'erreur commune est de placer ces choses dans le cadre
de nos conceptions présentes. Alors elles deviennent souvent puériles. Il
suffit de les considérer dans le cadre qui leur est propre, pour entrevoir la
grave réalité de ce qui est décrit. Rappelons-nous donc qu'il s'agit ici d'un
autre « âge », au commencement duquel la création fut restaurée. Ne nous
laissons donc pas non plus influencer par un matérialisme naïf, qui ne pense et
n'admet que ce qu'il voit ou ce qui est dans le cadre de ce qu'il connaît.
Le texte montre qu'Adam se
laisse détourner de la volonté de Dieu. Au lieu de se réaliser, il se perd en
s'écartant de Dieu. Voyons dans quelles circonstances cela s'est produit. Nous
serons parfois obligés d'avoir recours au texte original. Ainsi, en premier
lieu, nous observons que le mot traduit par « serpent » est « brillant » (14)
et qu' « animal » est un « être vivant » (15). Remarquons ensuite que le verset
24 parle de Chérubins. Or, les versets 1-24 forment un groupe qui a, comme
toute partie de la Parole, et toute créature, une structure. Nous la donnons
ci-dessous :
(14) Le serpent fut appelé «
brillant », sans doute à cause des reflets de ses écailles. Le mot hébreu
n'indique cependant pas nécessairement un serpent. Le verbe correspondant est
souvent pris dans un sens mauvais : deviner, enchanter, c'est-à-dire exercer
une puissance occulte. Le " brillant " attire encore beaucoup
d'hommes à lui par ces phénomènes.
(15) De même en Ezéch. 1 : 5-14
: 10 : 20 il faut lire « êtres vivants » au lieu d’ « animaux ». Voir
Apoc. 4 : 6-9. Les « champs » sont la région hors du jardin en
Eden.
STRUCTURE DE GENÈSE 3 : 1-24.
A1 v. 1-5. Le « brillant ».
B1 v. 6. L'arbre de la
connaissance.
C1 v. 7. L'effet sur l'homme et
la femme.
Action humaine : ceintures.
D1 v. 8-12. Question posée par
Dieu à l'homme.
El v. 13. Question posée par
Dieu à la femme.
F1 v. 14. Jugement du «
brillant ».
F2 v. 15. Promesse de la
postérité.
E2 v. 16. Jugement divin de la
femme.
D2 v. 17-19. Jugement divin de
l'homme.
C2 v. 20. L'effet sur l'homme
et la femme.
v. 21. Action divine : habits.
B2 v. 22-24. L'arbre de vie.
A2 v. 24. Les Chérubins.
On remarque la correspondance
entre les parties A1 et A2, B1 et B2, etc. Les Chérubins du v. 24 équilibrent l'être
« brillant » du verset 1. Les Chérubins étant des esprits, l'être brillant doit
l'être aussi. D'autres textes nous apprennent d'ailleurs qu'il s'agit ici non
d'un vrai serpent, mais de Satan, appelé « serpent » (16). Comme nous
l'avons déjà vu page 18, Satan était un de ces Chérubins. La correspondance
entre v. 1 et 24 est donc parfaite. Si nous nous souvenons que l'Apôtre Paul,
après avoir parlé de la séduction d'Ève par le « serpent », nous dit que Satan
se déguise en ange de lumière (17), il semble que nous ne pouvons plus nous tromper dans
l'interprétation du texte (18). Satan, le Chérubin déchu qui s'oppose à Dieu, veut empêcher la
réalisation du royaume.
(16) 2
Cor. 11 : 3 ; Apoc. 20. Ainsi Néron est appelé « lion » (2 Tim. 4 : 17) et
Hérode « renard » (Luc. 13 : 32). On voit qu'il y a un jeu de mots : l'hébreu «
brillant » est pris dans sa signification plus spéciale de « serpent » et
appliqué au ci-devant ange « brillant ». Mais ceci ne dit pas du tout que c'est
un animal qui a séduit Eve.
(17) 2Cor. 11 :14.
(18) Les versets, 14 et 15 sont
des figures de style comme par exemple dans Ps. 44 : 26. « Tu marcheras sur ton
ventre » exprime une humiliation extrême. « Tu mangeras de la poussière »
exprime une désillusion, un abaissement continuels. Voir Prov. 20 :17 ; Ps. 72
: 9 pour des expressions analogues. Le verset 15 « Je mettrai inimitié entre
toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité, celle-ci t'écrasera la
tête, et tu lui blesseras le talon » montre aussi clairement qu'il s'agit de
Satan et non d'un serpent.
Il se présente comme un ange
brillant devant Ève, qui est tellement impressionnée qu'elle se laisse séduire
jusqu'à ne pas vouloir ce que Dieu veut : c'est la séparation d'avec Dieu, la
chute. Adam s'associe à l'attitude de sa femme et en porte la responsabilité.
Une fois de plus la créature a
mal utilisé la grâce de Dieu. Ni Adam ni Ève ne se sont élevés contre Dieu
comme Satan, mais ils se sont cependant détournés de Lui. Ils se sont séparés
de la source de vie, de gloire et la suite en est inévitablement pour eux :
manque de vie. Ils meurent spirituellement et ils deviennent « mourants »
corporellement jusqu'à ce que leur réserve de vie soit épuisée (19). Ils sont
privés de la gloire de Dieu (20). Mais tout n'est pas perdu : Dieu mentionne «
la postérité de la femme », l'humanité ne sera donc pas détruite. Mieux que
cela, ils reçoivent une promesse : la postérité écrasera la tête de Satan.
Pourtant la chute est terrible
: une existence de combat avec les puissances du mal au lieu de la royauté sur
terre et de la gloire de Dieu. Et la terre prend part à la chute, le sol est
maudit (21). Au lieu de dominer pacifiquement les animaux et les éléments
terrestres, l'homme sera en guerre avec eux. Les enfants d'Adam seront « à sa ressemblance
» (22). Un être impur n'engendre pas un être pur (23). Tous sont nés dans le
même état : séparés de Dieu, dépourvus de gloire, soumis à la corruption,
mourant, esclaves du péché. Ils ne meurent pas parce qu'ils pèchent
personnellement, mais parce qu'ils sont fils d'Adam. Ils ne sont pas punis pour
ce qu'Adam a fait, mais ils subissent les conséquences de l'état dans lequel
ils sont nés, de leur communion avec Adam (24).
(19)
Notre corps est composé en grande partie de colloïdes et la floculation de
ceux-ci semble être la cause de la maladie et de la mort. Chez Adam cette
tendance « naturelle » à floculer a pu être évitée par les fruits de l'arbre de
vie. Nous avons hérité d'Adam les cellules avec leurs colloïdes et si une bonne
hygiène peut retarder la floculation, nous ne pouvons pas l'éviter. Dans le
corps changé de ceux qui ressusciteront, l'action vivifiante de l'Esprit
évitera toute altération.
(20) Rom. 3 : 23. A noter que le
mot grec traduit par « privés » ne signifie pas absence complète. Voir Héb. 12
: 15.
(21) Voir aussi Rom. 8 : 22.
(22) Gen. 5 : 3.
(23) Job 14 : 4.
(24) Voir « La Voie du Salut »
Du fait de la naissance de la
progéniture de la femme, la possibilité de la réalisation du but de Dieu
apparaît. Satan engage aussitôt la lutte : les « fils de Dieu », les anges
déchus, viennent sur la terre et la souillent par leur progéniture monstrueuse
(25).
Les esprits malins arrivent à
corrompre toute la terre (26). Noé seul, un homme juste et intègre,
c'est-à-dire non souillé par la race satanique, fait exception. Pour arriver à
établir son royaume sur terre et accomplir ainsi son dessein, Dieu nettoya
d'abord la terre : c'est le déluge qui termine le deuxième âge. Tout semble
perdu une fois de plus, mais Dieu prépare un nouvel âge, celui dans lequel nous
vivons.
Le schéma de la page 21
deviendra maintenant :
(25), L'expression « Fils de
Dieu » (fils d'Elohim c'est-à-dire Dieu sous son, aspect de Créateur) n'est
jamais employée dans l'A. T. pour -désigner les hommes, mais toujours pour
désigner des anges (voir Job. 1 : 6 ; 2 : 1 ; 38 : 7; Ps. 29 : 1 ; 89 : 7 ;
Dan. 3 : 25, 28) et rien ne nous permet d'y attacher une autre signification.
Par contre, Fils de Jéhovah ( c’est-à-dire Dieu sous l'aspect où il conclut des
alliances) est utilisé en Deut. 14 : 1 pour désigner les Juifs (voir aussi Es.
43 : 3-6). Dans le N. T. Adam est appelé « fils de Dieu » parce qu'il est créé
directement par Dieu. D'autres aussi, nés de l'Esprit, sont appelés « fils de
Dieu ». Ce que Gen. 6 dit de ces anges, Jude 6, 7, le confirme. (Remarquer que
« demeure » est le même mot grec que « domicile » en 2 Cor. 5 : 2 ; ils ont
quitté la sphère céleste. Au lieu de « vices contre nature », le texte grec dit
littéralement : « viennent vers chair différente ». Ils avaient pris la forme
charnelle et sont venus vers les filles des hommes, qui avaient une chair de
nature différente). Nous savons du reste que les anges sont aussi appelés «
esprits » (Ps. 104 : 4, Darby ; Héb. 1 : 7, 14) et il semble bien, que 1 Pi. 3
: 19, 20 et 2 Pi. 2 : 4, 5 nous donnent d'autres indications au sujet de ces «
fils de Dieu » et de leur progéniture, qui vivaient encore aux jours de Noé.
Ces esprits ont été mis en « prison » dans les abîmes de ténèbres jusqu'au jour
du jugement, et le Seigneur, après sa résurrection, est allé leur proclamer sa
victoire. Noter que le mot « esprit » ne désigne jamais un homme, excepté après
la résurrection quand son corps est gouverné entièrement par l'Esprit. Les
morts ne sont d'ailleurs pas en prison, mais dans le Hadès. En 1 Pi. 3 : 19 le
mot « prêcher » n'est pas la traduction de « euangelizô » c’est-à-dire annoncer
une bonne nouvelle, mais de « kèrussô » c’est-à-dire proclamer comme un héraut.
Ce mot indique la manière, non pas le contenu. De ces « fils de Dieu » est
issue, la race des « Nephîlîm » (géants, Gen. 6 : 4).
Voir aussi page 35 et App. 3.
(26) Gen. 6 : 5-12.
La chute d'Adam a empêché l'établissement du royaume sur terre. L'humanité s'est séparée de Dieu ; elle devra être ramenée à Lui et le Royaume établi avant que la création puisse être renouvelée. Ceci nous montre les cinq âges (éons) par lesquels passe l'humanité. Voilà l'homme non seulement pécheur, mais séparé de Dieu et soumis au péché et aux esprits du mal. La tâche de Dieu est plus difficile que jamais. Comment accomplira-t-Il ses desseins ?
Après le déluge toute la nature
est changée. Le déluge même a parfois été expliqué par un changement dans la
position de l'axe de la terre. Avant le déluge il n'y avait pas de pluie, une
vapeur arrosait le sol (1). L'arc-en-ciel ne pouvait donc se montrer qu'après le
déluge ; il rappelait l'alliance avec Noé, ses fils et tous les êtres vivants (2). Tant que la
terre subsisterait dans son état nouveau, c'est-à-dire pendant tout l'âge
présent, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l'été et l'hiver,
le jour et la nuit ne cesseraient pas (3). Les circonstances entièrement nouvelles eurent
évidemment une influence énorme sur l'homme même. La durée de la vie qui, avant
le déluge, était habituellement de 800 à 900 ans, diminua rapidement pour
atteindre après une période de stabilisation, les chiffres de l'époque actuelle
où un âge de 80 ans est considéré comme très avancé (4). Nous verrons
encore dans la suite que chaque âge ou éon se distingue ainsi complètement des
autres. Il y a cependant une correspondance entre le premier et le cinquième,
entre le deuxième et le quatrième. Nous savons ainsi que pendant le quatrième
âge, commençant par le Règne de 1.000 ans sur terre, la vie pourra de nouveau
être longue, de manière qu'un homme de 100 ans sera considéré comme encore
jeune (5).
(1) Genèse 2 : 5, 6. Le texte
permet aussi de lire que des, sources humectaient le sol.
(2), Gen. 9 : 13, 16.
(3) Gen. 8 : 22.
(4) Ps. 90 : 10.
(5) Es. 65: 20.
Dieu utilise Noé, le seul homme
non souillé, et lui livre la terre et la mer (6). Puis la bénédiction passe à
Sem (7). Les 70 peuples provenant de Noé sont dispersés sur la terre pour la
dominer. Satan réagit et Nimrod fonde Babel pour empêcher leur dispersion (8). Mais cette
tentative de rébellion (9) contre la volonté de Dieu est rendue vaine et les
peuples sont dispersés (10).
Dieu ne veut pas réaliser son
dessein par la masse des hommes, qui, ayant connu Dieu dans ses ouvrages, ne
l'ont point glorifié comme Dieu. Ils sont livrés à l'impureté et au mal (11).
Il choisit des individus qui
auront une mission spéciale à accomplir vis-à-vis des autres. Nous voyons ici le
principe de l'élection, qui n'a pas seulement pour but l'élu, mais aussi la
bénédiction des non élus au moyen de l'élu. L'élu devra former un peuple et
celui-ci agira sur les autres pour les ramener à Dieu.
Dieu conclut une série
d'alliances avec Abraham, qui doit quitter Ur (12), se séparer du monde. « Je
ferai de toi une grande nation ». Or une nation occupe un pays, a une cité et
un roi. Elle a un système de lois et une religion. La promesse embrasse tout
cela. « Je te bénirai ». « Je rendrai ton nom grand ». Ce n'est encore que
partiellement le cas. « Tu seras une source de bénédictions ». Ceci aussi doit
encore se réaliser. Abraham est vu ici dans une position plus élevée que celle
occupée par les hommes pour lesquels il est une source de bénédictions.
(6) Gen. 9 : 1-17. Il est bon de
remarquer qu'ils ne devaient pas assujettir la terre comme Adam aurait dû le
faire (Gen. 1 : 28). Ceci n'était plus pour eux ni pour l'humanité de cet âge.
Tout conquérant du monde agit donc contre la volonté de Dieu. Un seul pourra
arriver à cela : le Christ.
(7) Gen. 9 : 24.
(8) Gen. 11 : 4.
(9) Nimrod veut dire « rebellons
».
(10) Gen. 11 : 7-8 Remarquons
que des savants se sont étonnés de retrouver partout sur terre les mêmes légendes
et les mêmes traditions L'explication de cette particularité est pourtant bien
simple l'origine des mythologies et des fables n'est pas moins claire. Tous ces
« dieux » ne sont autres que les, « fils de Dieu » ou leur progéniture. Toutes
les « religions » sont une déviation de ce que Dieu a institué et les esprits
du mal ne sont sans doute pas étrangers à leur fondation. Le même principe est
partout : l'homme se sauvera lui-même.
(11) Rom. 1 : 18-32.
(12) A noter comment des
fouilles récentes ont confirmé dans les moindres détails le récit biblique
concernant Ur et la civilisation de ce temps.
« Toutes les familles de la
terre seront bénies en toi ». Elles seront bénies en Abraham même. « Or, je
vous déclare que plusieurs viendront de l'Orient et de l'Occident, et seront à
table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux » (13). Il n'est
pas dit « en toi et en ta postérité » comme en Gen. 28 : 14 en relation avec
Jacob. Abraham doit donc être présent et ce fait reporte entièrement dans
l'avenir la réalisation de ces promesses, car toutes les familles de la terre
n'ont pas encore été bénies en Abraham personnellement. Jusqu'à maintenant la
bénédiction en Abraham n'a été qu'exceptionnelle. Cependant un jour, Abraham
sera l'héritier du monde (14). Nous voyons là une prophétie au sujet de la manière
dont Dieu réalisera son dessein.
Disons ici un mot de ce qu'on
nomme les promesses inconditionnelles. Celles dont il s'agit sont de ce genre.
C'est Dieu qui fera tout, et aucune condition à remplir par l'homme n'est
exprimée. On est donc certain que ces promesses seront réalisées et mieux que
cela, puisqu'elles procèdent d'une action divine, elles le seront pleinement.
Cette considération permet de mieux se rendre compte du fait que ces promesses
n'ont pas encore été réalisées (15).
Quand Abraham eut rempli toutes
les conditions posées par Dieu (16) et qu'il eut non seulement quitté son pays, sa
patrie, mais aussi la « maison de son père » (en quittant Lot), les promesses
se précisent : « Car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta
postérité pour toujours » (17).
(13) Mat. 8 : 11.
(14) Rom. 4 : 13.
(15) Comme nous le verrons plus
loin, le fait qu'aucune condition posée à l'homme n'est mentionnée, ne signifie
pas qu'il n'y en ait absolument pas. Au contraire, il y en a d'indispensables
qui se résument en : repentance et foi en Christ. Voir par exemple Rom. 4 : 9,
13 qui mentionne la foi d'Abraham comme condition d'avoir part à sa justice et
à son héritage. L'expression « promesses inconditionnelles » exprime donc deux
choses : Que les conditions seront réalisées un jour et que, par conséquent les
promesses s'accompliront certainement.
(16) Gen. 12 :1.
(17) Gen. 13 : 15. Voir aussi v.
17. « Pour toujours » est dans l'original « dans l'âge », c'est-à-dire l'âge à
venir, dont parlent tous les prophètes. Voir aussi ..Math. 12 : 32 et Luc. 20 :
34, 35 pour la distinction entre l'âge (éon) présent et celui à venir.
Remarquons trois choses : l° Il
s'agit de la terre et non du ciel ; 2° non seulement la postérité, mais Abraham
même possédera ce pays ; 3° ce sera pendant l'âge prochain.
Objectera-t-on encore
qu'Abraham a déjà possédé ce pays ? Dans ce cas voyons le témoignage du N. T. :
« Il ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser le pied,
mais il promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui,
quoiqu'il n'eût pas d'enfant », Actes 7 : 5. Et encore : C'est par la foi qu'il
vint s'établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant
sous des tentes, ainsi qu'Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse
», Héb. 11 : 9. Ainsi on voit du même coup que non plus Isaac, ni Jacob n'ont
possédé cette terre, mais qu'ils y vivaient comme des étrangers « sous des
tentes ». Il n'y avait pas de cité, pas de roi (18). Nous verrons plus loin
comment la « postérité d'Abraham » qui est comme la poussière de la terre (19) se développe
et devient un peuple : Israël. L'avenir d'Israël est contenu dans ces
promesses.
Objectera-t-on que la postérité
d'Abraham est formée par les croyants actuels et non par Israël ? Nous
répondrons que ces croyants n'ont aucune promesse de posséder un jour la terre
de Canaan. Il faut en effet distinguer la postérité « qui est comme la
poussière de la terre » de celle qui sera nombreuse comme les étoiles du ciel (20).
Il est important de remarquer
que la promesse de la postérité céleste est suivie des mots « Abraham eut
confiance (foi) dans l'Eternel qui le lui imputa à justice ». Nous verrons dans
« Les Messages de l'Apôtre Paul » et « La Voie du Salut », que la foi en Christ
et la justification sont des caractères d'un groupe de croyants pris parmi les
circoncis et les incirconcis (21), et distinct des croyants qui hériteront du pays de
Canaan.
(18) La Terre Promise s'étend
-du « fleuve d'Egypte » jusqu'à l'Euphrate. Le « fleuve » est le Nil, à ne pas
confondre avec le ouâdi el-Arich, le « torrent » d'Egypte de 1 Rois 8 : 65 par
exemple qui se trouve au sud-ouest de Gaza (Josué 15 : 47). Ce pays n'a jamais
encore été en possession d'Israël.
(19) Gen. 13 : 16.
(20) Gen. 15 : 5. On peut
remarquer que le mot « telle » ne concerne pas le nombre mais la qualité.
(21) Rom. 3 : 30 ; 4 : 11-13.
Avec ces derniers, c'est-à-dire
le peuple d'Israël comme tel, Dieu établira une alliance pendant l'âge prochain
(22),
tant qu'ils posséderont le pays de Canaan. Nous verrons que cette alliance est
nommée par Jérémie la « Nouvelle Alliance » (23) en opposition avec l'Ancienne Alliance du Sinaï.
Comme toutes les promesses faites à Abraham, la Nouvelle Alliance est aussi «
inconditionnelle » c'est-à-dire qu'aucune condition n'est mentionnée et que
tout s'accomplira certainement, parce que c'est Dieu qui promet et accomplit.
Abraham sera alors le « père » d'une multitude de nations (24) qui seront
conduites par lui. Il n'héritera donc pas seulement du pays de Canaan, mais
sera au-dessus de beaucoup de peuples, il héritera du monde (25). La
postérité céleste prendra part à cet héritage (26).
On a parfois vu une difficulté
dans l'expression « ta postérité c'est-à-dire Christ » (27). Les
promesses ne concernent-elles donc pas des multitudes d'hommes ? Pourquoi cette
insistance sur le fait qu'il est dit : postérité, et non pas : des postérités ?
Loin d'y voir une difficulté, nous y trouvons la clé des promesses
inconditionnelles. Pour arriver à son but, Dieu ne pouvait se fier aux
créatures. Nous avons vu comment, de chute en chute, elles s'écartent de plus
en plus de Lui. Il fallut que Dieu intervînt, non de « loin » mais de « près »
: par l'envoi de Son Fils. Par Lui, il y avait une certitude de réalisation
parce qu'Il est Dieu, quoiqu’il se soit dépouillé pour accomplir son oeuvre et
qu'Il ait pris la forme humaine. Par la foi, des hommes peuvent venir en
communion avec Lui et ainsi prendre part aux bénédictions (28). L'union du
Christ aux croyants fait qu'il y a une postérité et non des postérités.
La vraie postérité est le Christ, mais d'autres sont unis à Lui et sont ainsi
comptés comme postérité. Nous voyons qu'il ne faut pas comprendre l'adjectif «
inconditionnelles » dans le sens que les hommes n'auront aucune condition à
remplir pour avoir part à ces promesses.
(22) Gen. 17 : 7, 8. «
Perpétuelle » est la traduction de « pendant l'âge » c'est-à-dire l'âge
prochain. La signification est du reste claire par le verset 8 où la «
possession perpétuelle » indique aussi la possession du pays de Canaan pendant
l'âge prochain.
(23) Jer. 31 : 31.
(24) Gen. 17 : 45.
(25) Rom. 4 : 13.
(26) Gal. 3 : 9, 29.
(27) Gal. 3 : 16.
(28) Gal. 3 : 29.
Elles sont inconditionnelles en
ce sens que Dieu Lui-même, par son Fils, les réalise sans compter sur les
hommes. Mais ceux-ci doivent être unis par la foi à la Postérité pour y avoir
part. Jusqu'à la venue du Christ sur terre, nous voyons toute une lignée, qui
dans la foi fait partie de la postérité : Isaac (29), Jacob (30), Juda (31).
On remarque les attaques
répétées de Satan contre cette postérité : quand Abraham s'attardait à Haran (32) au lieu
d'obéir immédiatement au Seigneur, les Cananéens occupaient la terre promise (33), or ceux-ci
étaient de la race maudite des « fils de Dieu » (34), qui devait être détruite par Israël. D'autres
attaques seront : la famine qui pousse Israël vers l'Égypte, le massacre des
enfants mâles d'Israël (35), l'oppression en Egypte, la poursuite devant la mer
Rouge (36). Nous en verrons d'autres exemples plus tard.
Mentionnons en passant, la
Pâque à la sortie d'Égypte. C'était un symbole de la future délivrance d'Israël
et de son retour dans le pays, quand le vrai Agneau serait immolé. De même
qu'en Égypte, les Israélites devaient se couvrir du sang de l'agneau pour être
délivré de la mort, de même ils devront venir en communion avec le Seigneur et
se couvrir par Son sacrifice pour avoir la vie « éternelle » sur terre.
b) La Loi et
l'ancienne Alliance
Jusqu'à cette époque, le péché
avait été dans le monde, mais le péché ne fut pas imputé (ou mis en compte) aux
hommes (37), parce qu'ils ne se rendaient pas compte de leur état de pécheurs.
Personnellement, ils n'étaient pas responsables.
(29) Gen. 21 : 12, 18.
(30) Gen. 28 : 3, 4.
(31) Gen. 49 : 10. Le mot «
s'éloigne » peut être compris dans le sens d' « étendre » : la royauté
s'étendra plus loin que le pays de Juda, quand le Roi sera venu, pas avant.
(32) Gen. 11 : 31.
(33) Gen. 12 : 6.
(34) Voir note page 28 et
Appendice 3.
(35) Ex. 1 : 16.
(36) Ex. 14 : 8.
(37) Rom. 5 : 13.
Or, pour sortir librement de cet
état de péché et d'éloignement de Dieu, il fallait absolument qu'ils se
rendissent compte de l'état dans lequel ils se trouvaient de naissance. Ils
devaient donc voir le péché, et à cette fin il était nécessaire en premier lieu
qu'ils connussent ce qui est conforme à la volonté de Dieu, à sa loi. Le péché
est en effet la transgression de la loi (38). Nous entendons ici par loi : des ordonnances
conformes à la norme posée par Dieu.
Logiquement l'homme qui croit
en Dieu (comme les Juifs), voyant ce que Dieu veut, devrait se rendre compte
qu'il ne peut satisfaire à ses demandes, donc reconnaître son état de péché. Il
devrait alors se tourner vers son Créateur pour être secouru par Lui. En
réalité l'homme est bien peu raisonnable, précisément parce qu'il est en état
de péché. La pratique montre que l'homme prend envers la volonté de Dieu des
attitudes fausses ; tantôt prétentieusement il se croit capable de faire cette
volonté, tantôt il lui semble qu'elle est trop exigeante, tantôt il est
indifférent, tantôt il nie son existence.
Dieu ayant choisi un peuple
pour restaurer l'humanité, ce peuple devait d'abord se rendre compte lui-même
de son péché et de la nécessité de recourir à la grâce du Seigneur. Dieu lui
donna donc une loi, c'est-à-dire une série d'ordonnances qui exprimaient Sa volonté
envers lui. On peut décomposer cette loi en
1. Les commandements pour
Israël (Ex. 20 : 1-26).
2. Les lois de la vie sociale
d'Israël (Ex. 21 : 1 ; 24 : 11).
3. Les cérémonies d'Israël (Ex.
24 : 12 ; 31 : 18).
L'ensemble forme la « Loi »
donnée exclusivement au peuple choisi et qui ne peut être observée que dans son
pays.
On suppose trop souvent que la
Loi est élémentaire et qu'elle consiste surtout dans les choses extérieures. Il
est donc important de rappeler que le plus grand commandement de la Loi est :
« Tu aimeras l'Éternel ton
Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. » Deut. 6 : 5 ;
10 : 12, 13.)
« Tu aimeras ton prochain comme
toi-même. » (Lév. 19 : 18.)
(38), 1 Jean 3 : 4.
N'oublions pas que le Seigneur
Jésus-christ a confirmé que c'est là le grand, le premier commandement et que
le second lui est semblable et que de ces deux commandements dépendent toute la
loi et les prophètes (39). Les lois concernant la vie d'Israël et les cérémonies
n'étaient rien sans ce fondement. Les prophètes ont Insisté sur ce point (40). L'Ancien
Testament demandait non seulement la circoncision de la chair, mais surtout
celle du coeur (Jér. 9 : 26).
Cette Loi était « éternelle »,
c'est-à-dire subsistera encore pendant l'âge prochain (41). Tant que
les Juifs constituent le peuple de Dieu et sont par conséquent dans leur pays,
la Loi reste applicable, qu'ils soient croyants en Christ ou non. Le Seigneur a
dit très clairement : « Car je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la
terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un
seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé ». Or le ciel et la terre
ne « passeront » qu'à la fin de l'âge prochain, quand viendront « un ciel
nouveau et une nouvelle terre » (42). Israël aura alors accompli ses fonctions et cessera
d'exister comme tel. Dans la nouvelle création, il n'y a ni Juif ni gentil.
(39) mat. 22 : 36-40. La Loi
demandait aussi la sanctification (Lev. 11 : 44, 45 ; 19 : 2 ; 1 Pi. 1 : 16) et
la circoncision du coeur, Jer. 9 : 25, 26.
(40) Voir par exemple 1 Chron.
29 : 17-19 ; 2 Chron, 16 : 9 ; Jer. 7 : 22, 23 ; Os. 6 : 6 ; Am. 5 : 21-24 ;
Mich. 6 : 6-8 ; Zach. 8 : 17 ; Es. 58 : 4-10. Ils se sont exprimés si fortement
que certains en ont conclu que les cérémonies n'avaient jamais été instituées
par Dieu. Ainsi Barnabas, qui a écrit à la fin du premier siècle, pensait que
tout cela devait être spiritualisé, que les Juifs avaient mal compris la Loi.
Pas de circoncision, pas de Sabbat, pas d'offrandes. Voir Epître de Barnabas,
par exemple les passages numérotés 6, 9, 10, 11 et 15. La Parole donne souvent
aussi bien le symbole que la réalité. L'un n'exclut pas l'autre. Barnabas ne
veut pas du symbole, même pour Israël, et dans la suite des siècles on a de la
même manière « spiritualisé » trop souvent ce qui devait être pris
littéralement. Ainsi toute l'histoire d'Israël est symbolique, mais elle n'en
est pas moins concrètement vraie, et ce n'est donc pas une raison pour la nier
entièrement ou en partie. Au contraire, toute l'histoire est nécessaire pour
avoir un symbole complet. Or, nous voyons que presque toute la chrétienté nie
la fin de l'histoire d'Israël, qui se réalisera au cours de l'âge prochain.
(41) Ex. 27 : 21 ; 28 : 43 ; 29
: 28 ; 31 : 16, 17 ; Lev. 3 : 17 ; 23 : 14, etc.
(42) Apoc. . 21 : 1 ; 2 Pi. 3 :
10.
Une autre preuve directe du
fait que la loi devra être observée pendant l'âge prochain, est la description
détaillée du temple et des cérémonies donnée par Ézéchiel (43). La
circoncision de la chair et les offrandes animales sont mentionnées (44).
Que le lecteur ne s'émeuve pas
trop de ce que nous affirmons ici. Nous verrons plus loin d'autres
confirmations et de plus nous constaterons que ces cérémonies ne sont pas du
tout en contradiction avec la foi en Christ et la dispensation de la grâce.
Les cérémonies présentaient au
peuple les vérités essentielles sous une forme tangible. Ainsi le tabernacle
montrait le chemin vers Dieu et parlait du Seigneur Jésus-Christ. Les offrandes
représentaient le sacrifice de l'Agneau divin, l'abandon de soi à Dieu, la
réparation, la restitution, l'expiation et la réconciliation (45). Les fêtes
résumaient l'histoire du peuple élu. Tout cela devait l'amener vers Christ et
le salut.
Israël était donc instruit par
la Loi, connaissait la volonté de Dieu (46). Ce peuple aurait dû fermer la bouche et se
reconnaître coupable devant Dieu (47), parce que c'est la Loi qui donne la connaissance du
péché (48) et fait abonder la faute (49). Que fit Israël ? Déjà avant de savoir ce qui lui
était demandé, le peuple tout entier déclare : « Nous ferons tout ce que
l'Éternel a dit » (50). Il le répète après avoir entendu les commandements et
les lois (51).
(43) Ez. 40 à 45.
(44) Es. 44 : 9.
(45) Les mots hébreux Koh-pher
et Kah-phar sont traduits par un grand nombre de mots français : rançon,
expiation, propitiation, poix, village, troëne, prix pour le rachat, etc. La
signification générale est : une chose qui couvre et protège. Les mots grecs
hilasmos, hilaskomai, hilasterion que nous trouvons en Luc 18 : 13 ; Rom. 3 :
25 ; Heb. 2 : 17 ; 9 : 5 ; 1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10 correspondent à cette
signification. Tout cela ne faisait que couvrir le péché (Ps. 32 : 1 ; Rom. 4 :
7), ou le pécheur, mais n'avait aucune efficacité en soi. C'était provisoire,
temporaire, conditionnel, comme d'ailleurs la rémission ou le pardon des péchés
(voir page 65). La justice de Dieu demandait la punition, mais sa patience
pouvait provisoirement remettre cette punition en attendant la vraie Victime
propitiatoire qui enlèverait le péché. Pour ne pas périr et être justifié il
fallait, après avoir été « couvert » et « pardonné », participer en esprit à la
punition en venant en communion intime, par la foi, avec la Victime. Nous
verrons le développement de ceci dans la suite.
(46) Rom. 2 : 18.
(47)
Rom. 3 : 19.
(48)
'Rom. 3 : 20.
(49)
Rom. 5 : 20 ; 7 : 13 ; Gal. 3 : 19.
(50)
Ex. 19 : 8.
(51) Ex. 24 ;1-3, 7, 8.
L'erreur fondamentale était
donc qu'ils pensaient pouvoir observer la loi par leurs propres efforts et
ainsi être justifiés. Moïse avait bien dit que « l'homme qui mettra ces choses
en pratique vivra par elles » (52) mais la question était : Comment pourraient-ils les
mettre en pratique ? Ils auraient dû reconnaître leur impuissance, leur péché.
N'ayant pas eu recours à la grâce, ils sont devenus esclaves de la loi (53), se sont mis
sous la loi (54), sous la malédiction (55) parce qu'ils ne pouvaient pas
observer la loi et parce qu'ils avaient dit eux-mêmes Amen sur les mots : «
Maudit soit celui qui n'accomplit point les paroles de cette loi » (56). La
malédiction et les tribulations les amèneront un jour à venir à la grâce, par
la repentance.
Nous devons donc bien
distinguer entre l'Ancienne Alliance et la Loi. La première concerne le fait
que Dieu veut délivrer Israël et lui révéler Sa volonté. Cette alliance demande
que cette volonté soit faite intégralement, sans parler de la grâce qui seule
permet d'arriver à ce résultat. Israël prend l'engagement de faire cette
volonté de Dieu par ses propres efforts, sans avoir recours à Sa grâce. La
seconde, la Loi est la volonté de Dieu pour Israël et existe indépendamment de
l'Ancienne Alliance. Quand celle-ci sera remplacée par la Nouvelle Alliance, la
Loi subsistera toujours. La Nouvelle Alliance en effet est une alliance de
grâce qui ne leur demandera pas seulement d'accomplir la Loi, mais leur donnera
le moyen de le faire. Ceux qui y auront part, prendront un plaisir à la loi (57), la loi sera
écrite dans leur coeur (58). Ils ne seront plus « sous » la Loi, mais « en » la
Loi (59). Nous verrons plus loin l'importance que tout ceci présente pour nous
permettre de comprendre la période des Actes des Apôtres et la dispensation
actuelle.
(52), Rom. 10 : 5.
(53) Gal. 4 : 3.
(54) Rom. 6 : 14. Il est
Important de voir la différence entre être « en » ou « dans » la loi (En Rom. 2
: 12, ; 3 : 19, le texte grec ne dit pas « sous » la loi, mais « en » la Loi)
et « sous » la loi. Dans le premier cas il s'agit de l'état de ceux qui ont eut
connaissance de la volonté de Dieu, et se trouvent dans la sphère de la loi,
dans l'autre cas, ils sont devenus esclaves de la loi en voulant l'accomplir
par leurs propres efforts.
(55), Gal. 3 : 10, 13.
(66) Deut. 27 : 26 ; Gal. 3 -
10.
(57), Rom. 7 : 22.
(58), Héb. 8 : 10 ; 10 : 16 ;
Jér. 31 : 31-34.
(59) Rom. 2 : 12 ; 3 : 19 (texte
grec).
Les cinq premiers livres de la
Bible sont appelés. « La Loi » (60). Ils contiennent de nombreuses prophéties concernant
l'avenir d'Israël, la dispersion, le retour et l'accomplissement des promesses
abrahamiques. Nous ne citons que quelques passages :
« L'Éternel te dispersera parmi
tous les peuples, d'une extrémité de la terre à l'autre ; et là, tu serviras
d'autres dieux qui n'ont connu ni toi, ni tes pères, du bois et de la pierre.
Parmi ces nations, tu ne seras pas tranquille, et tu n'auras pas un lieu de
repos pour la plante de tes pieds. L'Éternel rendra ton coeur agité, tes yeux
languissants, ton âme souffrante. Ta vie sera comme en suspens devant toi, tu
trembleras la nuit et le jour, tu douteras de ton existence. » (Deut. 28 :
64-66.)
« Lorsque toutes ces choses
t'arriveront, la bénédiction et la malédiction que je mets devant toi, si tu
les prends à coeur au milieu de toutes les nations chez lesquelles l'Éternel
ton Dieu, t'aura chassé, si tu reviens à l'Éternel ton Dieu, et si tu obéis à
sa voix de tout ton coeur et de toute ton âme, toi et tes enfants, selon tout
ce que je prescris aujourd'hui, alors l'Éternel ton Dieu, ramènera tes captifs
et aura compassion de toi, il te rassemblera encore du milieu de tous les
peuples chez lesquels l'Éternel ton Dieu, t'aura dispersé. Quand tu serais
exilé à l'autre extrémité du ciel, l'Éternel ton Dieu, te rassemblera de là, et
c'est là qu'il t'ira chercher. L'Éternel ton Dieu, te ramènera dans le pays que
possédaient tes pères, et tu le posséderas ; il te fera du bien, et te rendra
plus nombreux que tes pères. » (Deut. 30 : 1-5.)
« Vous périrez parmi les
nations, et le pays de vos ennemis vous dévorera. Ceux d'entre vous qui
survivront seront frappés de langueur pour leurs iniquités, dans le pays de
leurs ennemis ; ils seront aussi frappés de langueur pour les iniquités de
leurs pères. Ils confesseront leurs iniquités et les iniquités de leurs pères,
les transgressions qu'ils ont commis envers moi, et la résistance qu'ils m'ont
opposée, péchés à cause desquels moi aussi je leur résisterai et les mènerai
dans le pays de leurs ennemis. Et alors leur coeur incirconcis s'humiliera, et
ils paieront la dette de leurs iniquités.
(60), L'Ancien Testament était,
chez les Juifs, divisé en trois, parties : la Loi, les Prophètes et les
Psaumes, nommés, en Luc. 24 : 44. Nous donnons ci-dessous un aperçu des livres
contenus dans chaque partie.
1°
La Loi : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome.,
2° Les Prophètes : Josué, Juges, Samuel, Rois, Esaïe Jérémie, Ézéchiel et les
douze petits Prophètes.
3° Les Psaumes : Psaumes, Proverbes, Job, Cantique, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther, Daniel, Esdras Néhémie, Chroniques.
Je me souviendrai de mon
alliance avec Jacob, je me souviendrai de mon alliance avec Abraham, et je me
souviendrai du pays. Le pays sera abandonné par eux, et il jouira de ses
sabbats pendant qu'il restera dévasté, loin d'eux ; et ils paieront la dette de
leurs iniquités, parce qu'ils ont méprisé mes ordonnances et que leur âme a eu
mes lois en horreur. Mais lorsqu'ils seront dans le pays de leurs ennemis, je
ne les rejetterai pourtant pas, et je ne les aurai point en horreur, jusqu'à
les exterminer, jusqu'à rompre mon alliance avec eux ; car je suis l'Éternel,
leur Dieu. Je me souviendrai en leur faveur de l'ancienne alliance, par
laquelle je les ai fait sortir du pays d'Égypte, aux yeux des nations, pour
être leur Dieu. Je suis l'Éternel. » (Lévitique 26 38-45.)
Pour contribuer à la
restauration, ils devaient obéir à la voix de l'Éternel, observer les
commandements, « revenir » ou se convertir à l'Éternel (61). Israël était
libre de choisir entre Dieu et Satan, mais les conséquences de ce choix lui
étaient montrées (62). Il lui était enjoint de choisir la vie afin de
pouvoir demeurer dans le pays de Canaan et de commencer sa mission.
L'entrée dans ce pays est
retardée de presque quarante ans par son manque de foi et, quand il y entre, il
y trouve la postérité de Satan, qu'il doit détruire. Il ne le fait pas
entièrement et éprouve les dures conséquences de cette désobéissance (63).
Constamment la restauration et
le Royaume sont tenus devant les yeux des Israélites. Quand ils demandent à
Samuel de leur donner un roi comme aux autres peuples, l'Éternel dit « c'est
moi qu'ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux » (64).
David est un type du Roi à
venir. On connaît sa lutte contre la postérité de Satan (65). Il
s'établit à Jérusalem et cela marque un pas de plus dans la réalisation du
Royaume sur terre.
(61) Deut. 30 : 10.
(62) Deut. 30 : 15-20.
(63) Certains trouvent
impossible d'admettre que Dieu ait pu ordonner l'extermination de peuples
entiers. C’est sans doute parce qu'ils ne se sont pas rendus compte de ce
qu'était cette population. C'est une bonne action que d'extirper le mal. Voir
appendice 3.
(64) 1 Sam. 8 : 7.
(65); Citons ici l'esprit malin (l
Sam. 16 : 14 ; 18 : 10 ; 19 : 9, 10), Goliath (1 Sam. 17 : 4) le géant Isbi
Benob (2 Sam. 21 : 16), Saf et l'homme aux 6 doigts à chaque main et à chaque
pied (2 Sam. 21 : 20).
Nous avons ainsi en effet la
postérité, le peuple, le pays, le roi, la cité. Mais le vrai Roi n'est pas
encore là. Cependant les promesses faites à David sont formelles : « J'élèverai
ta postérité après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j'affermirai
son règne » (2 Sam. 7 : 12).
Avec Salomon le royaume semble
bien proche. Mais les idoles sont encore là et de nouveau Israël est averti
qu'il sera exterminé du pays et rejeté s'il se détourne de Dieu pour servir
Satan (66). Salomon même se laisse entraîner par les femmes cananéennes,
corrompues par la race maudite des « fils de Dieu ».
Puis suit l'histoire lamentable
des nombreux rois, la division en dix et deux tribus et l'idolâtrie.
Constamment on voit aussi les efforts de Satan pour empêcher la venue de la
postérité, qui écrasera sa tête (67). Encore pendant ce temps l'appel à la repentance se
fait entendre (68). Finalement vient le Jugement mémorable que nous
retrouvons encore cité plus tard : « Va, et dis à ce peuple : vous entendrez et
vous ne comprendrez pas ; vous verrez, et vous ne saisirez point. Rends
insensible le coeur de ce peuple, endurcis ses oreilles, et bouche lui les
yeux, pour qu'il ne voie point de ses yeux, n'entende point de ses oreilles, ne
comprenne point de son coeur, ne se convertisse point et ne soit point guéri »
Esaïe 6 : 9, 10).
Les dix tribus sont emmenées en
Assyrie, puis les deux tribus vers Babylone. Jérusalem et le temple sont
détruits. Le Royaume semble bien loin : « Je mettrai la royauté en ruine, en
ruine, en ruine ». Mais cela n'est pas définitif : « Elle sera abolie jusqu'à
ce que vienne celui à qui appartient le jugement et auquel je le remettrai »
(Version synodale, Ez. 21 : 32). Ici de nouveau on a une promesse
inconditionnelle : la vraie Progéniture amènera le Royaume et le jugement, la
restauration de la terre. Israël est maintenant « Lo Ammi », c'est-à-dire « pas
mon peuple » (69)
(66) 1 Rois 9 : 6, 7.
(67) Voir par exemple le mariage
de Joram et d'Athalie et le massacre de tous ses frères (2 Chr. 21 : 4), le
meurtre des fils, de Joram, excepté le plus jeune (Chr. 22 1), la destruction
de toute la race royale par Athalie (2 Ch. 22 : 10) excepté Joas qui resta
caché six ans dans la maison de Dieu. On voit que si la postérité de la femme
n'est pas anéantie, c'est par une suite d'interventions divines.
(68) 2 Rois 17 : 13.
(69) Osée 1 : 9.
et « le temps des nations » (70) a commencé.
Avec Esdras et Néhémie l'espoir revient : la cité et le temple sont rebâtis,
mais on voit immédiatement une réaction de la part de Satan (71). Zorobabel
et Jeshua ne seront pas roi, le peuple devra attendre Celui dont le nom est «
Germe » : « Il bâtira le temple de l'Éternel ; il portera les insignes de la
majesté ; il s'assiéra et dominera sur son trône, il sera sacrificateur sur son
trône, et une parfaite union régnera entre l'un et l'autre » (Zach. 6 : 13).
Ce Germe est mentionné
plusieurs fois et, présenté sous quatre aspects correspondant d'ailleurs à ceux
des Évangiles :
c) Le témoignage des Prophètes
Avant d'examiner plus loin
comment Dieu exécute son plan, nous croyons utile de montrer comment les
prophètes insistent sur le rétablissement du peuple choisi. Il était « Lo-Ammi
», mais ne le resterait pas. Se rendre compte qu'Israël sera un jour rétabli
dans son pays et aura une mission mondiale à remplir, est fondamental. Sans
cela, il est impossible de comprendre la Parole de Dieu. On risque
d'interpréter bien des choses qui nous concernent directement, dans un sens
antiscripturaire et l'on s'expose à ne pas reconnaître la volonté de Dieu.
(70)
Luc 21 : 24.
(71)
Esdras 4 ; 9 : 1 ; Néhémie 4 : 7 ; 13 : 24.
Nous croyons que ce n'est pas
seulement l'erreur fondamentale de l'Église Romaine, mais de beaucoup d'autres
sectes et groupes.
ESAÏE
2 : 2. Les nations afflueront
vers Jérusalem.
9 : 5-6. Le Fils sur le trône
de David.
11 : 1-10. Conditions changées
pendant le règne messianique.
11 : 11-16. Retour d'Israël. «
Une seconde fois. » Voir aussi Es. 49.
14 : 1-3. Rétablissement
d'Israël.
29 : 18-19. Bénédictions
messianiques.
32 : 15-18. L'espoir répandu
d'en haut est le signe que le Royaume est proche.
35 : 3-6. Les guérisons
miraculeuses sont un des signes de l'arrivée du Royaume.
44 : 3. « Je répandrai mon
esprit sur ta race. »
44 : 6. « L'Éternel, Roi
d'Israël, et son rédempteur. »
45 : 25. Par l'Éternel seront
justifiés et glorifiés tous les, descendants d'Israël.
46 : 13. « Je mettrai le salut
en Sion et ma gloire sur Israël. »
51 : 4. La Loi, la lumière, les
peuples.
53 : 1-12. Le Sauveur.
54 : 6-8. Israël, comme une
femme délaissée quelques instants, mais accueillie avec grande affection.
60 : 21. La possession «
éternelle » du pays.
61 :1-2. Le jour de vengeance
devait suivre le temps des Évangiles. Le Royaume vient après.
61 : 6. Les Juifs seront
appelés « sacrificateurs de l'Éternel ». Voir aussi Ex. 19 : 6 : « Vous me
serez un royaume de sacrificateurs », et Es. 66 : 21 : « Sacrificateurs » et «
Lévites ».
62 : 1-3. Jérusalem.
65 : 17-25. Nouvelles conditions
du royaume. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre ne correspondent pas à ceux
d'Apocalypse 21. La « Companion Bible » donne le contraste suivant :
|
|
Voir Luc 21 : 33 ; Ps. 102 : 27
; Es. 51 : 6 ; 2 Pi. 3 : 7-10.
66 : 19. « Ils publieront ma
gloire parmi les nations. »
66 : 23. Sabbat.
JÉRÉMIE
3 : 17-18. Jérusalem, trône de
l'Éternel. Toutes les nations s'y assembleront. Juda et Israël, dans le pays,
appellent l'Éternel leur Père.
16 : 15. « Je les ramènerai
dans leur pays, que j'avais donné à leurs pères. » Voir aussi le v. 16, qui
parle des « pêcheurs », c'est-à-dire de ceux qui feront un effort pour les
ramener dans leur pays, et des « chasseurs », c'est-à-dire de ceux qui
pourchassent les Juifs.
On pense ici au Sionisme et à
l'antisémitisme.
23 : 3-8. « Je rassemblerai le
reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. » Le germe Roi,
Juda et Israël. Parallèle entre la sortie d'Égypte et le retour de la «
postérité de la maison d'Israël » de tous les pays. « Ils habiteront dans leur
pays ».
Il est impossible de ne pas
prendre tout cela littéralement. Jamais le Germe n'a été Roi, ni la justice n'a
régné. Si Israël veut dire « l'Église », celle-ci a-t-elle été dispersée dans
tous les pays et lui applique-t-on toutes les malédictions qui ont frappé
Israël ?
24 : 7. « Je leur donnerai un
coeur pour qu'ils connaissent que je suis l'Éternel ; ils seront mon peuple, et
je serai leur Dieu, s'ils reviennent à moi de tout leur coeurs ».
30 : 3-11. « Voici, les jours
viennent, dit l'Éternel, où je ramènerai les captifs de mon peuple d'Israël et
de Juda, dit l'Éternel ; je les ramènerai dans le pays que j'ai donné à leurs
pères, et ils le posséderont. » Le roi David.
Peut-on s'expliquer plus
clairement ?
31 : 31-34. La Nouvelle
Alliance avec Israël et Juda en contraste avec l'Ancienne Alliance avec ce
peuple. La loi dans leur coeur.
31 : 35-37. « Si les cieux en
haut peuvent être mesurés, si les fondements de la terre en bas peuvent être
sondés, alors je rejetterai toute la race d'Israël, à cause de tout ce qu'ils
ont fait, dit l'Éternel. » Malgré tout ce qu'elle fait, la race d'Israël ne
sera jamais rejetée.
32 : 40. Alliance « éternelle
».
50 : 4-6. « Les enfants
d'Israël et les enfants de Juda reviendront ensemble. » Alliance « éternelle ».
Brebis perdues.
EZÉCHIEL
11 : 17-20. « Je vous
rassemblerai du milieu des peuples, je vous recueillerai des pays où vous êtes
dispersés, et je vous donnerai la terre d'Israël. » Nouvel esprit, nouveau
coeur. Ordonnances et lois seront suivies.
16 : 60-63. « Je me souviendrai
de mon alliance avec toi au temps de ta jeunesse, et j'établirai avec toi une
alliance éternelle. » Alliance établie. Repentance d'Israël. Pardon.
28 : 25. « Lorsque je
rassemblerai la maison d'Israël du milieu des peuples où elle est dispersée, je
manifesterai en elle ma sainteté aux yeux des nations, et ils habiteront leur
pays que j'ai donné à mon serviteur Jacob ».
N'est-ce pas littéralement un
pays qui a été donné à Jacob ? La signification symbolique peut se superposer
à l'accomplissement littéral. On ne peut accepter un commencement littéral
et une fin symbolique.
33 : 11. Conversion.
34 : 12-24. Retour dans leur
pays, sur les montagnes d'Israël, des brebis dispersés parmi les peuples.
36 : 24-29. « Je vous retirerai
d'entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous
ramènerai dans votre pays. Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez
purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles.
Je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ;
j'ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de
chair. Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai que vous suiviez mes
ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous habiterez le
pays que j'ai donné à vos pères ; vous serez mon peuple, et je serai votre
Dieu. »
37. La vision des ossements :
le rétablissement d'Israël. « Ces os, c'est toute la maison d'Israël. » « Je
vous ramènerai dans le pays d'Israël. » « Je mettrai mon esprit en vous. »
37 : 26-28. David roi. Suivront
ordonnances, observeront lois. « Ils habiteront le pays que j'ai donné à mon
serviteur Jacob, et que vos pères ont habité. » « À perpétuité. » « Alliance
éternelle. » « Les nations sauront que je suis l'Éternel. »
39 : 29. « Je répandrai de mon
esprit sur la maison d'Israël. »
40 à 46. Temple. Offrandes.
Prêtres. Sabbats. Pâques. Circoncision de la chair et du coeur (44 : 9). La
division du pays entre les douze Tribus.
DANIEL
9 : 24-27. Soixante-dix
semaines fixées pour le peuple et la ville sainte.
12 : 1. Micaël, le grand chef,
le défenseur des enfants, d'Israël, se lèvera. Epoque de détresse.
Résurrection.
JOEL
2 : 11-32. Le jour de l'Éternel
(jour du Seigneur), grand et terrible. Tribulations. Appel à la repentance.
Promesses à Israël. L'esprit répandu sur toute chair. Dons spirituels.
AMOS
9 : Il. Maison de David
relevée. Bénédictions. « Je ramènerai les captifs de mon peuple d'Israël. » «
Et ils ne, seront plus arrachés du pays que je leur ai donné. »
Ceci n'a pas encore été
réalisé.
ZACHARIE
Il prophétisa après la
captivité d'Israël. Ses prophéties ne peuvent donc absolument pas s'appliquer
au retour des Juifs de Babylone.
8 : 22-23. Bénédictions du
peuple par Israël.
9 : 9-10. La venue du Seigneur,
le roi d'Israël, en humilité.
Ne doit-on pas prendre cela à
la lettre ?
11 : 17. L'Antéchrist.
12 : 1-10. Tribulations. «
Alors je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un
esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers moi,
celui qu'ils ont percé. »
14 : 4-5. La venue du Seigneur
en gloire.
14 : 16. Les peuples viennent
adorer à Jérusalem.
La tendance générale est de
considérer toutes ces prophéties, soit comme déjà accomplies, soit comme ne
devant pas s'accomplir à cause de l'infidélité d'Israël, soit comme devant être
interprétées au sens « spirituel ». Aucune de ces solutions n'est acceptable si
l'on considère la Parole comme réellement inspirée. Certaines prophéties ont
reçu un commencement de réalisation, mais il est clair que la majeure partie de
ce qu'elles embrassent n'a jamais été réalisée. Une interprétation «
spirituelle » est logique si l'on accepte en même temps la réalisation
littérale. Si Israël est un peuple symbolique, il faut considérer toute son
histoire et non la couper en deux et nier la fin.
Trop souvent on prend l'exposé
du passé au sens littéral et spirituel, mais celui de l'avenir au sens
spirituel seulement. N'est-il pas logique d'avoir un symbole complet et
d'admettre l'avenir également comme devant s'accomplir littéralement ?
Nous devons encore faire
remarquer que la bénédiction individuelle d'un certain nombre de Juifs dans
l'avenir, après avoir cru en Dieu et devenus chrétiens, n'est pas la
réalisation des prophéties. Celles-ci parlent d'un pays au sens littéral, d'une
ville au sens littéral, de douze tribus au sens littéral, d'un peuple au sens
littéral, d'un Roi au sens littéral, etc. Les Juifs croiront en leur Messie et
seront dans ce sens des chrétiens, mais ils seront toujours Juifs nationalement
et séparés des croyants des autres nations. Les prophéties sont très claires à
ce sujet. Si un lecteur voit une difficulté à admettre une séparation entre
croyants, nous lui proposerons de patienter jusqu'à plus tard, quand nous
pourrons parler des différentes sphères de bénédictions. Outre la sphère
terrestre où Israël est le peuple choisi (aussi dans l'âge prochain), il y a
une sphère céleste en communion plus intime avec Dieu, « en Christ » où il n'y
a plus ni Juifs ni païens. Il y a même une troisième sphère où la communion est
parfaite et où l'on peut parler d'identification avec Christ (72).
Dans les prophéties, nous
voyons qu'il est question de deux venues du Seigneur : une première venue en
humilité, (voir par exemple Es. 53) et une deuxième en gloire, suivie du
Royaume. Il est question aussi de la repentance d'Israël pour arriver au
Royaume. La première venue était nécessaire pour le sacrifice pour le péché
(Es. 53 : 10).
La triste expérience de
l'humanité depuis Adam nous a montré que l'homme déchu ne se tourne pas vers
Dieu, il est « sous » le péché et incapable de faire ce que Dieu veut. Si Dieu
lui donne une Loi, ce n'est pas en premier lieu pour qu'il l'accomplisse, mais
pour qu'il se rende compte qu'il ne peut pas l'accomplir par ses propres moyens,
et qu'il doit s'adresser au Seigneur pour recevoir la grâce nécessaire.
(72) Voir " Les messages de
l'Apôtre Paul » et « La Voie du Salut ».
La Loi devait ainsi conduire
les hommes vers Christ, par lequel viendrait cette grâce (73). Le Christ
étant venu, la responsabilité d'Israël se trouvait accrue. Non seulement les
Israélites pouvaient croire en Dieu et se tourner vers Lui (comme peut le faire
tout homme naturel), mais ils avaient déjà devant les yeux Celui qui pouvait
pardonner les péchés, Celui qui pouvait les faire naître de nouveau et les
rendre capables, par la puissance de l'esprit, de faire ce que Dieu demande,
c'est-à-dire d'accomplir sa volonté.
Les prophètes parlent des
bénédictions de ceux qui n'ont pas connu Dieu. Le N. T. confirme cela et montre
que ces bénédictions sont pour ainsi dire venues avant le temps, pour rendre
Israël jaloux (74) et les pousser à accepter la grâce. De toute manière,
il viendra une période de tribulation qui doit précéder le Royaume. Elle
contribuera à ramener Israël vers la repentance. Dans la tribulation, Israël se
tournera vers son Dieu ; ce n'est pas la conversion d'un grand nombre
d'Israélites, mais du peuple d'Israël. Alors le Messie viendra en gloire
et le Royaume sur terre commencera.
Nous voyons comment Dieu arrive
à son but, malgré la créature et tout en la laissant libre. L'opposition, même
celle de Satan, sera utilisée pour réaliser Ses desseins. Les échecs apparents
seront des victoires. Nous en avons le meilleur exemple dans la croix : il
semble que Satan ait réussi à exterminer la postérité, et cependant c'est
précisément la croix qui rend la victoire possible. Le plus grand péché amène
la plus grande grâce. Dieu montre Sa divinité dans chaque détail, non seulement
de la création, mais de Ses voies.
Graduellement on voit Son plan
se dessiner : Il devait le tenir caché au début, c'était un secret, un mystère.
Graduellement Il révèle des parties de ce mystère qui est appelé le mystère du
Christ.
(73) Jean. 1 : 17. Ceci ne veut
pas dire qu'ils devaient attendre jusqu'à la venue du Christ pour obtenir cette
grâce. Plusieurs ont accepté cette grâce avant la première venue. L’oeuvre du
Christ est accomplie pour nous dans le temps, mais pour Dieu elle l'est avant
les, âges, depuis toujours et nul n'a donc dû attendre pour obtenir sa grâce.
On voit ici la différence
fondamentale avec les autres, « religions » ou systèmes moraux. Ceux-ci
prescrivent ce qu'il faut faire, mais ne fournissent pas le moyen de
l'accomplir. Ils visent à l'amélioration de l'homme par ses propres efforts, ce
qui doit nécessairement aboutir à la faillite.
(74) Voir par exemple Rom. 11 :
11, 15.
Graduellement Satan réagit,
mais précisément de manière à réaliser le plan de Dieu. Si tout le mystère
avait été connu, il aurait réagi autrement. Il était donc indispensable que la
révélation eût lieu graduellement. Il faut en plus tenir compte du fait que ce
qui est révélé n'est pas nécessairement compris. Nous le verrons, mieux plus
tard.
Aucune prophétie ne laissait
supposer qu'une période de plus de 1.900 ans séparerait les deux venues du
Christ. Les prophètes ne voient rien du temps actuel (75).
Tous les prophètes sont aussi
d'accord sur ce point, que la Loi et toutes ses cérémonies, seront accomplis au
cours de la durée du Royaume sur terre.
Le lecteur devra faire un
effort pour bien se représenter cette situation, sans penser à ce qui a été
révélé plus tard. Il doit se mettre à la place d'Israël lors de la venue du
Seigneur.
Il est remarquable que l'attente
d'un Sauveur fût générale dans le monde. Ceci s'explique par les prophéties de
Daniel concernant les 70 semaines, que les Israélites avaient sans doute fait
connaître aux nations parmi lesquelles ils étaient dispersés. Confucius,
Zoroastre, les Siamois, les Hindous, Tacite, Suétone, Virgile, parlent de
l'attente du Messie.
Nous y voyons un commencement
de réalisation littérale des prophéties données à Israël.
Pour notre but il suffira de
démontrer les propositions suivantes :
1. Jésus-Christ
est la « postérité de la femme, Mat.
1 : 1, « Fils de David, fils d'Abraham ». Satan ne tarda pas à l'attaquer et à
essayer de le tuer ou au moins de le faire succomber sous ses tentations, Mat.
4.
2. Jésus
est le Christ, c'est-à-dire le Messie promis par les prophètes. Mat. 1 : 16
: « Jésus, qui est appelé Christ ». Mat. 16 : 16 Luc. 2 : 11, 26 ; Jean 1 : 45
; 11: 27.
(75) Ps. 118 : 22 ; Es. 9: 5, 6
; 53: 10 ; 61: 2 ; Dan. 9 : 26, 27 ; Os. 2 : 13, 14 ; 3 : 4, 5 ; Amos 9 : 10,
11 ; Mich. 5 : 2, 3; Hab. 2 : 13, 14 ; Soph. 3 : 7, 8 ; Zach. 9 : 9, 10.
Or, « Christ » veut dire «
l'Oint » et correspond à l'hébreu « Messiah ». Gardons-nous de l'habitude
d'utiliser le nom de « Jésus » qu'Il portait pendant son humiliation et dont se
servent les démons et ceux qui l'ont renié et crucifié.
Son baptême dans l'eau devait
révéler à Israël qu'Il était le Messie, Mat. 3 : 15-17 ; Jean 1 : 31-34.
L'onction était accompagnée d'un baptême. Ex. 29 : 4-7 ; Lév. 8 : 6, 12.
Les miracles aussi devaient le
faire connaître comme Messie. Mat. 8 : 16, 17 ; 9 : 1-8, 18-33 ; 11 : 2-5 ; 14
: 33 ; Jean 5 : 36 ; 10 : 24, 25. Voir Es. 29 : 18 ; 35 : 4-6 ; 42 : 7 ; 61 :
1-3.
Les « brebis » le
reconnaîtraient comme Messie par ces signes, mais les autres ne le
reconnaîtraient pas comme tel, Jean 10 : 26, 27. Aussi, là où il y avait peu de
foi, il ne faisait pas beaucoup de miracles, Mat. 13 : 58. En principe, les
miracles ne sont pas suffisants, parce que les faux Christs et les faux
prophètes en font aussi, Mat. 24 : 24. Il fallait en premier lien croire toutes
les Écritures pour que les signes pussent avoir leur valeur, Jean 20 : 30, 31.
L'accomplissement des
prophéties aussi constituait un signe, Mat. 21 : 1-9 (Zach. 9 : 9). Le Seigneur
Lui-même déclare qu'Il est le Christ, Mat. 26 : 63, 64 (Dan. 7 : 13) Jean 5 :
36. Il est l'envoyé de Dieu, Jean 13 : 3 ; 17 : 3 ; Es. 61 : 1.
3. Il
faut entendre littéralement que le Christ était le Roi d'Israël. Écoutons
les témoins.
Les Mages : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » Mat. 2 :
2.
L'Ange Gabriel : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son
père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement » Luc. 1 : 32.
Le Prophète Zacharie : «
Voici, ton roi vient à toi » Mat. 21
: 5 ; Jean 12 : 15 ; Zach. 9 : 9.
Nathanaël : « Tu es le roi d'Israël », Jean 1 : 50.
La foule : « Hosanna au Fils de David », Mat. 21 : 9. « Le roi
d'Israël », Jean 12 : 13. Voir aussi Luc 19 : 38.
Pilate : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs », Mat. 27 : 37 ; Marc 15
: 26 Luc 23 : 38 ; Jean 19 : 19. Voir aussi Marc 15 : 9, 12 ; Jean 19 : 14, 15.
Un des malfaiteurs : «
Souviens-toi de moi, Seigneur, quand
tu viendras dans ton royaume », Luc. 23 : 42.
Le Seigneur Lui-même : « Le Fils de l'homme... s'assiéra sur le trône de sa
gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui », Mat. 25 : 31. «
Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : tu le dis », Mat. 27 : 11-12 ;
Marc 15 : 2 ; Luc 23 : 39. Voir aussi Jean 18 33-37. Jamais il n'est question
d'un roi des croyants en général, jamais il n'est question de l'Église. Il
s'agit exclusivement d'Israël et d'un roi dans le plein sens du mot, non pas
seulement d'une manière vague et allégorique.
4. Ce
royaume sera sur terre. - Jérusalem
en sera le centre.
Ce Royaume est appelé « Royaume
des cieux » et c'est ce qui a fait supposer qu'il s'agissait d'un royaume dans
les cieux et non sur la terre. Cependant cette expression indique sa provenance
et non le lieu où il s'étendra.
Le texte grec emploie le
génitif et parmi de nombreux exemples nous ne mentionnons que Rom. 4 : 11 et 13
(« par la foi » - « de la foi ») pour montrer que la cause ou l'origine peut
être indiquée ainsi. Cependant on insiste et on dit que Jean 18 : 36 est clair
: « Mon royaume n'est pas de ce monde ». Or que dit le texte inspiré ? « Mon
royaume n'est pas hors de ce monde ». La préposition « ek » (hors) est
utilisée, indiquant qu'il s'agit ici de l'origine du royaume : il n'est pas
produit par le monde, mais il est d'origine céleste. Nous avons vu, en effet,
que Dieu voulait, depuis la création d'Adam, réaliser un royaume sur la terre.
Il s'agit bien ici de ce royaume qui est donc « céleste » par son origine et «
terrestre » par son emplacement. Ce royaume a été préparé dès la « fondation »
du monde (Mat. 25 : 34). Le « sermon sur la montagne » confirme qu'il s'agit
bien de la terre : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre »
(Mat. 5 : 5). Le Seigneur parlait de choses terrestres (Jean 3 : 12). Jérusalem
est la ville du grand roi (Mat. 5 : 35).
Il s'agit donc bien d'un
royaume comprenant le pays des Juifs Canaän, compris entre le fleuve d'Égypte
et l'Euphrate (Gen. 15 : 18) et ayant Jérusalem comme capitale. Tout
cela est entièrement conforme aux prophéties. Voir en particulier Dan. 2 : 44 ;
4 : 25, 26 ; 7 : 13, 14, 27.
La désignation « royaume de
Dieu » est plus large que « royaume des cieux ».
Ce dernier étant compris dans
le premier, peut donc aussi être désigné par royaume de Dieu, comme c'est
souvent le cas dans les évangiles selon Marc, Luc et Jean. Le terme plus
général de royaume de Dieu a contribué sans doute à introduire dans les esprits
l'idée que le royaume des cieux ne saurait être un royaume sur terre. On parle
alors d'un royaume qui viendra graduellement et s'étendra petit à petit sur terre,
et l’on entend par là que le nombre de chrétiens ira en augmentant et que la
fidélité du monde au Christ ira en croissant. Nous voyons qu'il n'y a pas le
moindre argument scripturaire à l'appui de cette thèse et que de plus, les
faits démentent catégoriquement cette attente. L'âge présent est « mauvais »,
Satan en est le « dieu » et nous voyons comment l'apostasie, l'incroyance et le
blasphème vont partout croissants.
Si la mission de ce qu'on
appelle l' « Église » était d'amener le royaume de Dieu, il faudrait
reconnaître sa faillite.
Bien loin d'enseigner une venue
graduelle du Royaume des cieux, la Parole dit nettement que ce Royaume vient
brusquement : « Car comme l'éclair part de l'orient et se montre jusqu'en
occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme » (Mat. 24 : 27 ; Luc. 17 :
24).
Après la grande détresse (76) les « tribus
de la terre » verront le « Fils de l'homme » venant sur les nuées du ciel avec
puissance et une grande gloire.
Nous comprenons que beaucoup de
chrétiens n'aient pas pu accepter la vue des « chiliastes » qui considèrent le
royaume terrestre comme but. Mais il n'y a aucune objection si l'on se rend
compte qu'en même temps il y a des croyants dans les cieux et que cet âge est
suivi d'un autre plus parfait qui mène au but : Dieu tout en tous.
5.
Israël devait se convertir pour que le Royaume vînt. - Ce royaume était «
proche » en ce temps-là. C'est le message
principal de Jean-Baptiste : « Repentez-vous car le royaume des cieux est
proche » (Mat. 4 : 17).
(76) Mat. 24 : 4-21, 29. Du
temps de Jean-Baptiste, il pouvait déjà dire « la colère à venir » Mat. 3 : 6,
7. Le Royaume, en effet, était « proche », donc aussi la grande tribulation.
Le Roi était devant eux ! Une
seule chose était nécessaire : la repentance, déjà demandée depuis tant
d'années par les prophètes. Voyez comme le Seigneur insiste sur la conversion
en Mat. 18 : 3.
Les douze Apôtres devaient
aussi proclamer : « Le royaume des cieux est proche » (Mat. 10 : 7).
6. L'Approche
du royaume terrestre était accompagné de signes visibles : miracles et
soumission des puissances du mal. - Dès que l'attention est attirée sur ce
fait, il semble qu'on doive être frappé par des passages comme les suivants :
« Prêchant la bonne nouvelle du
royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. » Math.
4 : 23.)
« Prêchant la bonne nouvelle du
royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. » (Math. 9 : 35.)
« Le royaume des cieux est
proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux,
chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Math.
10 : 8.)
« Si c'est par l'Esprit de Dieu
que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous. » (Math.
12 : 28.)
(Nous nous limitons à
l'Évangile selon Mat.)
Comme nous l'avons déjà vu, les
miracles devaient être pour ceux qui étaient fidèles aux Écritures, un signe de
la venue du Messie, donc du Royaume. Le Roi a la puissance nécessaire pour contrôler
les puissances de la nature et pour enchaîner les mauvaises puissances
spirituelles. Le Royaume devait réaliser ce qu'Adam aurait dû faire avant sa
chute : soumettre toute la terre. Durant le royaume, les conditions terrestres
seront donc entièrement différentes. Voyez les prophéties : Es. 11 : 1-20 ; 32
: 15 ; 35 : 6-9 ; 43 : 19, 20 ; 65 : 19-25 ; Os. 2 : 20-25 ; Am. 9 : 11-15. Les
guérisons et autres miracles sont parmi les puissances du siècle à venir (Héb.
6 : 5) et sont indissolublement liées à ce siècle. Aussitôt que par
l'incroyance d'Israël, l'établissement du Royaume et la venue du Messie en
gloire sont remis à plus tard, les signes cessent. Nous verrons la confirmation
de ce que nous avançons, quand nous examinerons le temps des Actes et la
période actuelle.
En attendant, le lecteur pourra
se rendre compte que Marc 16 : 17, 18 ne s'applique pas à l'époque où nous
sommes, mais se rapporte aux temps pendant lesquels le Royaume est « proche »
et où Israël doit donc être dans le pays et est considéré comme le peuple
choisi vers lequel viendra le Roi. Ce texte gêne beaucoup de croyants, qui
plutôt que de croire tout ce que la Parole enseigne, sont tentés de suivre la
critique moderne destructive et d'enlever ce passage de leur Bible (77).
7. Jésus-Christ
n'a été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël.
« C'est Lui qui sauvera son
peuple de ses péchés. » (Matth. 1 : 21.)
« Qui paîtra Israël, mon
peuple. » (Matth. 2 : 6.)
« N'allez pas vers les
païens.... allez plutôt vers les brebis (78) perdues de la maison d'Israël. » (Matth. 10 : 5-6.)
« Je n'ai été envoyé qu'aux
brebis perdues de la Maison d'Israël. » (Matth. 15 : 24.) (D'abord les «
enfants », c'est-à-dire les Juifs, devaient être rassasiés. - Marc 7 : 27.)
Dieu suivait son plan : après
avoir choisi un peuple pour bénir les autres peuples, il leur envoie Son Fils.
Il fallait qu'Israël occupe d'abord la position voulue, avant de pouvoir servir
les autres. Nous verrons plus loin ce qui est arrivé plus tard et comment les
bénédictions sont venues aux nations, ou tout au moins à un petit nombre de
leurs membres, pour ainsi dire avant le temps. La masse ne sera atteinte que
pendant l'existence du Royaume et par l'intermédiaire d'Israël. Le Seigneur
n'est donc pas venu pour bénir les gentils directement.
(77) Il
est vrai que les douze derniers versets de Marc 16 ne se trouvent pas dans deux
des principaux manuscrits (Vaticanus et Sinaïticus), cependant le premier
laisse une partie en blanc en cet endroit et dans l'autre les dernières pages
sont d'une écriture plus large. Tous deux montrent donc en cet endroit une
chose anormale. Du reste tous les, autres manuscrits (plus de 600) et les plus
anciennes versions (en Syriaque) contiennent ces douze versets. Jérôme, qui
avait accès à des manuscrits plus anciens que ceux que nous connaissons, les
ajoute dans sa version latine. Enfin, les versions gothiques, égyptiennes,
arméniennes, éthiopiques et géorgiennes, les, contiennent. Et tous « les Pères
» mentionnent ce passage.
(78) Voir Mat. 9 : 36 et les
prophètes Jér. 23 : 3, 4 ; Ezéch. 34 : 12-16 ; 22-24. Aussi Mat. 15 : 24 ; Jean
10 : 11. Seuls les Juifs fidèles sont appelés des brebis. Jésus-Christ est le «
Bon Berger ». Voir Jean 10 : 11 et Es. 40 : 11 ; Ps. 23. Il est appelé le grand
Pasteur en Héb. 13 : 20 et le souverain Pasteur en 1 Pi. 5 : 4. A noter que ces
deux épîtres sont adressées à des croyants Juifs.
Il est peut-être bon de faire
remarquer que Jésus-Christ n'est pas venu pour fonder une « nouvelle religion
». On est d'accord pour déclarer que tout l'enseignement des Évangiles a comme
centre le plus grand commandement « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout
ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » et le second qui lui est
semblable « Tu aimeras, ton prochain comme toi-même ». Mais on oublie
quelquefois que ces commandements font partie de la « Loi » (79).
Nous avons déjà rappelé que les
prophètes ont toujours insisté en premier lieu sur les sentiments intimes de
l'homme et ont souligné que Dieu a en horreur les cérémonies seules. La Loi est
toujours à observer pendant le temps des Évangiles et même après. Loin de
fonder une nouvelle religion, le Seigneur veut que la religion existante, la
seule qui a été instituée par Dieu avec ses cérémonies, soit vécue intégralement.
Le Seigneur n'est pas venu pour abolir, mais pour accomplir la loi et les
prophètes (80). Il ne s'est pas élevé contre la religion juive, mais
il a été « serviteur » des circoncis, pour prouver la véracité de Dieu
en confirmant les promesses faites aux pères (81).
8. Les
Douze Apôtres auront une mission pour Israël dans le Royaume terrestre. -
Nous avons déjà vu que pendant le temps des Évangiles, les Apôtres ne devaient
aller que vers les brebis perdues d'Israël. Ils devaient proclamer que le Royaume
était proche et qu'Israël devait se repentir pour que le Messie vienne en
gloire. Que serait leur mission pendant le Royaume ? La réponse est bien claire
: « Quand le Fils de l'homme au renouvellement de toutes choses, sera assis sur
le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur
douze trônes, et vous jugerez (82) les douze tribus d'Israël » (Mat. 19 : 28 ; voir
aussi Luc 22 : 30).
(79) Deut. 6 : 5 ; Lév. 19, :
18. Il est peut-être intéressant à ce propos de rappeler le parallèle entre le
« Sermon sur la Montagne » et le Psaume 15. Comparez par exemple Mat. 5 : 3-12
avec Ps. 15 : 1 ; Mat. 5 : 13-6 : 34 avec Ps. 15 : 2 ; Mat. 7 : 1-5 et 5 :
43-48 avec Ps. 15 : 3 Mat. 7 : 15-23 et 5 : 33-37 avec Ps. 15 : 4 ; Mat. 5 :
33-42 et 7 : 24-27 avec Ps. 15 : 5.
(80) Mat. 5 : 17.
(81) Rom. 15 : 8.
(82) Pour comprendre le sens de
« jugerez », il est bon de lirequelques passages où le texte grec
utilise le même mot « krino » : Actes 16 : 4 (décisions) ; 21 : 25 (décidé). Le
sens est plus, large que notre mot « juger ». Il s'agit plutôt de conduire,
comme faisaient les " Juges » de l'Ancien Testament.
Après tout ce que nous avons
vu, il semble qu'il n'y a aucune excuse à ne pas entendre ceci littéralement.
Nous comprendrons mieux ainsi le texte suivant « Je te donnerai les clefs du
royaume des cieux (83) ce que tu lieras sur la terre, sera lié dans les
cieux... » (Mat. 16 : 19). Les clefs sont le signe d'une remise de pouvoir (84). Ce pouvoir
n'est d'ailleurs pas le monopole de Pierre, mais il est partagé par les autres
Apôtres (85).
Nous voilà bien loin de
l'interprétation romaine même en supposant que Pierre aura une certaine
suprématie, il n'exercera son pouvoir que dans l'avenir, quand il sera
ressuscité, et non sur les « Gentils » chrétiens, mais sur les Juifs dans le
Royaume terrestre. Comme le nombre 12 est limité, il ne peut être question de
succession. Ceci nous conduit à examiner de plus près les charges que ces
Apôtres reçurent après la résurrection du Seigneur.
Nous avons déjà dit un mot de
celle de Marc 16. Elle est donnée « pendant qu'ils étaient à table » (86) et elle fut
exécutée aussitôt (87). Elle est impossible à exécuter actuellement, alors
qu'Israël n'est pas le peuple de Dieu et que le Royaume n'est plus « proche ».
Actuellement, le Seigneur ne confirme pas, en règle générale, la prédication de
sa Parole par des miracles.
Celle de Mat. 28 : 18-20 fut
donnée à une autre occasion, sur une montagne en Galilée. L'expression du
Seigneur : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre » indique
qu'il s'agit de l'avenir, quand on verra que toutes choses lui sont soumises (88). Les Apôtres
doivent alors aller vers les nations.
(83) « Ce » indique non des
hommes, mais les actes : Voir Mat. 18 : 15-17. Ils doivent indiquer ce que les
hommes ont à observer, les conduire dans les voies de Dieu. C'est le contraire
de ce que faisaient les Pharisiens : ils liaient des fardeaux au lieu de guider
le peuple dans le bon chemin, Mat. 23 : 4.
(84) Voir Es. 22 : 15-25.
(85) Mat. 18 : 18 ; Jean 20 :
23.
(86) Marc 16 : 14.
(87) Marc 16 : 20.
(88) Héb. 2 : 8.
Nous nous souvenons que les
prophètes ont maintes fois parlé des bénédictions des nations par
l'intermédiaire d'Israël. Cela se passera sous la conduite des 12 Apôtres.
Nous lisons dans les Actes que
ces Apôtres se sont adressés exceptionnellement à un homme isolé des nations,
mais que jamais ils n'ont accompli cette mission. Ils le feront après leur
résurrection. Jamais non plus l’Écriture mentionne qu'ils ont baptisé « Au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (89). Le Seigneur n'était pas avec eux en personne ; plus
tard Il le sera jusqu'à la fin de l'âge prochain (90).
9. L'Église
dont il est question dans les Évangiles est composée de Juifs fidèles au
Seigneur. Elle est appelée l'Épouse. - Ceci découle de ce qui précède. Il
faut bien se représenter que pendant le temps des Évangiles, et même après, les
Gentils sont considérés comme des chiens et mis au même rang que les publicains
et les pécheurs. Jamais ils n'étaient tolérés dans une assemblée (91) de croyants
Juifs.
Mat. 18 : 17 dit : « S'il
refuse de les écouter dis-le à l'Église, et s'il refuse aussi d'écouter
l'Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain ». La mention de «
païen » et de « publicain » montre qu'il s'agit ici d'assemblées purement
juives, quoique composées de croyants en Jésus-Christ. Passé le temps des
Évangiles, certains « païens » deviennent croyants, mais toujours ils forment
une assemblée séparée de celles des Juifs. Ce n'est que longtemps après la
croix que des assemblées mixtes ont existé.
(89) Voir Actes 2 : 38 ; 8 : 16
; 10 : 48 ; 19 : 5 ; Rom. 6 : 3 ; 1 Cor. 1 : 17 où une autre expression est
toujours employée. Comment appliquer Mat. 28: 19 généralement, quand Paul dit
en 1 Cor. 1 : 17 que Christ ne l’a pas envoyé pour baptiser ?
(90) Voir Ezéch. 43 : 7 ; 48 -
35 ; Soph. 3 :15-17.
(91) Le mot église ou assemblée
vient du grec « ekklèsia » qui indique un groupe d'hommes choisis et correspond
à l'hébreu « kâhâl ». Tout le peuple d'Israël est appelé « kâhâl » multitude
étant choisi d'entre les autres peuples. Gen. 28 : 3. Le mot est souvent
employé dans l'Ancien Testament. Voir par exemple Gen. 49 : 6 ; Deut. 18 : 16 ;
31 : 30 ; Jos. 8 : 35 ; Juges 21 : 8 ; Ps. 22 : 23, 26. Dans le Nouveau.
Testament il indique des assemblées locales ( Actes 5 : 11 ; 8 : 3 ; 1 Cor. 4:
17, etc.). Il est aussi employé pour la confrérie des orfèvres d'Éphèse (Actes
19 : 32, 40). Enfin Paul s'en sert pour désigner une collectivité spéciale :
l'Église du mystère, Eph. 1 : 23.
A notre époque, qui semble ne
pas être très éloignée de l'établissement du Royaume, nous voyons de nouveau se
former des assemblées de Juifs-Chrétiens séparées de celles des autres
chrétiens (92).
Pendant le Royaume, l'ensemble
des Juifs qui croient en Jésus-Christ est aussi appelé une ekklèsia ou
assemblée (93) (comme l'ensemble du peuple en Gen. 28 : 3 est appelé
une « kâhâl »). C'est de cette assemblée ou église que parle Mat. 16 : 18 : «
Et moi je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon
Eglise ». Il en résulte, comme nous l'avons déjà vu en parlant des douze
Apôtres, que toute discussion avec l'Église Romaine devient inutile, parce que
ceci montre que le fondement même de cette Église n'est pas solide.
Les mots « les portes du séjour
des morts ne prévaudront point contre elles » indiquent d'ailleurs qu'il s'agit
d'une assemblée encore future. Ils se rapportent à la résurrection. Avant que
l'église du Royaume s'établisse, il faut que les douze Apôtres et beaucoup
d'autres Juifs croyants ressuscitent. Le séjour des morts, c'est-à-dire le
Hadès ne pourra empêcher la formation de cette église, car c'est Jésus-Christ
qui tient les clefs du Hadès (séjour des morts) (94).
Cette église juive est appelée
« l'épouse ». Déjà dans l'Ancien Testament en beaucoup d'endroits, le peuple
choisi est appelé la « fiancée », la « femme » ou l' « épouse » de l'Éternel (95).
(92)
L'union « Ammiël » à Dusseldorf a comme but de former de pareilles assemblées.
La " Jewish Christian Alliance ) et des groupes en Hollande agissent dans
le même sens.
(93) Voir par exemple Os. 2 : 2
: « Les enfants de Juda et les enfants d'Israël se rassembleront » et Ps. 22 :
23, 26 - « Je te célébrerai au milieu de l'assemblée » ; « Tu seras dans la
grande assemblée l'objet de mes louanges ».
(94) Apoc. 1 : 18. Pour
l'expression, ( portes du Hadès ), voir Es. 38 : 10 ; Ps. 9 : 14 ; 107 : 18. Il
s'agit du pouvoir du Hadès de garder les morts, ou encore de l'impuissance des
morts de revenir à la vie.
Le verbe traduit par prévaloir
est encore une fois utilisé en Luc. 23 : 23 (1emportèrent ») et indique que
l'un est plus fort que l'autre. Le Seigneur tient les clefs de la mort et du
Hadès (Apoc. 1 : 18) et quand il délivrera les morts, comme Lui a été délivré,
le pouvoir du Hadès n'aura pas le dessus.
(95) Voir par exemple Es. 49 :
18 ; 54 : 4-10 ; 62 : 4, 5 ; Jer. 2 : 2 ; 3 : 1-14 ; 31 : 32 ; Ezéch. 16 : 8-13
; Os. 2 : 18, etc. Aucune difficulté dans le fait qu'Israël était appelé épouse
» ou " femme » dans l'Ancien Testament et que les noces de l'Agneau avec
Israël sont encore à venir. En effet Dent. 22 : 23, 24 ainsi que Mat. 1 : 18,
20 montrent qu'une « fiancée » est déjà appelée légalement « femme ».
La parabole de Mat. 22 parle
des noces du Royaume. Jésus-Christ est l'Époux (Mat. 9 : 15 ; Jean 3 : 29). Les
noces de l'Agneau ont lieu pendant le Royaume (96).
10.
Une partie de ce que demandait le Seigneur dans les Évangiles ne sera à
exécuter littéralement que par Israël et seulement dans des conditions
analogues à celles qui sont existant immédiatement avant le Royaume. Nous donnerons d'abord un exemple d'où il résultera
clairement qu'il faut distinguer entre les circonstances avant de suivre un
précepte.
Lors de la proclamation du
Royaume, les Douze ne devaient prendre avec eux ni or, ni argent, ni monnaie,
ni sac, ni vêtement, « car l'ouvrier mérite sa nourriture » (97). Mais voyez
le changement radical plus tard quand Israël a rejeté le Royaume : « Maintenant
au contraire, que celui qui a une bourse la prenne, que celui qui a un sac le
prenne également, et que celui qui n'a point d'épée vende son vêtement et
achète une épée » (Luc 22 : 36). Jésus-Christ va même jusqu'à dire d'acheter
une arme pour se défendre (98). N'est-il pas clair qu'il est de première importance
de distinguer les caractéristiques des différentes périodes et qu'il faut être
bien prudent dans l'application des textes bibliques ? Rien n'est plus
désastreux que d'observer ce qui ne s'adresse pas à nous. Dieu nous demande
d'accepter ce qu'Il nous offre et Il espère que nous ferons ce qu'Il nous
demande. Prenons garde de ressembler à ceux dont l'Apôtre disait : « Je
leur rends témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence » (99).
Ceci est d'une grande
importance. De nombreuses sectes s'appliquent à suivre ce qui ne s'adresse pas
à elles. Ne voyant pas clairement le plan de Dieu et la voie du salut, mais
désirant être fidèles à la Parole, elles observent par exemple le Sabbat,
prétendent avoir des dons particuliers, veulent suivre tous les préceptes des
Évangiles, à la lettre, veulent introduire le Royaume dès maintenant, etc.
(96) Voir Apoc. 19 : 7 ; 21 : 9.
(97) Mat. 10 : 9, 10 et les
parallèles.
(98) Certains ont dit que les
préceptes des Évangiles étaient beaux mais impraticables. Ils ont raison,
certains préceptes ne conviennent pas à notre époque. Et ceux qui sont
applicables de tout temps, comme la charité, ne peuvent s'exercer que par une
action spirituelle en nous et ne peuvent donc pas être observés par n'importe
qui.
(99) Rom. 10 : 2.
Et nous ne parlerons pas de
l'Église Romaine qui s'applique à elle-même tout ce qui est dit à Israël. Que
chacun s'interroge et se rende compte de la position dans laquelle Dieu l'a
placé, et ce que Dieu désire de lui. Sans doctrine scripturaire il est
impossible de vivre selon la volonté de Dieu.
11.
Les cérémonies de la Loi devaient être observées par les Juifs, même par ceux
qui croyaient en Jésus-Christ. - Nous avons montré que la Loi, donnée par
Dieu à Moïse, demandait avant tout d'aimer Dieu et son prochain et visait donc
le coeur de l'homme. Les cérémonies n'avaient aucune valeur en elles-mêmes, et
l'Eternel les avait en horreur lorsqu'elles étaient faites par des hommes dont
le coeur n'était pas bien disposé. Les Évangiles attirent de nouveau
l'attention sur cette disposition intérieure, mais ne disent jamais que les
choses extérieures ne doivent plus êtres observées par ceux auxquels elles ont
été données, c'est-à-dire les Juifs. Au contraire, nous verrons quelques
passages qui mentionnent ces cérémonies et insistent pour que rien n'en soit
négligé.
Mat. 6 parle de la loi, du
temple, des offrandes, du jeûne, etc.
Mat. 7 ne demande rien qui
n'est pas contenu dans « la loi et les prophètes ».
Mat. 19 : 17 « Observe les
commandements »
Mat. 23 : 23 : Le plus
important dans la loi c'est la justice, la miséricorde et la fidélité, mais il
ne faut pas négliger les autres choses.
Mat. 24 : 20 : Le sabbat est à observer
dans l'avenir.
Il est d'ailleurs bon de se
remémorer les paroles du Seigneur : « Ne croyez pas que je sois venu pour
abolir la loi ou les prophètes, je suis venu non pour abolir, mais pour
accomplir. Car je vous le dis, en vérité, tant que le ciel et la terre ne
passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait
de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l'un de
ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même,
sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les
observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le
royaume des cieux » (Mat. 5 : 17-19). Lui-même observe tout fidèlement, ainsi
que ses disciples.
Les symboles, les ombres
restent tant qu'ils sont utiles, ne fût-ce que pour ceux qui ne voient pas
encore la vérité.
Nous avons déjà vu dans les
prophètes que la Loi et les cérémonies existeront encore pendant le Royaume, et
les descriptions détaillées du temple d'Ézéchiel avec ses offrandes, sa
circoncision, etc., doivent donner à penser à ceux qui croient que la Loi ne
doit plus être observée depuis la venue du Seigneur. La loi sera écrite dans
leur coeur (Jér. 31 : 31-34), c'est-à-dire qu'ils y prendront plaisir (Rom. 7 :
22 ; Ps. 37 : 31 et tout le Psaume 119).
Mais tous ne doivent pas
l'observer sous la forme donnée à Israël, seulement ceux à qui elle a été
donnée : ceux d'Israël. Et ils ne peuvent le faire que dans leur pays et quand
leur temple existe. Tant qu'ils ne sont pas considérés comme peuple de Dieu, il
leur est impossible d'observer la Loi.
12. Israël
aura une mission mondiale. - Nous renvoyons à la proposition 8. Sous la
direction des douze Apôtres, ils doivent évangéliser le monde. Ils auront pour
cela les puissances spirituelles nécessaires. Le Seigneur sera avec eux et
confirmera leur parole par des signes.
Ils seront la lumière des
nations et porteront le salut de l'Éternel jusqu'aux extrémités de la terre (100). Ils
publieront la gloire de l'Éternel parmi les nations (101). Satan
étant lié pendant ce temps (102) et la malédiction ne pesant plus sur la terre (103), leur
oeuvre portera des fruits.
13. La
Nouvelle Alliance avec Israël est conclue par le Christ. -Les prophètes
avaient annoncé qu'une nouvelle alliance serait faite avec la maison d'Israël
et la maison de Juda (104). Nous avons vu que I'Ancienne Alliance promettrait la
vie « éternelle » sous réserve de satisfaire à la Loi et qu'Israël avait pris
l'engagement de faire par sa propre force tout ce que le Seigneur demandait.
C'était un engagement par lequel l' « épouse » de l'Éternel s'était mise sous
l'esclavage de la Loi.
(100)
Es. 49 : 6.
(101)
Es. 66 : 19.
(102)
Apoc. 20 : 2.
(103)
Rom. 8 : 19-22.
(104)
Voir Es. 55 : 3 ; Jer. 31 : 31-34 ; Ez. 37 : 24-28.
Or la Loi prévoyait le cas où
une femme s'étant liée par un engagement, pouvait être déliée par son mari (105). La
Nouvelle Alliance viendrait délivrer l'épouse par la grâce ; l'Éternel ne se
souviendrait plus de son péché après sa repentance. Dans tout ceci, il n'est
pas question des gentils. Ni l'Ancienne Alliance, ni la Nouvelle ne sont faites
avec eux. Ils participeront cependant aux bénédictions de la Nouvelle Alliance,
puisque celle-ci permettra à Israël d'être un peuple de prêtres et de répandre
les bénédictions sur toute la terre. Toute alliance demandait l'effusion du
sang (106), en particulier, sans sang, pas de pardon. L'alliance de Jér. 31 devait
amener le vrai rachat des transgressions, devait enlever les péchés. Le sang
des boucs et des veaux n'était pas suffisant pour cela. Il fallait le propre
sang du Seigneur. Cette Alliance ne pouvait donc être faite que par la mort du
Christ (107).
Le premier jour des pains sans
levain (108), le 14 Nisan (109) au soir, le Seigneur tenait la Pâque avec ses
disciples et après le repas (110), Il prit la coupe de bénédiction (111) et dit : «
Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang » (112). Chaque
fois qu'ils boiraient cette coupe, les Juifs chrétiens annonceraient la mort du
Seigneur à leurs frères en Israël et leur rappelleraient que le sang avait été
versé, la nouvelle alliance conclue, la délivrance toute prête.
Ainsi la Pâque, rappelant
d'abord leur sortie symbolique d'Égypte, prenait sa vraie signification : elle
représentait le sang de l'Agneau versé pour faire la nouvelle alliance, qui
délivrerait Israël du péché. Chaque année le 14 Nisan, les Juifs chrétiens
répétaient donc leur témoignage et cela tant que la nation ne se serait pas
repentie et que le Seigneur ne serait pas venu en gloire.
(105) Nom. 30 : 7-9. (106) Ex.
24 : 8 ; Héb. 9 : 20.
(107) Héb. 9 : 22.
(108) Mat. 26 : 17.
(109) Lév. 23 : 5.
(110) Luc. 22 : 20 ; 1 Cor. 11 :
25.
(111) 1 Cor. 10 : 16. On sait que
le rituel de la Pâque juive. comprenait quatre coupes, dont deux précédaient le
repas, qui ne faisaient Pas partie du rituel, et les deux autres suivaient. La
troisième coupe était appelée la « coupe de bénédiction ». Les pains plats
étaient rompus pour être mangés à plusieurs reprises pendant le rituel. Le
Seigneur a suivi ces coutumes et n'a rien innové, ni institué. Il a accompli et
expliqué.
(112) 1 Cor. 11 : 25.
Il est en effet bien évident
que leur Roi venu et son Royaume établi, la Pâque, quoique encore fêtée (113) ne le sera
plus pour annoncer Sa mort, le but, la conversion d'Israël, étant alors
atteint, et tous sachant qu'Il est mort pour eux. La Pâque se fêtera simplement
en mémoire de l'amour du Seigneur, qui a donné son sang pour la délivrance
d'Israël et du monde. Le Seigneur boira alors, dans le Royaume de son Père, ce
fruit de la vigne d'une nouvelle manière (114). La Pâque sera alors « accomplie » (115). Aussi
longtemps qu'Israël est rejeté, la Pâque ne saurait être fêtée.
Il est bien téméraire de
conclure de l'expression « ceci est mon corps » à l'idée de la
transsubstantiation, puisque l'expression qui suit : « Cette coupe est la
nouvelle alliance » ne peut s'entendre littéralement. Pourquoi alors
faudrait-il comprendre littéralement que le pain est son corps ? Mais toute
défense de la messe romaine s'écroule quand on remarque qu'il s'agit ici de la
Pâque juive et que l'Éternel a dit à Moïse et à Aaron : « Voici une ordonnance
au sujet de la Pâque : aucun étranger (c'est-à-dire incirconcis dans la chair)
n'en mangera » (116). Nous regrettons profondément de heurter peut-être les
sentiments religieux de nos lecteurs. Nous donnons ici l'impression de démolir,
alors que nous croyons tout simplement mettre au point et laisser à César ce
qui est à César. Et que l'on ne craigne aucune perte. Si la Nouvelle Alliance
n'est pas faite avec nous, nos privilèges n'en sont pas moins grands. Au
contraire, nous verrons que nos bénédictions, qui ne sont pas terrestres,
dépassent de loin tout ce qui accompagne la Nouvelle Alliance.
(113) Ez. 45 : 21.
(114) Mat. 26 : 29.
Littéralement « j'en boirai nouveau », c'est-à-dire d'une manière nouvelle.
(115) Luc 22 : 16.
(116) Ex. 12 : 43-48. Pour y
participer ils devaient se laisser circoncire c'est-à-dire être incorporés dans
le peuple d'Israël. Et n'oublions pas Ez. 44 : 9 qui montre que la circoncision
du coeur ne suffit pas, il faut aussi celle de la chair. Le lecteur pourra
objecter que Paul semble pourtant proposer de tenir ce repas dans la première épître
aux Corinthiens. Nous ne ferons observer ici qu'une chose, c'est qu'il
s'adresse dans les chapitres 10 et 11 aux « frères » dont les pères ont
accompagné Moïse (1 Cor. 10 : 1-5). A Corinthe il y avait des chrétiens Juifs
et des chrétiens gentils. Lorsque Paul parlait de cérémonies juives, il était
évident pour tous qu'il visait uniquement les Juifs. Nous ne devons pas nous
attendre à ce qu'il le mentionne encore plus explicitement qu'en 1 Cor. 10 :
1-5.
De même, si notre « assemblée »
ne forme pas l'« épouse », nous n'en sommes pas moins en communion encore plus
intime avec le Seigneur. Nous ne pouvons que gagner à connaître la vérité, même
si nous devons la « payer » (117) par le sacrifice de beaucoup de choses qui nous ont
été chères.
14. La
rémission des péchés est conditionnelle et était déjà connue des Prophètes. -
Pour bien nous rendre compte des choses contenues dans les Évangiles, Il est
important dans tous les cas, de ne pas introduire dans ce qui nous est dit du
temps qui s'y rapporte, des vérités révélées plus tard. Pour voir clairement ce
qu'il faut entendre par rémission des péchés, ne consultons surtout pas
l'Apôtre Paul lorsqu'il parle de la justification. Nous reviendrons plus tard
sur le contraste des deux. Pour le moment, bornons-nous à apprendre ce que
signifie la rémission des péchés par ce qui en est dit par le Seigneur. C'est
là tout ce que ses auditeurs en savaient et c'était suffisant pour comprendre.
La Parabole du Roi et de ses
serviteurs illustrera la chose (118). Nous lisons d'abord que sur la prière d'un de ses
serviteurs, une dette très importante est « remise » (119). Comme ce
serviteur avait mal agi en n'ayant pas pitié d'un compagnon qui ne lui devait
pas grand-chose, il dut payer tout ce qu'il devait. Et la morale est : « C'est
ainsi que mon Père Céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son
frère de tout son coeur ». Aucun commentaire n'est nécessaire. Le « sermon sur
la montagne » dit du reste : « Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père
ne vous pardonnera pas non plus vos offenses » (120). Ce n'est pas le pardon
parfait, définitif, sans les oeuvres, dont parlera Paul par exemple dans
l'épître aux Éphésiens (121).
(117) Prov. 23 : 23.
(118) Mat. 18 : 23-35.
(119), Mat. 18 : 27. Il est
important de remarquer que le texte inspiré emploie ici le verbe
« aphièmi » traduit par «
remettre» et , pardonner ».
(120) Mat. 6 : 15. Voir aussi
Marc 11 : 25, 26.
(121) Eph. 4 : 32. Ici «
pardonné » est le verbe charizomai.
Que l'on se rende donc bien
compte que dans les Évangiles on ne dépasse pas ce que les Prophètes avaient
déjà proclamé (122). Le péché n'était pas enlevé, mais « couvert » (123) par les
sacrifices d'animaux en vue du sacrifice réel de la Victime « expiatoire » (124). Se borner
aux Évangiles, c'est se priver de la réconciliation et de la justification où
l'homme cesse d'être considéré comme pécheur et où le péché n'est pas couvert,
mais où l'homme est mort au péché et juste par sa communion avec le Seigneur.
15. Dans
les Évangiles, le but à atteindre est la Nouvelle Naissance. - De même que
dans l'Ancien Testament il est déjà question d'un nouveau coeur et d'un esprit
nouveau (125), qui suivraient la repentance et le pardon des péchés,
l'Évangile selon saint Jean parle de la nouvelle naissance, de la naissance de
l'Esprit (126). C'est après cette naissance que les hommes pourront
faire ce que Dieu demande, non plus par leurs propres efforts, mais par la
puissance de l'Esprit qui agit en eux (127). Par une repentance nationale, Israël devait arriver à
une nouvelle naissance nationale et amener ensuite sur terre une nouvelle
naissance mondiale. L'âge prochain est donc appelé la « nouvelle naissance » (128). La
nouvelle naissance personnelle est de tout temps et n'est pas nécessairement
accompagnée de signes extérieurs. Cela dépend des circonstances.
16.
La Vie éternelle dont parlent les Évangiles, est la vie sur terre (pendant
l'âge prochain) de ceux qui ne meurent plus. - Nous devons renvoyer ici à l'appendice 1 résumant une étude
longue et détaillée concernant la signification des expressions hébraïques et
grecques telles que : ôlam et aiôn.
(122) Voir par exemple 2 Sam. 12
: 13 ; 2 Chron. 7 : 13, 14 ; Ps. 32 : 5 ; Es. 6: 5-7 ; 43 : 25, 26 ; Actes 10 :
43.
(123) Rom. 4 : 7. C'est le sens
du mot hébreu traduit par propitiation. Voir note p. 38.
(124) 1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10.
(125) Deut. 30 : 6 ; Ps. 51 : 7,
12 ; Es. 44 : 3 ; 57: 15 ; Jer. 24 : 7 ; 31 : 33 ; 32 : 39 ; Ezéch. 11 : 19 ;
18 : 31 ; 36 : 25-27 ; Joël 2 : 28-32.
(126) Jean 3 : 3, 5, 6.
(127) Nous examinerons ceci plus
en détail dans « La Voie du Salut ».
(128) Mat. 19 : 28 texte grec,
traduit par « renouvellement de toutes choses ».
Il n'y a aucun doute qu'il
s'agit des « âges », de ce qui caractérise les grandes périodes pendant
lesquelles le dessein de Dieu s'exécute. L'âge prochain est spécialement visé
par les prophètes, c'est celui du Royaume sur terre. La vie pendant cet âge
(éon), la vraie vie de ceux qui croyaient dans le Seigneur, est la vie «
éonienne », traduit par « vie éternelle ». De même les Évangiles nous parlent
de cette vie. Si l'on compare les deux versets suivants :
« Prenez possession du royaume
qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » (Matth. 25 : 34.)
« Les justes (iront) à la vie
éternelle. » (Matth. 25 : 46.)
On voit clairement ce
qu'indique la « vie éternelle » (129).
Le passage suivant en est une
confirmation :
« ... reçoive beaucoup plus
dans ce siècle-ci et dans le siècle (aiôn) à venir, la vie éternelle. » (Luc
18: 30.)
Ici encore nous mettons le
lecteur en garde contre la peur de perdre quelque chose en distinguant ce qui
diffère. La vie « éonienne » se rapporte aux « âges », à ce qui est imparfait
ou dans le péché. Ce qui nous est offert comme but, comme salut complet, ce
n'est pas cela, mais Christ qui est notre vie (130). En qualité de membres de
Son Corps, nous sommes à la droite de Dieu, hors des « âges » et de la création
imparfaite ou pécheresse.
17. La
foi en Jésus-Christ mène à la vie éternelle sur terre. - « Celui qui croit
en moi (131) a la vie éternelle » (Jean 6 : 47). Dieu est la source de
toute Vie réelle. Christ seul peut nous la communiquer. Par la foi en Christ on
est en communion avec lui et la vie « naturelle » peut ainsi être changée en
vie « éonienne » (éternelle). Dieu a donné la vie « éternelle », dit l'Apôtre
Jean, et cette vie est dans son Fils (132). La communion peut être plus intime, comme nous le
verrons plus tard et ainsi conduire à la vie « éternelle » céleste et même à la
vie parfaite au-dessus de tout ce qui concerne les âges, à la droite de Dieu.
(129) La vie elle-même ne cesse
pas après cet âge, mais elle aura ensuite un autre caractère conforme à l'âge
suivant.
Eonienne » ne limite donc pas,
mais caractérise.
(130) Col. 3 : 4.
(131) Le texte utilise la
préposition « eis » c'est-à-dire « jusque dans ».
(132) 1 Jean 5 : 11.
Ainsi que nous l'avons vu dans
la proposition 16, la vie eonienne (éternelle) n'est reçue effectivement que
pendant l'âge prochain (133). C'est donc en général après la résurrection qu'on y a
part. Les prophètes connaissaient cette résurrection (134). Les
croyants en Christ qui vivent encore, seront transformés et ne mourront pas - «
Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et
croit en moi ne mourra jamais », (Jean 11 : 25, 26). C'est la résurrection « au
dernier jour » (135), c'est-à-dire au dernier jour de notre âge, juste
avant le « siècle à venir » (136). Il y a en plus une résurrection « d'entre les morts »
(137)
à laquelle prennent part ceux qui sont enlevés et qui vont à la rencontre du
Seigneur (138). Enfin il y a avant cela une « hors résurrection
d'entre les morts » (139) pour ceux qui « paraîtront » avec Christ quand Il
viendra dans la gloire (140).
18. Israël
n'était pas rejeté après avoir crucifié son Messie, mais pouvait encore
accepter par la repentance le pardon qui lui était offert.
Le pardon sur la base de
l'expiation était connu d'Israël (141). Lorsque le vrai sacrifice allait être offert, la
divine Victime disait : « Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font » (142). Le
Seigneur déclarait ainsi, et nous devons par conséquent l'accepter, que c'était
de leur part un péché involontaire et non « à main levée ». D'après la Loi ils
pouvaient donc réellement être pardonnés.
(133) Luc 18 : 30.
(134), Voir par exemple Es. 26 :
19 ; 27 : 13 ; Dan. 12 : 2 et Luc 20 : 37.
(135) Jean 6 : 40 ; 11 : 24.
(136) Luc 20 : 35.
(137), Marc 12 : 25 ; Luc 20 :
35 (texte grec) « d'entre les morts » indique que certains ressuscitent et que
les autres restent morts.
(138) I Thes. 4 : 17. Il s'agit
ici de ceux qui auront part à la vie éternelle céleste. Ils sont appelés « fils
». Voir « Les Messages de l'Apôtre Paul » et « La Voie du Salut ». Voir aussi
Luc 20 : 36.
(139) Phil. 3 : 11 (texte grec).
(140) Col. 3 : 4.
(141) Nom. 15 : 27-31.
(142) Luc 23 : 34.
En plus, si nous croyons que
les prières du Fils sont exaucées, nous avons une deuxième preuve qu'Israël est
pardonné.
L'Apôtre Pierre confirmait cela
en disant : « Et maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance,
ainsi que vos chefs » (143), et il ajouta : « Repentez-vous donc et
convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de
rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu'il envoie celui qui
vous a été destiné, Jésus-Christ »...
Dieu pardonnait, mais ce pardon
devait être accepté par la repentance. Il est donc bien certain qu'Israël n'a
pas été rejeté par Dieu après le crucifiement. Il était pardonné en puissance
et il pouvait l'être en effet pendant le temps des Actes des Apôtres. Ceux qui
croient que ce peuple est définitivement rejeté, oublient ce qui précède et ne
tiennent pas compte non plus de la parole du prophète Jérémie disant que, pas plus
que la création ne serait anéantie, Israël ne serait rejeté pour ce qu'il a
fait (144).
19. Après
l'Ascension les disciples devaient attendre la puissance de l'esprit annoncée
par les prophètes et par le Seigneur. - Ils devaient attendre à Jérusalem ce
que le Père avait promis : la puissance d'en haut (145). Voyons ce
que les prophètes avaient dit de ces promesses :
« Je répandrai mon esprit sur
toute chair. » (Joël 2 : 28.)
« Je répandrai mon esprit sur
ta race (c'est-à-dire Israël). » (Es. 44 : 3.)
« Je vous donnerai un coeur
nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau (adressé à Israël). » (Ez. 36:
26.)
Nous verrons plus loin comment
ces prophéties ont reçu un commencement de réalisation à la Pentecôte et comme
quoi là aussi il s'agissait d'Israël.
e) La Croix et la Résurrection
Dans notre rapide aperçu, nous
avons vu que Dieu a fait une créature bonne, mais que celle-ci s'est écartée de
Lui ; que Dieu a ensuite donné un moyen de restauration : Adam, mais que dans ce
cas encore, la créature a manqué son but.
(143) Actes 3 : 17.
(144) Jer. 31 : 85-37.
(145) Luc 24 : 47-49.
Enfin Dieu a choisi un peuple
pour arriver ainsi à une renaissance, à un Royaume sur terre, à une nouvelle
création et enfin au but : Dieu tout en tous (146).
Par la « loi et les prophètes
», ce peuple savait qu'un jour viendra l'Oint, le Messie, le Christ, et cet
événement formidable arriva : l'Image de Dieu n'est pas seulement devenue
créature pour créer, mais a pris la forme du serviteur pour sauver. Tout était
bien prêt : le peuple, le pays, la cité, le Roi. Mais comme toujours, le
dessein de Dieu doit se réaliser dans la liberté. Dieu offre, rend capable et
la créature doit accepter et exécuter. Une chose est encore nécessaire : ayant
expérimentalement appris leur impuissance et leur péché, étant conduits par la
Loi à Christ, les Juifs en premier lieu doivent l'accepter, c'est-à-dire
reconnaître leur état, leur séparation d'avec Dieu, leur péché et se tourner
vers Dieu pour être aidés, c'est-à-dire pour être pardonnés. Et derechef, là
encore, c'est la chute : le peuple choisi rejette son Messie. Est-ce la fin de
toute chose ? Non, la grâce divine n'est pas épuisée. L'impossible s'accomplit.
Déjà « simple homme », le Fils s'humilie encore jusqu'à la mort, même jusqu'à
la mort de la croix. C'est une absurdité pour l'homme naturel, un scandale pour
les Juifs, un fait incompréhensible pour le disciple. Est-ce la victoire finale
de Satan ? A-t-il anéanti la postérité de la femme ? Non, c'est la solution
sublime du problème impossible à résoudre : comment être un Dieu d'amour en
même temps qu'un Dieu de justice ?
Dans « La Voie du Salut »,
nous nous proposons d'examiner de plus près l’oeuvre de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Mais dès à présent, nous insistons sur le fait que Son Sang n'a
pas seulement servi à sceller la Nouvelle Alliance avec Israël, mais que ce
sang a une puissance qui permet de réaliser bien plus. Il enlève le péché du
monde. Il peut réconcilier, justifier, et donner la paix à tous.
Par sa résurrection d'entre les
morts, Jésus-Christ a été déclaré avec puissance Fils de Dieu. Comment les
Juifs ne reconnaissent-ils pas que c'est par Lui seul qu'ils peuvent être
sauvés ?
Le sacrifice libérateur était
accompli, le Messie vivait et la grâce abondait. Le temps des Actes permettait
donc un témoignage vigoureux et décisif vis-à-vis du peuple choisi.
(146) Voir pages 20, 21 et 29.
Si le Seigneur Jésus est le
Messie au point de vue national, il est aussi le Rédempteur personnel. La créature
individuelle, séparée de Dieu, doit apprendre à ne pas se prendre comme centre,
elle doit apprendre à mourir à elle-même et à revenir vers la source de tout
bien. Mais comment arriver à ce résultat ? Son écart même l'empêche de prendre
la voie du salut.
D'où vient ce mal ? D'un seul
homme : Adam. Mais une nouvelle humanité est formée maintenant, qui a comme
origine Jésus-Christ, le second Adam. S'étant abaissé jusqu'à l'humanité
d'Adam, il est mort à cette humanité et par sa résurrection a commencé la nouvelle
humanité. Ainsi le pont est jeté, le chemin est ouvert, le retour est possible.
Il possède tout et par amour Il veut tout donner. Une seule condition est
nécessaire : la communion avec Lui. Alors que tous les hommes sont
nécessairement, selon la chair, en communion avec Adam et sont par conséquent
sous le péché, la communion avec le Christ doit être acceptée individuellement
par la foi. On peut alors dire que l'on est mort avec Christ et justifié du
péché.
La Voie du salut se dessine :
l'homme peut par ses facultés naturelles reconnaître Dieu dans la création, se
rendre compte de sa faiblesse et se tourner librement vers son Créateur. Dieu
peut ainsi lui donner les facultés spirituelles nécessaires pour comprendre les
choses spirituelles et pour venir en communion par la foi avec le second Adam.
L'homme peut alors mourir à son ancienne humanité et vivre en Christ, dans la
nouvelle humanité.
f) La Période des Actes des Apôtres
Dès qu'on a commencé à oublier
que le Seigneur a été le serviteur des circoncis et est venu confirmer les
promesses faites aux pères d'Israël, les Évangiles ont été mal compris et la
période des Actes a été, par voie de conséquence, en grande partie faussement
interprétée.
Or, c'est sur ces fausses
interprétations que se fondent toutes les dénominations ou sectes religieuses
et nous sommes persuadés que le désarroi actuel est, en grande mesure, la
conséquence d'un faux départ.
Tout ce qui a divisé et divise encore
les chrétiens sérieux, a sa source dans une erreur d'interprétation des Actes :
baptême d'eau, cérémonies diverses, dons spirituels, sabbat et légalisme, faux
millénarisme, communisme chrétien, etc.
Nous n'avons pas la prétention
d'élucider complètement les événements de cette période importante, mais nous
croyons pouvoir montrer tout au moins quelques aspects des Actes qui suffiront
pour éviter tout écart important de la vérité. Dans ce but, nous tâcherons
d'avoir bien soin de n'introduire aucune idée préconçue, aucune tradition
humaine. Nous souvenant des enseignements de l'Ancien Testament et des
Évangiles, nous examinerons de nouveau les Actes et essaierons de voir s'il y a
là une continuation de ce qui précède ou le commencement d'un nouvel ordre de
choses.
Nous pensons que nous rendrons
l'examen plus clair en démontrant une série de propositions. Mais nous
rappelons au lecteur que ces propositions n'ont pas été formulées a priori et
que nous n'avons pas ensuite essayé de solliciter les Écritures pour en prouver
l'exactitude. Ces propositions sont au contraire le résultat d'un examen
sérieux où l'Écriture, prise dans son sens littéral quand cela était possible,
ou tout au moins dans son sens le plus naturel, nous a toujours servi de guide
: nous avons toujours voulu expliquer l'Écriture par l'Écriture. Il importe
d'ailleurs, comme dans toute interprétation de faits historiques, de nous
placer dans les conditions du temps envisagé, et de ne pas tout considérer de
notre point de vue actuel.
1-Les Apôtres
attendaient et Proclamaient le Royaume pour Israël. - Pendant quarante jours,
le Seigneur ressuscité avait parlé du Royaume de Dieu (147) et comme
les Apôtres devaient attendre ce que le Père avait promis, ils supposaient que
la royauté allait être rétablie pour Israël et ils demandèrent : « Seigneur
est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël ? » (148). Tenant
compte de ce que nous avons examiné précédemment, il est impossible de supposer
qu'ils veulent parler d'un royaume spirituel.
(147) Actes 1 : 3.
(148) Actes 1 : 6.
Il n'est pas non plus possible
de supposer que les Apôtres se trompaient et n'auraient pas dû attendre un
royaume terrestre. En effet, après les quarante jours d'instructions au sujet
du Royaume et après que leur esprit avait été ouvert « afin qu'ils comprissent
les Écritures » (149), il serait bien téméraire de vouloir leur en
remontrer. Du reste, le Seigneur ne leur a pas reproché de faire erreur, Il a
simplement dit que ce n'était pas à eux de connaître le temps. Nous qui
savons que le Royaume, alors si proche, serait définitivement rejeté par
Israël, sommes en mesure de comprendre pourquoi le Seigneur ne pouvait donner
de réponse précise. Il aurait dû dire que ce royaume tarderait encore de longs
siècles et cela aurait anéanti leur témoignage envers Israël.
Le Royaume était effectivement
proche et ils devaient l'annoncer comme tel sans savoir si Israël se
repentirait ou non. Dieu seul savait dans quel sens ce peuple se prononcerait
et Lui seul pouvait fixer le temps. Il n'est pas toujours bon de savoir
certaines choses, et nous non plus ne devons pas vouloir connaître ce que Dieu
n'a pas encore révélé. Nous verrons, que cette attente justifiée du Royaume sur
terre existe pendant toute la période des Actes, et dans notre deuxième
proposition nous mentionnerons de nombreux signes de la proximité de ce
Royaume.
Au début des Actes nous voyons
que l'Apôtre Pierre, fait usage des « clés » du Royaume pour amener son peuple
à la repentance (150). C'était là la seule condition encore à satisfaire,
pour que Jésus-Christ vint du ciel de la même manière dont ils l'avaient vu y
aller (151). Tous les Apôtres annonçaient la bonne nouvelle que Jésus était le
Christ (152), c'est-à-dire l'Oint, le Roi – Prophète -Prêtre. Ce n'est
pas la prédication qui convient à notre temps et comme nous le verrons plus
loin, ils ne s'adressaient qu'aux Juifs : Israël devait passer par une
repentance nationale, pour que le Messie vînt et alors seulement toutes les
familles de la terre seraient bénies par Israël (153). Ce message était accompagné
d'un témoignage divin : miracles, prodiges et signes.
(149) Luc 24 : 45.
(150) Actes 2 : 38 ; 3 : 19.
(151) Actes 1 : 11.
(152) Actes 5 : 42 ; 8 : 5, 12 ;
17 : 3 ; 18 : 5, 28.
(153), Actes 3 : 25.
L'Apôtre Paul aussi a proclamé
le Royaume (154), mais il a proclamé plus que cela, comme nous le
verrons dans « Les Messages de l'Apôtre Paul ».
Conformément à ce que les
prophètes avaient annoncé et à ce que le Seigneur avait rappelé en le
précisant, Paul déclare à son tour à Israël que c'est par beaucoup de
tribulations qu'ils entreraient dans le Royaume (155).
2.
Les signes annonçant le Royaume abondaient pendant les Actes. - L'âge à venir était proche et les puissances de cet
âge (156) devenaient visibles. Dieu avait précédemment rendu témoignage à
Jésus-Christ par des miracles, prodiges et signes (157). Maintenant
ce témoignage accompagnerait les disciples. La guérison d'un boiteux était
obtenue par la puissance divine, pour glorifier son serviteur Jésus (158). L'ombre de
Pierre était suffisante pour guérir les malades (159). Les démons furent maîtrisés
(160).
Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul (161), jusqu'à la
fin des Actes (162). Marc 16 : 17, 18 s'accomplissait littéralement.
Les anges mêmes interviennent
et montrent qu'ils sont des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un
ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut (163). Ils
ouvrent les portes des prisons (164), conduisent et aident les disciples (165), mais font
aussi justice (166). Une des caractéristiques du Royaume est, en effet, la
justice immédiate. Point de longs délais comme actuellement. Les coupables de
ce temps sont inexcusables et reçoivent instantanément leur châtiment.
(154) Actes 20 : 25 « de Dieu »
ne se trouve pas dans les principaux manuscrits.
(155) Actes 14 : 22.
(156) Héb. 6 : 5.
(157) Actes 2 : 22.
(158) Actes 3 : 2-13.
(159) Actes 5 : 15, 16.
(1-60) Actes 8 : 7 ; 16 : 16-18
; 19 : 12.
(161) Actes 19 : 11, 12.
(162) Actes 28 : 4-9.
(163) Héb. 1 : 14.
(164) Actes 5 : 19 ; 12 : 7-10.
(165) Actes 8 : 26, 29, 39 ; 10
: 3, 19, 22, l'ange est aussi appelé « esprit » ;11 : 12, 13 ;27 : 23.
(166) Actes 12 : 23.
Les cas d'Ananias et Saphira (167), d'Hérode (168) et du
magicien Bar-Jésus (169) sont bien connus. Les forces naturelles sont au
service des hommes (170), comme ce sera la règle pendant le Royaume (171). Tous ces
témoignages divins donnent une pleine assurance aux serviteurs de Dieu (172) et les dons
particuliers, leur permettant de connaître ceux auxquels ils parlent, rendent
possible leur travail qui dépasse les forces humaines. De notre temps nous ne
possédons rien de tout cela.
Nous terminons la démonstration
de cette proposition en signalant qu'un communisme chrétien se manifesta en ce
temps-là (173). Dans ce trait aussi, on avait une ombre de ce qui
existerait pendant le royaume de paix, le grand jubilé d'Israël.
Observant comment tous ces
phénomènes particuliers sont en rapport avec Israël et le Royaume sur terre, on
cesse d'être étonné de ce qu'on ne les voit plus à notre époque, où Israël,
rejeté pour un temps, est hors de son pays, et où le Royaume n'est pas proche.
On constate qu'Israël est la clé de bien des problèmes et que les difficultés
disparaissent dès qu'on accepte littéralement et simplement ce que nous dit la
Parole. Il est frappant que les épîtres de Paul écrites après la réjection
d'Israël (fin Actes) ne mentionnent plus aucun signe. Au contraire, Paul qui
faisait des miracles extraordinaires ne sait plus guérir Epaphrodite qui est
tout près de la mort (174) et laisse Trophime malade à Milet (175). Qu'il ne
dédaigne pas les médecins est montré par son attachement à Luc «, « le médecin
bien-aimé » (176).
(167) Actes 5 : 5.
(168) Actes 12 : 23.
(1,69) Actes 13 : 11.
(170) Actes 16 : 26.
(171), Rom. 8 : 19-22 (voir
aussi les prophètes).
(172) Actes 4 : 29-31.
(173) Actes 2 : 42-46 ; 4 :
32-35.
(174) Phil. 2 :27.
(175) 2 Tim. 4 : 20. Il est vrai
que pendant les Actes Paul avait une « écharde dans la chair » 2 Cor. 12 : 7 ;
Gal. 4 : 14. Mais il ne faut pas oublier que c'était quelque chose
d'exceptionnel. Aussi, comme le Seigneur ne l'enlevait pas malgré sa triple
prière, il reçut un message du Seigneur pour lui faire savoir que c'était
nécessaire pour qu'il ne soit pas enflé d'orgueil à cause de l'excellence de
ses révélations. La règle était : guérison. Ce qui frappe après les Actes,
c'est qu'il n'y a aucun cas de guérison cité, ni d'aucune autre particularité
caractérisant la période des Actes.
(176) Col. 4 : 14.
Nous
ne lisons plus rien au sujet des anges, de la maîtrise des démons, de la
justice immédiate, etc., et loin de bénéficier du communisme, Paul est
abandonné de tous (177).
3. La
Repentance de la Nation Juive est la condition de la venue du Seigneur.
Sous ce rapport, rien n'est
changé depuis la loi et les prophètes, à part que le Seigneur est venu et que
tout contribue à amener cette repentance. Voyons, quelques exhortations :
« Repentez-vous, et que chacun
de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de ses péchés, et
vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous. » (Actes 2
: 38-39.)
Le verset 36 montre qu'il
s'agit de « toute la maison d'Israël ».
« Repentez-vous donc et
convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de
rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu'il envoie Celui qui
vous a été destiné, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu'aux temps du
rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de
ses saints prophètes. » (Actes 3 : 19-21.)
Ces mots sont adressés aux «
hommes israélites » qui avaient livré et renié Jésus-Christ (V. 12, 13).
Et remarquons bien que la
repentance individuelle, de milliers de Juifs ne suffisait pas. Ce qu'il
fallait, c'était une repentance nationale, officielle des représentants
religieux du peuple. Un évangéliste de notre temps aurait été bien satisfait
des résultats obtenus pendant les Actes et aussi lors de la conférence finale
de Paul avec les principaux Juifs de Rome, dont une grande proportion fut
amenée à la foi (178). Mais ceci n'empêche pas Paul d'appliquer au peuple la
sentence d’Es. 6 : 9, 10. Après tant de longanimités et de patience, l'épouse
adultère fut rejetée. Voilà un événement dont les conséquences devaient être
énormes.
En cas de repentance, toute la
prophétie de Joël se serait réalisée et le jour de l'Éternel aurait commencé,
(Joël 2 : 31).
(177) 2 Tim. 1 : 15. Noter que
tous avaient entendu la parole du Seigneur par Paul, quand il faisait des
miracles extraordinaires, Actes 19 : 10-12.
(178) Actes 28 : 17-24.
4. La
Loi, y compris la circoncision et toutes les cérémonies est et doit être suivie
par les Juifs chrétiens, tant qu'Israël est considéré comme peuple de Dieu. -
Nous avons vu page 61 que le Seigneur
n'est pas venu pour abolir la loi ou les prophètes, mais pour les accomplir et
que pas un seul iota ne disparaîtra de la loi, même pendant l'âge prochain.
Nous savons que les prophètes
ont également dit que toutes les cérémonies et la circoncision de la chair
subsistent pendant le Royaume. Si la période des Actes doit amener le Royaume,
nous devons y retrouver des indications que la loi était observée et devait
l'être, même par les Juifs chrétiens. Examinons les textes.
Nous avons d'abord une série de
témoignages prouvant que les fêtes juives étaient observées par les Apôtres et
les Juifs chrétiens. Il en est ainsi de la Pentecôte (179), des jours
des pains sans levain (180), et des sabbats (181). Les Juifs croyant en Jésus-Christ allaient toujours
au temple (182) et à la synagogue (183) et observaient des cérémonies tel le jeûne (184) et
l'imposition des mains (185).
Le cas de Corneille (186) est très instructif.
C'était un homme pieux et craignant Dieu, faisant beaucoup d'aumônes et priant
Dieu continuellement. Ce croyant modèle était sans doute très estimé dans l «
église » ? Et cependant Pierre le considère comme une chose souillée et impure
et il fallut une vision trois fois répétée et l'intervention d'un ange pour que
Pierre, le Juif, se rende chez Corneille le gentil. Et encore Pierre
s'excusa-t-il beaucoup près des circoncis d'être entré chez des incirconcis et
d'avoir mangé avec eux (187). On voit donc combien les Juifs chrétiens étaient
pointilleux dans l'observance de la Loi.
Un lecteur fera peut-être
observer que l'histoire relatée en Actes 15 montre cependant que la
circoncision de la chair n'était plus jugée nécessaire pour les chrétiens.
(179) Actes 2 : 1 ; 18 : 21 ; 20
: 16.
(180) Actes 20 : 6.
(181) Voir Appendice 5.
(182), Actes 2 : 42-46 ; 3 : 1 ;
5 : 20.
(183). Actes 13 : 14, 15 ; 14 :
1, etc.
(184) Actes 13 : 2.
(185) Actes 6 : 6 ; 13 : 3.
(186) Actes 10 : 1-33.
(187) Actes 11 : 2-18.
Dans ce cas, nous
recommanderions à ce lecteur de relire attentivement ce chapitre : il se rendra
compte que la question soulevée était la suivante : les croyants non-Juifs
devaient-ils être circoncis dans le but d'être incorporés (188) dans le
peuple choisi, et d'avoir l'occasion de suivre la Loi donnée aux Juifs pour
être sauvés ? La réponse était négative. Les prophètes n'avaient-ils pas parlé
de la bénédiction des nations (189) par Israël ? Les croyants non-Juifs devaient donc exister
en nations, séparées d'Israël, et ils ne devaient donc pas être circoncis dans
la chair et faire partie d'Israël. On donna cependant quelques recommandations
importantes valables pour ce temps et dans ces circonstances (190).
Que démontre ce passage ?
D'abord que les croyants non-Juifs ne devaient pas être circoncis dans la
chair, ni suivre la loi. Ensuite que les Juifs chrétiens observaient la
circoncision et la loi. Ceci est bien certain puisque toute discussion au sujet
de la circoncision des gentils aurait été inutile, si les Juifs eux-mêmes ne
devaient plus la subir. Ainsi vingt ans après la Pentecôte, un « concile
général » à Jérusalem, réunissant les « princes de l'église » (des Juifs),
montre que les Juifs chrétiens sont toujours fidèles à la Loi.
Il nous semble que la chose est
claire : la Loi n'a pas pris fin lors de l'avènement du Christ (191). Une fausse
interprétation des Évangiles et des Actes a amené des croyants sérieux à blâmer
les Apôtres pour différentes choses ; ils n'auraient pas dû s'enquérir du
royaume (192), ils n'auraient pas dû choisir Matthias comme douzième
Apôtre,
(188) Ex. 12: 43-49.
(189) Actes 15 : 17.
(190) Actes 15 : 28, 29.
(191) Le lecteur pourra faire
plusieurs objections. Nous voulons les examiner toutes dans l'Appendice 6. Nous
n'en relèverons ici qu'une seule : Rom. 10 : 4 n'est-il pas en contradiction
flagrante avec nos conclusions ? Les versions peuvent le faire croire, mais non
pas le texte inspiré. Le sens de « Car Christ est la fin de la loi » est déterminé
par la signification de « fin ». Or, le grec utilise « telos », qui indique
plutôt un but ou une conséquence que la fin de quelque chose. Des exemples tels
que Mat. 26 : 58 et Rom. 6 : 21 le montrent très bien. Pour indiquer qu'une
chose n'existe plus, il y a un autre mot grec : « peras » comme en Héb. 6 : 16
« qui met fin à tous leurs différends ». On voit que les moindres détails de la
Parole confirment les grandes lignes. Il y a là une harmonie parfaite.
(192) Actes 1 : 6.
et surtout pas en tirant au
sort (193), ils ont fait montre de trop de mollesse en tout ce qui touche à la
circoncision (194). Mais on s'en prend surtout à Paul. On lui reproche
son voyage à Jérusalem (195), son insistance à dire qu'il était Juif (196), pharisien (197) et citoyen romain
(198),
son voeu (199) et surtout son offrande (200). Certes,
nous comprenons que tous ces faits mettent dans une situation embarrassante
ceux qui croient que l' « Église », corps de Christ, a commencé à la Pentecôte.
Mais est-ce un motif pour accuser les Apôtres d'erreurs graves ? Ils avaient
reçu le Saint-Esprit déjà avant la Pentecôte (201), leur esprit à eux avait été
ouvert afin qu'ils comprissent les Écritures (202), enfin ils avaient été
instruits pendant quarante jours par le Seigneur (203). S'il y a une difficulté
grave, ne faut-il pas en chercher la raison ailleurs ? Le lecteur verra comment
tout ce qui est difficulté dans la conception ordinaire devient au contraire,
confirmation de notre point de vue : les Juifs chrétiens doivent observer la
loi aussi longtemps qu'Israël est considéré comme peuple de Dieu.
Le témoignage de Paul à ce
sujet est net : Il confirme en public qu'il se « conduisait en observateur de
la loi » (204) et il y revient à plusieurs reprises (205). Mais
dira-t-on, comment est-il possible que des chrétiens puissent encore offrir des
sacrifices ? Jésus-Christ n'est-il pas le seul vrai Sacrifice ? Il en est bien
ainsi, mais de même qu'une image peut précéder la chose même, elle peut aussi
la suivre. Toute cette symbolique de la Loi n'était peut-être plus nécessaire
pour les chrétiens, mais elle pouvait l'être pour les autres. Une chose
cependant est changée : c'est la manière d'offrir.
(193), Actes 1 : 26.
(194) Actes 15.
(195) Actes 21 (Voir appendice
7).
(196) Actes 22 : 3.
(197) Actes 23 : 6.
(198) Actes 22 : 25.
(199) Actes 18 :18.
(200), Actes 21 : 26.
(201) Jean 20 : 22.
(202) Luc 24 : 45.
(203) Actes 1 : 3.
(204) Actes 21 : 24.
(205) Actes 24 : 17-19 ; 25 : 8
; 28 : 17.
Alors que les Juifs non croyants
en Christ offraient comme « sous » la loi, ceux qui sont délivrés de la loi et
ne se trouvent plus sous son joug, offrent plutôt comme « souvenir » (206).
Nous faisons observer que nous
n'avons dû solliciter aucune partie des textes inspirés, mais qu'au contraire
nous les avons pris tout simplement comme ils se présentaient, en tenant compte
des plus petits détails. Nous prenons l'inspiration au sérieux. Nous n'avons
pas non plus choisi quelques textes en négligeant ce qui pouvait gêner notre explication.
Nous n'avons trouvé ni contradictions, ni difficultés (à part celle
d'abandonner nos propres idées et celles de la tradition). Nous n'avons dû
accuser d'erreur grave, ni les Apôtres, ni les disciples. Nous ne sacrifions
qu'une chose : la tradition humaine.
Mais continuons nos recherches
et voyons si la suite confirme nos conclusions.
5. La
Pentecôte est le commencement de réalisation des promesses faites aux Juifs et
ne concerne qu'eux. Les gentils ne commencent à être bénis que longtemps après.
- Il semblera que c'est une thèse bien osée et difficile à défendre. Or, rien
n'est plus facile. Nous rappelons nos propositions : « Jésus-Christ n'a été
envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël » et « l'Église dont il est
question dans les Évangiles est composée de Juifs fidèles au Seigneur ». Il
s'agit d'examiner si cet état de choses est changé radicalement à la Pentecôte.
Les propositions précédentes montrent déjà qu'il n'en est rien, mais nous
voulons l'établir d'une manière indépendante.
Qu'il s'agisse des promesses
données aux Juifs est démontré par les points suivants :
(206) Héb. 10 : 3. Ce texte nous
donne l'occasion de répondre à une autre objection. On cite les versets 4 à 10
pour démontrer que toute offrande est abolie, Christ s'étant offert une fois
pour toutes. Or, cet argument est sans valeur contre notre conception parce
qu'il démontre trop. En effet, ces versets sont la citation de Ps. 40 : 7. Si
on veut conclure de ces textes que les offrandes sont abolies, elles ne
devaient pas non plus exister quand ces paroles ont été écrites, c'est-à-dire
longtemps avant la croix. Ce qui est aboli, c'est l'Ancienne Alliance, et ce
qui est établi c'est la Nouvelle Alliance. Comme nous l'avons fait observer
ci-dessus : ni la Loi, ni les cérémonies de la Loi n’ont cessé, ce qui change
c'est la manière d’envisager la Loi. Jadis, les Juifs voulaient l'accomplir par
leurs propres efforts, maintenant ils le font par la grâce qui est donnée en
Jésus-Christ. Ils sont encore « en »la loi, mais plus « sous » la loi.
1-Le Seigneur leur dit : «
d'attendre ce que le Père avait promis » (207) c'est-à-dire la « puissance
d'en-haut » (208).
2. Ces événements étaient un
commencement de réalisation des prophéties concernant Israël : « Mais c'est ici
ce qui a été dit par le prophète Joël » (209). Et Joël parlait du pays et du peuple de l'Éternel,
Israël.
3. Pierre dit à « toute la
maison d'Israël » : « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour
tous ceux qui sont au loin » (210).
Le fait qu'aucun gentil n'est
présent à la Pentecôte, étonnera peut-être le lecteur, mais il ressort de ce
qui suit :
1. La Pentecôte est une fête
juive (211) et les Juifs ne pouvaient pas se souiller en se mêlant aux
incirconcis.
2. Les textes ne mentionnent
que des Juifs au commencement des Actes (212).
3. Le premier gentil (Chamite)
est mentionné en Actes 8 : 27 et encore est-il manifeste qu'il s'agit d'un «
prosélyte » des Juifs. Les prosélytes circoncis étaient admis dans le temple et
la synagogue. Les incirconcis pas, mais les Juifs avaient commerce avec eux.
4. L'histoire de Corneille que
nous avons déjà mentionnée dans la proposition 4 montre que Pierre n'avait
aucun commerce avec les gentils, même une dizaine d'années après la Pentecôte.
Les circoncis s'étonnèrent de ce que le Saint-Esprit était aussi répandu sur
les païens (213).
(207)
Actes 1 : 4.
(208)
Luc 24 : 49.
(209)
Joël 2 : 28-31 ; Es. 44 : 3 ; Ezech. 36 :
26, etc. Voir aussi la note 125, page 66.
(210) Actes 2 : 36, 39. « :Ceux
qui sont au loin » sont les Juifs dispersés, qui font aussi partie de « toute
la maison d'Israël ». Mais même si l'on entendait par là les gentils, ce n'est
pas encore eux qu'on vise au temps de la Pentecôte.
(211) Lev. 23 : 15, 16.
(212) Actes 2 : 5 « Juifs » ; 2
: 14 1( hommes juifs » ; 2 : 22 « hommes israélites » ; 2 : 36
« toute la maison d'Israël ». A noter que les noms Parthes, Mèdes, indiquent
des Juifs ou prosélytes (v. 10) qui habitaient ces contrées. Les « HélIénistes
» Actes 6 : 1, sont des Juifs ayant les habitudes grecques et parlant le grec.
L'expression « frères » d'Actes 6 : 3 était en usage parmi les Juifs, voir
Actes 7 : 26 et 37. Le mot « peuple » en Actes 4 : 1 est la traduction de «
laos » qui désigne toujours le peuple juif en opposition avec « ethnos »
c'est-à-dire nations (v. 27 par exemple).
(213) Actes 10 : 45.
La question de la présence des
Juifs à l'assemblée de la Pentecôte ne se pose donc pas. Nous n'examinons pas
ici si Pierre avait tort de ne pas s'adresser aux gentils avant Actes 8. N'importe
notre avis là-dessus, nous constatons qu'il ne le faisait pas, ni les autres
juifs et que la présence de gentils à la Pentecôte était donc impossible.
5. Dix ans après la Pentecôte
les Juifs de la dispersion annonçaient la parole aux Juifs exclusivement (214). S'adresser
aux gentils reste toujours une chose exceptionnelle.
6. D'abord les bénédictions
venaient aux gentils par l'intermédiaire des Juifs. Plus tard seulement, après
que les Juifs avaient repoussé la parole de Dieu (215), les bénédictions leur
venaient directement (216).
Pour toutes ces raisons il est
donc évident que la Pentecôte cadre entièrement avec les événements qui
précèdent et qu'elle ne signifie pas la mise de côté des Juifs et le
commencement d'une nouvelle « Église ». Ce qui constitue un fait nouveau, c'est
la réalisation des promesses anciennes. Ce n'est que longtemps après, quand
Israël rejette son Messie, que les gentils commencent à être bénis. L'Apôtre
Paul leur fait connaître ces bénédictions. On se rend compte aussi que les deux
pains de Lev. 23 : 17 représentent Israël et Juda et non Israël et les gentils.
6. L'Apôtre
Paul n'est pas compris parmi les Douze. – Peut-être trouvera-t-on de peu
d'importance que Paul soit compté parmi les douze ou non. Or, souvent un
domaine qui ne semble pas valoir le temps nécessaire à l'examiner peut avoir
des conséquences très importantes. Ce qui n'est qu'un petit écart de la vérité
au début peut conduire à des erreurs graves. Les petites choses ne sont donc
pas à négliger.
Nous avons déjà examiné la
proposition « Les 12 Apôtres ont une mission pour Israël dans le royaume
terrestre » (page 56). Si Paul fait ou avait dû faire partie des Douze, il
serait aussi assis un jour sur un des douze trônes pour gouverner Israël.
(214) Actes 11 : 19.
(215) Actes 13 : 46, 47.
(216) Si l'on nous fait
remarquer qu'en Actes 2 : 47 il est dit « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à
l'Église ceux qui étaient sauvés » nous répondons que le mot église ne se
trouve pas dans les manuscrits principaux et que d'ailleurs il servait aussi à
désigner des assemblées juives (voir page 58, note 91 et Ps. 22: 23).
Or, Paul est tout spécialement
l'apôtre des Gentils (217), et en contraste avec les apôtres de la circoncision (218). Ce qui
n'empêche qu'il s'est aussi adressé tout d'abord au peuple juif (219).
Nous avons déjà mentionné qu'on
reproche souvent aux onze Apôtres de ne pas avoir choisi Paul au lieu de
Matthias, et nous avons montré qu'il était téméraire d'accuser d'erreur ceux
qui avaient reçu le Saint-Esprit, dont l'esprit avait été ouvert et qui,
pendant 40 jours, avaient été instruits par le Seigneur (220). Mais toute
discussion tombe devant le fait que le Saint-Esprit a poussé l'auteur des Actes
à parler des Douze longtemps avant la conversion de Saul (221).
Ce qui distingue les Douze,
c'est qu'ils sont appelés par le Seigneur avant Sa réjection. Paul, et d'autres
comme Barnabas (222), Sylvain, Timothée (223), Andronicus et Junias (224), ont été appelés par le
Seigneur après Son ascension (225).
Tout ce que Paul avait appris
venait directement de la bouche du Seigneur (226), et non des hommes. Trois ans après seulement, il
communiqua avec les Douze.
(217) Actes 9 : 15 ; 13 : 2 ; 22
: 21 ; Gal. 2 : 7-9 ; Eph. 3 : 8; 1 Tim. 2: 7 ; 2 Tim. 1 : 11.
(218) Gal. 2 : 8, 9.
(219) Celui qui occupe une
position plus élevée n'est pas dispensé de s'intéresser à ceux qui se trouvent
au commencement de la voie du salut, au contraire.
(220) Nous ajoutons ici que les
Apôtres ne choisirent nullement Matthias. Ils présentèrent (Actes 1 :
23) les deux seuls qui satisfaisaient aux conditions des versets 21 et 22.
Quant au tirage au sort (v. 26), c'était ainsi que Dieu voulait qu'ils agissent
dans des circonstances de ce genre. Voir Lév. 16 : 8-10 ; Nom. 26 : 55 ; Néh.
10 : 34 ; Jonas 1 : 7, etc. Ceci encore nous montre, d'une part, le besoin
d'être prudent dans ses accusations et, d'autre part, la différence complète
existant entre les circonstances de cette période et celles de la nôtre. Le
tirage au sort ne nous a jamais été ordonné et nous ne pouvons en ,attendre que
des ingérences démoniaques.
(221) Actes 2 : 14 ; 6 : 2. On
pourrait encore ajouter que Paul lui-même se distingue des Douze dans 1 Cor. 15
: 5-9.
(222) Actes 14 : 14.
(223) 1 Thessa. 1 : 1 et 2 : 6.
(224) Rom. 16 : 7. Le nom Junias
peut être masculin ou féminin. Rien ne dit que c'est la soeur ou la femme
d'Andronique.
(225) Eph. 4 : 10, 11. Les
prophètes, c'est-à-dire des personnes qui parlent pour Dieu, mentionnés ici, ne
sont pas ceux de l'A. T. cela est évident, puisqu'ils sont nommés après les
Apôtres.
(226) Actes 22 : 14 ; Gal. 1 :
18.
Tout cela nous fait mieux
comprendre qu'une partie des messages des Douze ne nous concerne
qu'indirectement (227), tandis que ceux de Paul sont de plus grande importance
pour nous. Tout est inspiré et utile, mais tout n'est pas indistinctement
adressé à tous (228).
Pour bien comprendre la marche
suivie par le Seigneur dans la restauration de la création, il est important de
voir que Paul n'a pas le même ministère que les Douze. C'est à lui seul qu'est
révélée une série de mystères, c'est-à-dire des choses qui étaient cachées et
qui concernent l'exécution du dessein de Dieu, Il inaugure des économies (ou
dispensations) nouvelles et va de l'avant, montrant le chemin vers le but à
atteindre : l'identification avec Christ, Dieu tout en tous.
Il est très utile et nécessaire
d'écouter les Douze et de les suivre jusqu'à la « nouvelle naissance », mais
nous ne devons pas nous laisser arrêter par eux dans la voie du salut. Les
Douze ont une mission mondiale future ; Paul a une mission individuelle pour
aujourd'hui et universelle pour plus tard.
Nous faisons remarquer ici que
l'on ne doit donc pas trop parler d'enseignement « apostolique » en s'en
référant aux Douze et qu'une église « apostolique » s'appuyant sur Pierre n'a
actuellement aucun sens. C'est pendant le Royaume que sera bâtie une Église qui
s'appuiera sur les Douze ; elle sera l'assemblée des Juifs chrétiens, et ne
saurait commencer avant la résurrection, les Douze devant être vivants.
7.
L'Apôtre Paul a proclamé plusieurs bonnes nouvelles pendant les Actes et, en
particulier, celle de la réconciliation et de la justification qui dépasse de
loin la nouvelle naissance.
(227) Une partie est universelle
et s'applique à tout homme ; une partie est particulière à Israël pendant cette
période.
(228) Que le lecteur nous
comprenne bien. Prenons comme exemple la Loi donnée à Israël. C'était la
volonté de Dieu pour ce peuple et dans leurs circonstances. Mais il va de soi
que beaucoup des commandements qui en font partie s'appliquent également à
d'autres peuples et à d'autres personnes et que le tout constitue un
enseignement profond pour tous. Par contre, il y a des indications très
spéciales, des cérémonies, etc., qui ne sont pas applicables à d'autres. Tout
cela est donc pour nous, mais tout ne s'adresse pas à nous. Il en est de même
d'autres parties de la Parole et c'est une des raisons pour lesquelles il faut
la diviser correctement (2 Tim. 2 : 15).
Paul, comme les Douze, annonce
le Royaume de Dieu aux Juifs (229), partout, il s'adresse aux Juifs en premier lieu (230), mais,
quand les représentants officiels de la nation rejettent le message du Royaume,
il se tourne vers les Gentils. Nous savons que cela eut lieu par exemple à
Antioche (231), à Corinthe (232) et finalement à Rome (233). Par là, il montre que Dieu
avait bien voulu se servir d'Israël pour exécuter Son dessein, mais qu'Il ne se
laisserait pas arrêter par eux. Le salut était devenu accessible aux Gentils
afin que la nation choisie fût excitée à la jalousie (234). Paul parle
alors de la justification par la foi (235) et il rappelle qu'Abraham fut justifié de cette
manière (236). Il s'agit ici de la postérité et des bénédictions
Abrahamiques célestes dont nous avons déjà parlé (page 33). Il va au-delà du
royaume sur terre, au-delà de la nouvelle naissance et , là déjà, ouvre une
économie nouvelle, qui n'atteindra sa plénitude qu'au cours de l'âge suivant
celui du Royaume : la nouvelle création (voir notre schéma page 29). Ainsi il
fait mieux connaître le mystère de Christ, c'est-à-dire la manière dont Dieu
arriverait à son but. Il expose dans les épîtres qu'il écrivit au temps des
Actes tout ce qui concerne la justification et la nouvelle création. Il passe de
l'ancienne humanité d'Adam à la nouvelle humanité de Christ. Les Apôtres de la
circoncision restent dans l'ancienne création et ne parlent pas d'autre chose.
Leur mission est d'amener d'abord Israël à la nouvelle naissance, puis par
Israël toute la terre.
Dans ses divers messages, Paul
fait donc connaître mieux ce qui était déjà connu dans les grandes lignes. Il
est, en effet, très important de se souvenir que l'évangile du Royaume, la
bénédiction des peuples par Israël et la bénédiction céleste avec Abraham (237) étaient des
choses connues et non cachées (238).
(229) Act. 19 : 8 ; 28 : 23,
etc.
(230) Par exemple Act. 13 : 46,
et voir Rom. 1 : 16.
(231) Actes 13 : 46, 47.
(232) Actes. 18 : 6.
(233) Actes 28 : 17-28.
(234) Rom. 11 : 11.
(235) Actes 13 : 39.
(236) Rom. 4 : 3, Gal. 2 et 3.
(237) Voir aussi Héb. 11 : 16 ;
12 : 22.
(238) Voir aussi la proposition
9.
Dans « Les Messages de
l'Apôtre Paul » nous examinerons plus en détail les messages et les missions
de Paul en nous appuyant sur ses épîtres. Nous verrons alors que, dans celles
qui sont écrites après le temps des Actes, il fait connaître (239) des choses
cachées de tout temps en Dieu ; c'est le grand mystère : l'Église qui est le
Corps de Christ. Une nouvelle sphère de bénédictions est ainsi ouverte, qui
correspond à l'état final : Dieu tout en tous.
Nous verrons que Paul donne
accès à ce qui ne se réalisera en entier que pendant les âges prochains : non
seulement à la nouvelle naissance comme les Douze mais aussi à la nouvelle
création et à l'identification avec Christ. Son « évangile » est complet.
Dans « La Voie du Salut », nous
essaierons de montrer que la voie du salut de chaque homme passe par les mêmes
étapes et que, depuis le moment où Paul a fait connaître le grand mystère, on
peut en esprit déjà atteindre le but : être placé à la droite de Dieu avec
Jésus-Christ.
Le lecteur verra par tout cela
qu'il ne perd rien en laissant à Israël ce qui est à Israël.
8.
L'Apôtre Paul met en garde contre les enseignements pernicieux de certains qui
s'élèveront du milieu des croyants. -
Il dit aux anciens de l'église d'Ephèse : « Je sais qu'il s'introduira parmi
vous, après mon départ, des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau, et
qu'il s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses
pernicieuses pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous
souvenant que durant trois années, je n'ai cessé nuit et jour d'exhorter avec
larmes chacun de vous » (Actes 20 : 29-31).
N'est-ce pas touchant : «
Durant trois années, je n'ai cessé nuit et jour » ? Le péril devait être bien
grand.
Dans ses épîtres, nous lisons :
« Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en
apôtres de Christ. Et cela n'est pas étonnant puisque Satan lui-même se déguise
en ange de lumière. Il n'est donc pas étrange que ses ministres aussi se
déguisent en ministres de justice » (2 Cor. Il : 13-15).
Donc, malgré toutes les
apparences, il faut souvent se méfier.
(239) C'est intentionnellement
que nous n'employons pas ici le verbe révéler, qui devrait être réservé pour ce
que Dieu fait, comme dans le texte inspiré.
Combien de « mouvements »
n'avons-nous pas vus qui se réclamaient de l'enseignement de « Jésus », des
idées des premiers siècles, qui mettaient en avant des dons particuliers, une
moralité impeccable, une vie « chrétienne », etc. Mais il manquait une chose :
la Parole de Dieu inspirée, intégrale et divisée correctement. Les adeptes
appliquaient certaines choses, mais négligeaient le principal : le Christ
crucifié et ressuscité. Ils ne se donnaient pas la peine de prendre
connaissance de tout ce que le Saint-Esprit a voulu nous faire connaître dans
la Parole et pensaient pouvoir compter sur Lui quand même. Bref, ils n'avaient
pas de doctrine scripturaire (240). Et ainsi, sous le couvert de ce qui était bien, mais
insuffisant, ils écartaient ce qui était nécessaire. Tout ce qui n'est pas
strictement en accord avec la Parole est mensonge et provient du père du
mensonge. Il est au moins imprudent de vouloir se passer d'une partie de la
Parole ou de la comprendre, et donc de l'appliquer, d'une manière
superficielle. Et vouloir vivre selon la volonté de Dieu en négligeant les
doctrines exposées, par exemple par l'Apôtre Paul, est faire preuve d'un grave
aveuglement, plein de dangers.
C'est spécialement à la fin de
sa vie que Paul a mis en garde contre ceux dont « la parole rongera comme la
gangrène » (241), contre ceux qui ont l'apparence de la piété, mais
renient ce qui en fait la force (242), contre les hommes méchants et imposteurs qui égarent
les autres et eux-mêmes (243), contre ceux qui détournent l'oreille de la vérité et
se tournent vers les fables (244).
Mais il y a plus. Il arriva que
Paul lui-même fut abandonné, non des incroyants, mais des chrétiens. Non pas de
quelques-uns, mais de tous (245). Voilà qui diffère totalement de ce que l'on entend
dire d'habitude de la perfection spirituelle des chrétiens du premier siècle.
Nous examinerons cette situation dans « Les Messages de l'Apôtre Paul ».
(240) Avant de parler aux hommes
de la manière dont ils doivent se comporter, la Parole parle toujours de la
doctrine, de ce que Dieu a fait pour eux, de leurs privilèges et de leurs
responsabilités. Voir par exemple Rom. 8 : 12 ; Eph. 4 : 1 ; Col. 3 : 1 ; Hébr.
10 : 19.
(241) 2 Tim. 2 : 16, 17.
(242) 2 Tim. 3 : 1-5.
(243) 2 Tim. 3 : 13
(244) 2 Tim. 4 : 3, 4.
(245) Voir Phil. 2 : 20, 21 ;
Col. 4 : 11 ; 2 Tim. 1 : 15 ; 4 : 16.
9. Tout
ce qui arriva et fut annoncé pendant la période des Actes était déjà connu,
dans les grandes lignes, par Moïse et les Prophètes. - Pendant les Actes, les promesses et les prophéties
commençaient à se réaliser. Ainsi les dons spirituels, la nouvelle naissance,
les bénédictions des Gentils, et même la justification par la foi.
Le fait que, 25 ans
après la Pentecôte, les Juifs de Bérée examinaient les Écritures pour voir si
ce que Paul et Silas leur disaient était exact (246), montre bien aussi que les Écritures en leur
possession, c'est-à-dire l'Ancien Testament, parlaient de tout cela.
Que l'on ne vienne plus nous
dire que les Évangiles ou la Pentecôte sont le commencement de l'Église «
chrétienne » en opposition avec ce qui était juif, ou que Jésus-Christ est venu
pour établir une nouvelle religion. Et que ceux qui rejettent l'Ancien
Testament prennent garde de n'avoir pas à rejeter la plus grande partie du
Nouveau. Et que feront ceux qui s'élèvent en principe contre tout ce qui est
juif ?
Jusqu'à la fin des Actes, Paul
ne s'écartera « en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir
arriver, savoir que le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d'entre
les morts, il annoncerait la lumière au peuple (Israël) et aux nations » (247).
Dans la deuxième partie de cet
ouvrage, nous comptons montrer qu'après la réjection d'Israël (fin des Actes),
Paul parle de choses cachées de tout temps en Dieu. Voilà où les Juifs,
comme nation, disparaissent complètement.
10. La
nation juive entière est rejetée provisoirement à la fin de la période des
Actes. - Dans la proposition 7 nous
avons vu que les représentants officiels du peuple juif avaient rejeté le
message du Royaume successivement à Antioche, Corinthe et Rome (248).
L'Évangile du Royaume avait
donc été proclamé aussi bien pour ceux de la Dispersion que pour ceux qui se
trouvaient dans le pays. Le temps des Actes montre la patience et la
longanimité de Dieu envers, Son peuple. Même après la Croix, tout n'est pas perdu
pour eux.
(246) Actes 17 : 10, 11.
(247) Actes 26 : 22, 23.
(248) Avant cela, il y a
évidemment le rejet à Jérusalem, qui a amené la crucifixion du Messie.
Mais enfin l'arrêt est rendu.
Les paroles qu'Esaïe prononça (249) après tant
d'années de patience envers un peuple rebelle et qui furent suivies de la
captivité des 10 tribus d'Israël en Assyrie, furent répétées par le Seigneur (250) après son rejet par la nation juive à Jérusalem, et
rappelées encore par Paul à la fin des Actes (251). Peu de temps après, la condamnation fut confirmée par
la destruction du Temple et la dispersion du peuple.
Brusquement tout ce qui
annonçait la proximité du Royaume cessait de ce fait : plus de peuple choisi,
plus de terre promise, plus de cité, plus de signes, plus d'accomplissement des
prophéties. Et avec Israël cessaient aussi toutes les cérémonies de la Loi et
les autres choses visibles. Plus d'organisation instituée par Dieu. Plus
rien... que le message suprême de Paul annonçant toutes les bénédictions spirituelles
et la position à la droite de Dieu en Jésus-Christ. Le visible est remplacé par
l'invisible, l'organisation par l'organisme : le Corps, dont Christ est la
Tête. Les signes font place à la foi. La grâce abonde. Avec le grand Mystère,
toute la voie du salut est révélée. La Parole est complétée (252).
Nous avons déjà montré
qu'Israël n'est pas rejeté définitivement. L'Éternel ne rompt pas Son
alliance avec eux (253). Paul parle
de leur réintégration (254). Un jour
tout Israël sera sauvé (255). Dieu ne se
repent pas de ses dons et de son appel (256).
g) Résumé des Temps
des Évangiles et des Actes,
Nos propositions qui résultent
simplement de l'Écriture montrent comment tout ce qui arriva pendant le temps
des Évangiles et des Actes était un commencement de réalisation des prophéties.
Dieu avait préparé depuis longtemps tout pour la venue du Royaume sur terre.
(249) Esaïe 6 : 9, 10.
(250) Matthieu 13 : 14 ; Jean 12
: 40.
(251) Actes 28 : 26, 27.
(252) Col. 1 : 25 texte grec).
(253) Lev. 26 : 44.
(254) Rom. 11 : 15.
(255) Rom. 11 : 26.
(256) Rom. 11 : 29.
Il avait choisi un peuple,
l'avait amené dans un pays ayant une cité qui serait le siège du gouvernement.
Maintenant, le Roi arrive vers son peuple, pas encore en gloire, mais en
humilité. Le peuple, enseigné par la Loi devait se rendre compte de son état et
de l'impossibilité de faire par lui-même la volonté de Dieu. Il aurait dû se
tourner vers Lui, et cela surtout parce que le Roi lui annonça que le Royaume
était proche. Israël devait arriver à la nouvelle naissance et occuper sa
position dans le monde sous la direction de ses douze Apôtres. Des signes
multiples annoncent la proximité du Royaume. Mais les représentants du peuple
sont endurcis, ils rejettent leur Messie à Jérusalem et le crucifient. Restent
ceux de la dispersion. Les douze Apôtres d'Israël et ceux qui sont appelés par
le Seigneur après Sa résurrection vont vers ceux de la dispersion, le peuple
n'étant pas encore rejeté, mais pardonné parce qu'il ne savait pas ce qu'il
faisait. Les signes du Royaume sont de plus en plus abondants et la puissance
d'en-haut vient déjà sur un grand nombre de croyants. L'ère de la nouvelle
naissance (qui s'étendra sur une grande partie du monde pendant le Royaume)
commence. Les Apôtres témoignent vigoureusement que le Messie est venu et a été
ressuscité. Que le peuple se repente et Il viendra en gloire pour prendre
possession de Son Royaume. Mais, dans les grands centres, les Juifs dispersés
rejettent aussi ce message.
Entre-temps, l'apôtre Paul est spécialement
instruit au sujet des bénédictions qui s'épanouiront pendant l'âge où la
création sera renouvelée et qui vient après l'âge prochain. Dieu ne se laisse
pas arrêter par la faillite de l'homme et ouvre déjà une nouvelle sphère de
bénédictions, celle promise à Abraham avant la circoncision et qui concerne les
cieux.
Jusqu'à la fin des Actes,
Israël est encore considéré comme le peuple de Dieu, et le fait que la
réconciliation et la justification viennent déjà vers les Gentils ne constitue
pas une preuve que la nation choisie est rejetée, mais sert au contraire à
l'exciter, par la jalousie, à accepter ses privilèges.
Tant qu'Israël n'est pas
rejeté, les juifs, même chrétiens, devront observer toutes les prescriptions de
la Loi. Mais ils échappent au joug de l'Ancienne Alliance, c'est-à-dire à
l'engagement de satisfaire, par leurs propres efforts, à tous les commandements
et ils peuvent avoir part à la Nouvelle Alliance, qui leur permettra de faire
la volonté de Dieu par la grâce qui leur est offerte en Jésus-Christ. Le sang
de l'Agneau a scellé cette Alliance.
Enfin, après que les
représentants des Juifs de la Dispersion ont aussi rejeté à Rome, la bonne
nouvelle du Royaume, ce peuple est mis de côté pour un temps.
Voilà un événement formidable.
Depuis environ 2.000 ans, Dieu avait voulu les élever pour être ses instruments
dans l’oeuvre de la restauration. Toutes les nations avaient été mises à
l'arrière-plan. À Israël appartenaient l'adoption, la gloire, les alliances, la
loi, le culte, les promesses, les patriarches, le Christ (257).
Tout l'effort de restauration
avait donc été concentré sur eux. Quel événement pourrait alors avoir un
retentissement plus grand pour l'univers que la réjection
de ce peuple, à la fin de la
période des Actes ?
Nous avons essayé de
représenter sous forme de tableau le contraste entre tout ce qui caractérise
cette période et ce qui caractérise le temps actuel :
(257) Rom. 9 : 4, 5.
On se rend compte aussi de
l'effet que devait produire le rejet d'Israël sur les croyants. Ce fut une
crise très grave. Tout s'écroulait.
Mais le dessein de Dieu n'est
touché en rien bien que l'accomplissement normal, par Israël, est interrompu.
Il ouvre par Paul pendant les Actes, une nouvelle sphère de bénédictions pour
exciter la jalousie d'Israël et parle de la nouvelle création ; Il révèle à la
fin des Actes à ce même apôtre, ce qui a été caché de tout temps et de toute
génération : une économie qui reflète l'état final, où Dieu sera tout en tous.
Les bénédictions terrestres ont
été interceptées par l'endurcissement d'Israël ; les bénédictions célestes
étaient rendues accessibles pendant les Actes aux croyants juifs et aux Gentils
; maintenant sont annoncées toutes les bénédictions spirituelles dans les
sur-cieux (258), dans l'incréé. Alors qu'une certaine communion avec
le Seigneur était possible pendant les Actes, Paul parle d'une identification
et d'une position à la droite de Dieu (259).
« Les Messages de l'Apôtre Paul
» examinera en détail ce qui a rapport à cette nouvelle économie, commençant
après la fin des Actes. Nous trouverons là des richesses incompréhensibles (260) qui
dépassent totalement tout ce que nous pouvons obtenir en nous bornant à ce qui
était offert à Israël, et qui compensent largement tout ce que nous pourrions
croire avoir perdu en laissant derrière nous ce, qui appartient à d'autres
économies.
Nous passons ici sur toute la
période suivant le temps des Actes pour parler de celle qui précède le Royaume.
Notre tableau montre que ce temps futur a les mêmes caractéristiques que celui
des Actes.
(258) Eph. 1 : 3. Le texte grec
dit littéralement - « Qui nous bénit avec toute bénédiction spirituelle dans
les (sphères) sur-célestes ». L'expression « dans les sur-célestes » (en tois
epouraniois) n'est utilisée que par Paul (Eph. 1 : 3, 20 ; 2 : 6 ; 3 : 10 ; 6 :
12) et jamais pendant les Actes. Les sphères « sur-célestes » étaient connues
(voir par exemple Jean 3 : 12 « des ,choses célestes » : « epourania »), mais
cette « résidence » du Père était inaccessible. La situation la plus élevée
était dans le ciel, non dans le « sur-ciel ». Pour plus de détails voir « Les
Messages de l'Apôtre Paul ».
(259) Eph. 1 : 20 et 2 : 6 pour
notre participation à cette position.
(260) Eph. 3 : 8.
La période actuelle est une
interruption complète dans l'accomplissement normal du dessein de Dieu. Elle
échappe entièrement à la vision des prophètes (261). Les Évangiles et les
Épîtres écrites pendant les Actes voient aussi ce temps suivi sans interruption
par celui de la grande Tribulation et celui du Royaume (262). Pendant
les Actes, le Seigneur pouvait venir à tout moment. Il en est de même à la fin
de l'âge présent.
Le changement radical survenu à
la fin des Actes et la suppression de ce qui est visible, devrait nous empêcher
de garder des cérémonies instituées quand Israël était encore le peuple choisi
et quand le Royaume était encore proche.
Tous les prophètes ont parlé d'une
période terrible par laquelle commence ce qu'ils nomment « Le Jour du Seigneur
» ou le « jour de l'Éternel ». Cette expression est employée plus de vingt fois
dans les Écritures et indique un temps de jugement pour Israël et pour les
Gentils. La liste suivante donne les principaux textes :
Esaïe 2 : 12 et 17 résument ce
qui concerne le Jour du Seigneur : « Car il y a un jour pour l'Éternel des
Armées, contre tout homme orgueilleux et hautain, contre quiconque s'élève,
afin qu'il soit abaissé » (V. 12). « L'homme orgueilleux sera humilié et le hautain
sera abaissé ; l'Éternel seul sera élevé ce jour-là » (V. 17).
Nous recommandons la lecture de
tous les passages se rapportant à ce jour, pour qu'on voie clairement que
Matthieu 24 et l'Apocalypse parlent de cette même période.
(261) Voir par exemple Ps. 118 :
22 ; Es. 9 : 5, 6 ; 53 : 10 ; 61 : 2 ; Dan. 9 : 26-27 ; Osée 2 : 13, 14 ; 3 : 4,
5 ; Amos 9 : 10, 11 ; Michée 5 : 2, 3 ; Hab. 2 : 13, 14 ; Soph. 3 : 7, 8 ;
Zach. 9 : 9, 10. Dans ces textes il n'y a pas de place pour le temps actuel.
(262) Voir par exemple Matt. 24
; Actes 3 ; 1 et 2 Thessa.
On se cachera pour éviter la
terreur et l'éclat de la majesté de l'Éternel ; ce jour sera comme un ravage du
Tout-Puissant ; il exterminera les pécheurs ; le monde sera puni pour sa
malice, les, méchants pour leurs iniquités, l'orgueil des hautains cessera,
l'arrogance des tyrans sera abattue. Babylone sera détruite. Israël sera de
nouveau choisi et rétabli dans son pays. Le temps des nations prendra fin. Ce
jour sera un jour de ténèbres, de détresse, de ravage, de guerre. Les nations
attaqueront et prendront Jérusalem. Mais enfin l'Éternel paraîtra avec Ses
saints sur le Mont des Oliviers, qui se fendra.
Après un examen attentif des
Prophètes, on sera convaincu que Matthieu 24 décrit l'introduction de ce même «
Jour du Seigneur ». Le verset 15 se réfère aux prophéties de Daniel. Le verset
16 parle de la Judée et montre qu'il s'agit bien ici d'Israël qui est alors de
nouveau dans le pays. Le Sabbat est observé (V.
20). Aussitôt après ces jours, le Fils de
l'Homme vient avec puissance et grande gloire. La génération qui a rejeté le
Messie aurait encore pu voir arriver toutes ces choses si elle s'était repentie
(263).
Jean 16 : 23 s'en réfère aussi au Jour du Seigneur. La femme (V. 21 Israël)
souffrira (264).
Presque tout l'Apocalypse parle
du Jour du Seigneur (265) et si le lecteur ne cherche dans ce livre ni le passé
ni le présent, mais l'avenir, en le comparant avec les prophéties, il verra
clair là où tout est trouble actuellement.
(263) Comme en Matt, 16 : 28, le
texte grec de Matt. 24 : 34 est conditionnel. Cela pouvait arriver. Maintenant
cela est remis à plus tard. mais ceci montre que toutes les conditions du temps
des Évangiles sont identiques à celles du temps qui précède le Royaume.
(264) Voir ces souffrances en
Jér. 30 : 7 et Matt. 24 : 8.
(265) Apoc. 1 : 10 ne dit pas
que Jean fut ravi « en esprit » pendant un « jour du Seigneur » (que l'on prend
pour un dimanche), mais il fut transporté en esprit en ce jour du
Seigneur dont l'Écriture avait déjà tant parlé. Il eut une vision de tout ce
qui arriverait pendant cette période tragique. Tout ce que contient
l'Apocalypse est futur, pour nous aussi. Parfois on croit que le verset 19 fait
une distinction entre le Passé, le présent et l'avenir. C'est une erreur. Le
texte grec ne dit pas « et celles qui sont », mais « et ce qu'(elles) sont », c'est-à-dire
ce qu'elles signifient. Le mot « eisi » traduit par « sont » est employé encore
deux fois dans le verset suivant, d'où l'on voit clairement que la
signification est « signifient » ou « représentent ». Une comparaison de 2 : 13
avec 13 : 2 et 16 : 10 ; de 2 : 16 avec 19 : 21 ; de 2 : 27 avec 19 : 15 ; de 2
: 20-23 avec 17 : 2, 4 et 18 : 3 ; de 3 : 3 avec 16 : 15, etc., montre aussi
que ces premiers chapitres concernent l'avenir et non l'histoire de « l'Église
». Voir d'ailleurs la mention de « Synagogue » et de « Juifs » dans Apoc. 2 : 9
et 3 : 9, ce qui ne convient certes pas pour désigner ce qui est « chrétien ».
Le texte grec fait usage ici
d'une autre construction que l'hébreu pour mettre l'accent sur « jour »,
c'est-à-dire le temps, tandis que l'expression usuelle met l'accent sur «
Seigneur ». Dans les premiers temps, les chrétiens appelaient le dimanche le
jour du Soleil (comme les païens) et non pas « le jour du Seigneur ». Les
Écritures n'ont pas d'expression spéciale pour « dimanche » . Voir aussi
l'Appendice 5
Presque tout se rapporte à
Israël, quand cette nation sera revenue dans le pays (266). Nous y
voyons l'activité du monde spirituel et les signes multiples annonçant le
Royaume. Le Temple est rebâti (267). Avant ce temps viennent des faux prophètes, des faux
docteurs (268), des antéchrists (269) et puis enfin l'Antéchrist même (270).
Alors se répétera ce qui arriva
du temps de Noé (271), y compris sans doute une irruption d'esprits du mal.
C'est la dernière tentative de Satan de vaincre la postérité de la femme et il
espère ériger son trône là où le Seigneur aura un jour le Sien (272). Dans la
tribulation, Israël se repent, se tourne vers Dieu, dit « Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur » (273) et réalise ainsi la seule condition de l'arrivée du
Seigneur pour le délivrer et ériger Son Royaume.
Les prophéties de Daniel se
réalisent. Babylone, qui a été reconstruite, est détruite complètement (274).
(266) Ne pas oublier que Jean
était l'un des apôtres de la circoncision (Gal. 2 : 9).
(267) Apoc. 11 : 1, 2. Voir
aussi 2 Thessa. 2 : 4 ; Mat. 24 : 15.
(268) 2 Pierre 2 ; 1 Jean 4 : 2,
3 ; 2 Jean ; Jude.
(269) 1 Jean 2.
(270) 2 Thessa. 2.
(271) Mat. 24 : 37.
(272) Apoc. 2 : 13 ; 13 : 2 ; 16
: 10.
(273) Mat. 23 : 39. Voir aussi
Apoc. 1 : 7.
(274) Il n'y a aucune raison
pour ne pas prendre Babylone pour la cité réelle. Ce qui en est dit dans
l'Apocalypse n'est pas applicable à une « Babylone » symbolique. De plus, des
prophéties telles que Es. 13 : 17-22 doivent encore se réaliser. Il s'agit dans
ces prophéties du « Jour du Seigneur » (v. 9) futur. Babylone est parfaitement
habitée à présent, il y a des Arabes et des bergers. Pour que ces prophéties se
réalisent, il faut donc que Babylone soit reconstruite.
Après la bataille finale
d'Armageddon, la bête et le faux prophète sont jetés dans l'étang de feu (275) et Satan
est lié et jeté dans l'abîme (276).
Les croyants (Juifs et Gentils)
de ce temps voient toutes ces choses et savent que la venue du Fils de l'Homme
est proche (277). Ils attendent de jour en jour l'enlèvement pour la
rencontre du Seigneur (278) quand Il viendra avec Ses anges (279) et les
hommes qui paraîtront avec Lui dans Sa gloire (280). Micaël, l'archange, le
défenseur des enfants d'Israël (281) est présent (282) en ce moment où ils sortent de la détresse. La
trompette sonne (283) ; certains ressuscitent d'entre les morts, certains
vivants sont changés, et tous ensemble sont enlevés à la rencontre du Seigneur (284) qui
descendra sur terre (285).
Les royaumes du monde sont
remis au Seigneur (286). Il est Roi de toute la terre (287). Ainsi se
termine le « présent siècle (éon) mauvais » (288). Israël a été amené à la repentance par la
tribulation, et le Royaume qu'Adam devait réaliser est enfin arrivé : la
restauration a commencé. Dieu, désormais, va continuer à employer Son peuple
Israël pour amener la masse des hommes à la nouvelle naissance. Mais la voie
directe vers les bénédictions supérieures, la sphère de la nouvelle création et
celle de l'état parfait est ouverte aux individus, et Il montre ainsi dans les
siècles (éons) à venir l'infinie richesse de Sa grâce (289).
(275) Apoc. 19 : 20.
(276) Apoc. 20 : 1-3.
(277) Mat. 24 : 33.
(278) 1 Thessa. 4 : 17.
(279) Mat. 24 : 31 ; 2 Thessa. 1 : 7.
(280) Col. 3 : 4.
(281) Dan. 12 : 1.
(282) 1 Thessa. 4 : 16.
(283) Mat. 24 : 31; 1 Cor. 15 : 52 ; 1 Thessa. 4 : 16.
(284) 1 Thessa. 4 : 16, 17.
Aller à la rencontre ne veut pas dire que l'on reste un temps assez long à
l'endroit où la rencontre a lieu. Voir aussi Mat. 25 : 1 ; Actes 23 : 15.
(285) On s'est demandé si les
croyants qui viennent sur terre avec le Seigneur pendant la Tribulation ne
seront pas atteints par ces événements terribles. Il est évident que non,
puisqu'ils ont un corps spirituel qui n'est influencé ni par les corps
matériels, ni par le feu. Rien de terrestre n'a de pouvoir sur eux.
(286) Apoc. 11 : 15.
(287) Zach. 14 : 9.
(288) Gal. 1: 4.
(289) Eph. 2 : 7.
Le Fils de l'Homme est assis
sur le trône de Sa Gloire (1) et les 12 apôtres sont assis de même sur 12 trônes,
jugeant les 12 tribus d'Israël. C'est le « renouvellement de toutes choses » (2) ou la
nouvelle naissance du monde (3). La restauration est en bonne voie ; c'est le « temps
du rétablissement de toutes choses » (4) dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de Ses
saints Prophètes. Abraham est ressuscité et les promesses que le Seigneur lui a
faites peuvent maintenant se réaliser. Il possède « tout le pays de Canaan »
pendant l'âge entier (5) et toutes les familles de la terre sont bénies en
Lui.
Tout cela concerne la sphère
terrestre.
Mais Abraham est de plus «
héritier » du monde (6), qui comprend la terre et les cieux. Avec lui est bénie
toute la postérité, qui est comme les étoiles du ciel (7).
Nous avons examiné sommairement
ce que les prophètes disent du rétablissement d'Israël dans son pays. Nous
avons vu le commencement de la réalisation de toutes ces promesses dans les
Évangiles et dans les Actes. Maintenant seulement a lieu l'accomplissement
définitif.
(1) Mat. 19 : 28 ; 25 : 31.
(2) Mat. 19 : 28.
(3) « Renouvellement de toutes
choses » est la traduction du mot grec « palingenesia » traduit dans Tite 3 : 5
par « régénération ». Ceci correspond à « gennaô anôthen » (nouvelle naissance)
de Jean 3 : 3-7. C'est une naissance nouvelle d'en haut.
(4) Actes 3 : 21. Avant la venue
du « Consolateur » et la naissance nouvelle nationale d'Israël il fallait la
mort du Seigneur, Jean 16 : 7. Cette naissance ne viendrait que par Sa
résurrection, 1 Pi. 1 : 3, 23. La Pentecôte aurait dû être suivie du Royaume
sur terre. Seule la repentance d'Israël manquait, Actes 3 : 19-21.
(5) Gen. 17 : 8, où «
perpétuelle » indique la durée de cet âge.
(6) Rom. 4 : 13.
(7) Gen. 15 : 5 ; Hébr. 11 : 12.
Voir aussi page 33.
Israël ne sera plus divisé
comme avant, mais réalisera une unité visible sur terre (8). Cette unité
aura comme centre le Roi auquel toutes les nations seront soumises (9). Il sera loué
de tous (10). David régnera alors (11).
La création est affranchie de
la servitude de la corruption et a part à la liberté de la gloire des fils de
Dieu (12). On se souvient des anciennes promesses : « La terre donnera ses
produits, et les arbres des champs donneront leurs fruits. À peine aurez-vous
battu le blé que vous toucherez à la vendange, et la vendange atteindra les
semailles » (13). Comme Israël suit maintenant les commandements et les
met en pratique, tout cela se réalise. Il en est de même des visions des
prophètes : « Les pâturages se couvrent de brebis et les vallées se revêtent de
froment » (14). « Le désert et le pays aride se réjouiront, la
solitude s'égaiera et fleurira comme un narcisse » (15). « Le loup
habitera avec l'agneau » 16).
Le changement radical dans la
nature apparaît aussi en ce que la lumière de la lune sera comme la lumière du
soleil et la lumière du soleil sera sept fois plus grande (17).
Ce sera une ère de justice et
de paix (18), alors que les efforts dans l'âge présent n'aboutiront
à rien parce que l'homme veut établir par lui-même la paix, sans le Seigneur.
Nous avons déjà mentionné le
fait que la durée de la vie sera prolongée et sera sans doute du même ordre que
pendant le deuxième éon (19).
(8), Voir par exemple Jér. 3 :
18 ; 31 : 1 ; 50 : 4, 5, 20 ; Ezéch. 37 : 15-28.
(9) Voir par exemple Psaumes 22
: 28, 29 ; 24 : 1, 8, 10 ; 33 : 10, 11 ; 45 : 2, 3, 7 ; 72 : 8, 11 ; 93: 1, 2 ;
97 : 1, 6, 9 ; Gen. 49 : 10. Voir aussi les prophètes.
(10) Ps. 47 : 2-10 ; 48 : 2, 9 ;
50 : 2 ; 66 : 4, 7 ; 100 : 1-5 ; 113 : 4 ; 150 : 6.
(11) 2 Sam. 7 : 16 ; Jér. 30 : 9
; Ezéch. 34 : 23 ; 37 : 24.
(12) Rom. 8 : 21.
(13) Lév. 26 : 4, 5.
(14)
Ps. 65 : 14 ; Es. 30 : 23-25 ; 49 : 10 ; Jér. 31 : 4, 5, 12-14 ;Zach. 3 : 10 ;
Am. 9 : 13, 14.
(15)
Es. 32 : 15 ; 35 : 1, 2 ; 43 : 19, 20 ; Ezéch. 34 : 26, 27 ; 36 : 33-36.
(16)
Es. 11 : 6-8 ; 35 : 9.
(17)
Es. 30 : 26 et voir Ps. 102 : 26, 27.
(18)
Ps. 72 : 1-4 ; 85 : 11-14; Es. 2 : 1-4 ; 11 : 9 ; 32 : 16, 17 ; 60 : 17 ; Jér. 23
: 5 ; Mich. 4 : 1, 11.
(19) Es. 65 : 20 ; Ps. 92 :
13-15.
Israël se multipliera (20), arrivera à
la nouvelle naissance et recevra la force spirituelle d'en haut (21), parce que
ses péchés seront pardonnés (22).
Nous avons déjà vu que la Loi
doit toujours être observée (23), mais maintenant elle est inscrite dans le coeur des
Juifs et ils l'observent, non plus dans leur propre puissance, mais dans la
puissance de l'Esprit. La Nouvelle Alliance remplace l'Ancienne. Israël est un
royaume de sacrificateurs (24) et ainsi la terre sera remplie de la connaissance de
l'Éternel (25). Il y a des bergers selon le coeur de Dieu (26) sous le bon
Pasteur (27), le grand Pasteur (28), le Souverain Pasteur (29).
Israël domine et est servi par
les autres nations (30), mais il ne domine pas dans son propre intérêt, mais
pour bénir (31). Matthieu 28 : 19 sera alors réalisé. L'évangélisation
s'accompagnera de signes et de puissance et aura des résultats.
C'est le règne de la paix à
laquelle on aspire vainement dans l'âge actuel. Alors seulement on aura sur
terre une Église visible et celle-ci aura aussi entre les mains le gouvernement
des états.
Après les 1.000 ans, Satan est
relâché pour un peu de temps (32) et il séduit les nations (33) pour
attaquer Jérusalem.
(20)
Es. 60 : 22 ; Jér. 31 : 27, 28 ; Ezéch. 36 : 9-11 ; Mich. 4 : 6 , 7 ; Zach. 8 :
4-6 ; Deut. 7 : 12-15.
(21)
Deut. 30 : 6 ; Ps. 51 : 12 ; Es. 44 : 3 ; Jér. 24 : 7 ; 31 : 33 ; 32 : 39 ;
Ezéch. 11 : 19 ; 18 : 31 ; 36 : 25-27 ; Joël 2 : 28-32.
(22)
Es. 33 : 24 ; 43 : 24, 25 ; Jér. 31 : 34 ; Ezéch. 16 : 60-63 ; 36 : 29 ; Zach.
13 : 1.
(23)
Es. 2 : 2 ; Jér. 30 : 18-19 ; Ezéch. 40 à 46 ; Zach. 14 : 21 ; Mal. 3 : 3, 4.
(24)
Ex. 19 : 6 ; Es. 61 : 6 ; 66 : 21 ; 1 Pi. 2 : 9 ; Apoc. 1 : 6.
(25)
Es. 11 : 9 ; 29 : 24.
(26)
Jér. 3 : 15.
(27)
Es. 40 : 11 ; Ezéch. 34 : 12-16, 22-24 ; Ps. 23.
(28)
Hébr. 13 : 20.
(29)
1 Pi. 5 : 4.
(30)
Ps. 45 : 17 ; Es. 14 : 1, 2 ; 49 : 23 ; 54 : 2-5 ; 55 : 3-5 ; 60 :10-12, etc.
(31) Ps. 96 : 3 ; 98 : 2 ; Es. 2
: 2, 3 ; 52 : 10 ; Jér. 3 : 17 ; Zach. 2 : 11 ; 8 : 13-23 ; 14 : 16-17.
(32) Apoc. 20 : 3, 7.
(33) Voir aussi Ezéch. 38 : 8-12
; 39 : 12-16.
Mais un feu qui descend du ciel
le dévore et le diable est jeté dans l'étang de feu et de soufre (34). Puis vient le
jugement devant le grand Trône blanc, qui semble devoir durer bien longtemps
puisqu'il y a des milliards d'hommes à juger, notamment tous ceux qui n'ont pas
encore eu part à l'une des résurrections précédentes.
L'âge à venir dure donc plus de
1.000 ans ; ceux-ci ne servent qu'à l'introduire.
Dieu a atteint un premier but :
la nouvelle naissance, non seulement des hommes, mais de la terre entière. Ce
qu'Adam aurait dû faire, le Fils l'a accompli. Un témoignage a été donné aux
créatures spirituelles ; tous les ennemis sont sous les pieds du Fils (35).
Presque tout ce que nous avons
résumé ci-dessus se rapporte à la terre. Mais il est entendu que ceux de là
sphère céleste ne restent pas inactifs. Au contraire, Abraham, et tous ceux qui
sont bénis avec lui (36) et qui sont arrivés à la justification par la foi en
Jésus-Christ, exercent leurs fonctions en intervenant dans la sphère terrestre.
Leur action se manifeste par des miracles, des apparitions, des actes
puissants, dont ceux du temps des Évangiles et des Actes n'étaient qu'un reflet
(37).
Les anges aussi exercent un ministère visible en faveur de ceux qui doivent
hériter du salut (38).
Enfin ceux qui ont été placés à
la droite de Dieu dans la sphère sur-céleste montrent, pendant ce siècle et le
siècle suivant, l'infinie richesse de la grâce de Dieu (39). Comme ils
sont unis au Seigneur Jésus-Christ aussi intimement qu'on peut l'être, ils
prennent part à toutes ses activités.
Pendant l'âge, prochain, nous
voyons donc trois groupes, qui forment chacun une unité et qui sont à des
degrés différents en communion avec le Seigneur : sur terre, Israël ; dans les
cieux, les « fils » bénis avec Abraham ; dans les sur-cieux, ceux qui sont
arrivés à la mesure de la stature parfaite de Christ.
(34) Apoc. 20 : 10. Le texte
grec dit qu'il sera tourmenté là pendant les éons des éons, c'est-à-dire les 4e
et 5e éons.
Voir Appendice 1. Voir aussi Ezéchiel 28 : 18,19 pour la fin de Satan.
(35) 1 Cor. 15 : 25.
(36) Gal. 3 : 9.
(37) Hébr. 6 : 5
(38) Hébr. 1 : 14.
(39) Eph. 2 : 7.
Tous sont chrétiens et en ce
sens forment un seul groupe, mais ils se trouvent en des endroits différents de
la voie du salut. Les « fils » ont déjà atteint la sphère du 5e âge, tandis que
ceux qui sont à la droite de Dieu ont déjà part en esprit à l'état parfait où
Dieu sera tout en tous. On voit que les distinctions verticales (en position)
correspondent aux distinctions horizontales (dans les âges).
Individuellement les croyants
peuvent progresser n'importe quand d'une sphère à l'autre (40), mais la
masse passe par les éons pour atteindre le but que Dieu s'est proposé.
(40) La sphère « sur-céleste »
n'est cependant accessible qu'après le temps des Actes.
Voici de nouveau un changement
radical, aussi bien dans les lois physiques (1) que dans les êtres vivants. La deuxième épître de
l'Apôtre Pierre nous dit que le « jour du Seigneur », c'est-à-dire, le
quatrième âge, se terminera ainsi : « Les cieux passeront avec fracas, les
éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme
sera consumée ». Le cinquième âge est appelé le « jour de Dieu » et, en vue de
l'arrivée de celui-ci, « les cieux enflammés se dissoudront et les éléments
embrasés se fondront » (2). Ni la terre, ni les cieux ne sont anéantis, mais ils
sont changés. Aussi l'Apôtre fait suivre ces textes par les mots « Mais nous
attendons, selon la promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre ». Ceci
correspond aux visions de l'Apôtre Jean : « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle
terre » (3). Comme Jean venait de parler d'un « étang de feu » à la fin de l'âge
prochain, on est tenté de voir là l'embrasement général dont parle Pierre. Qui
pourra être préservé ? Seulement ceux dont le corps résiste à ce feu,
c'est-à-dire ceux qui, après avoir passé par la mort avec Christ, sont
justifiés et dont le corps est changé, soit de leur vivant, soit lors de leur
résurrection. Ils ont alors un corps spirituel, qui a des propriétés
entièrement différentes de celles que nous connaissons. Ce corps ne sera pas
affecté par le feu, pas plus que ne l'était le Seigneur quand Il se promenait
avec les trois amis de Daniel dans la fournaise ardente de Nébucadnetsar (4).
(1) Voir appendice 4.
(2) 2 Pierre 3 : 10-12.
(3) Apoc. 21 : 1. Nous avons déjà
fait observer page 44 qu'Es. 65: 17 ne parle pas de la même chose. Les cieux et
la terre du 4e âge sont « nouveaux » par rapport à ceux du 3e; de même ceux du
5e sont nouveaux par rapport à ceux du 4e. Mais le changement du 4e au 5e est
bien plus radical.
(4) Daniel 3 : 25.
Tous ceux qui vivront pendant
le cinquième âge auront donc passé par la nouvelle naissance et seront des «
fils de Dieu ». Ils appartiendront à la sphère céleste. Cette dernière s'étend
maintenant jusqu'à la terre et absorbe la sphère terrestre. Nous voyons, en
effet, que la « nouvelle Jérusalem », qui avait toujours été en haut (5), qui est «
céleste » (6), descend du ciel (7). Les auteurs inspirés ont nécessairement dû employer
des mots qui nous sont familiers et qui désignent les choses de notre âge, pour
décrire la splendeur de cette ville. Comme toutes choses seront alors
complètement nouvelles et différentes de ce que nous connaissons, il est
évident que la réalité nous échappe entièrement. Nous rencontrons ici la même
impuissance à connaître ces choses que celle que nous avons déjà rencontrée au
premier âge, quand Esaïe et Ézéchiel essayaient de nous décrire le « Chérubin
protecteur » qui, après sa chute, fut nommé Satan. Le deuxième et quatrième
âges sont encore plus ou moins compréhensibles pour nous ; le premier et le
cinquième nous échappent complètement. Pouvoir les comprendre, ce serait les
ramener à notre niveau.
Pourtant l'Apôtre fait un essai
et peut ainsi nous donner une certaine impression de l'état de choses. Il peut
d'abord nous dire ce qu'il n'y a pas : la mer, la souffrance, le jour et la
nuit, la mort, le temple, l'anathème, le péché (8). Il peut ensuite dire
certaines choses générales : Dieu « habite » avec les hommes, la gloire de Dieu
éclaire la « ville » (ce qui explique qu'il n'y a ni jour ni nuit). Tout cela
servira à nous rendre compte qu'il s'agit ici d'une gloire inexprimable,
dépassant non pas en degré, mais en nature, l'état déjà magnifique du quatrième
âge.
Nous avons là l'état
correspondant à celui de la création primitive, qui était bonne et où le péché
n'avait pas encore fait irruption.
(5) Gal. 4 : 26.
(6) Héb. 11 : 16 ; 12 : 22 ; 2
Cor. 5 : 1.
(7) Apoc. 21 : 2.
(8) Il faut bien remarquer que,
du verset 6 au verset 8, ainsi qu'au verset 24, Jean s'arrête dans la
description de sa vision, ou bien décrit les choses du point de vue de Patmos.
Il parle alors des nations et des rois du 4e âge et dit que rien de souillé de
ce 4e âge ne subsistera pour entrer dans la ville du 5e âge. « Le mot grec traduit
par « anathème » est en réalité « katathema », ce qui est plus radical
qu'anathème.
Mais absence de péché ne
signifie pas que tout est aussi parfait que Dieu même. Aussi voyons-nous qu'il
y aura encore un « arbre de vie » dont les « feuilles » servent à la guérison
des nations. L'absence de deuil, de cri, de douleur, de mort, montre qu'il ne
s'agit pas ici d'une guérison de maladie, mais d'une assistance pour atteindre
le plein degré de gloire qui peut être obtenu dans cet âge (9). Pendant le
quatrième âge, le Seigneur Jésus-Christ règne. À la fin de cet âge, tout ce qui
est péché a été détruit ; toute domination, toute autorité, toute puissance
ennemie ont été supprimées (10). La mort elle-même a été engloutie dans la victoire
lorsque tous sont arrivés à l'incorruptibilité (11). Le feu a consumé le reste.
Après le quatrième âge, le Seigneur ne cessera pas de régner (12) quoiqu’Il
remettra le Royaume au Père (13). Pendant le cinquième âge, il est question, en effet,
« du trône de Dieu et de l'Agneau » (14). Le Seigneur règne donc avec le Père.
(9) Le verbe grec pour « guérir
» est « therapeuô », qui a un sens large. Il suffit de lire Actes 17 : 25
(servi) pour s'en rendre compte. En Apoc. 22 : 2 ce n'est pas le verbe, mais le
nom « therapia », qui est utilisé. Il se rencontre seulement dans les versets
suivants Mat. 24 : 45 (gens) ; Luc. 9 : 11 (guéris) ; Luc. 12 : 42 (gens) Apoc.
22 : 2. Le sens général est : aide ou assistance.
(10) 1 Cor. 15 : 24, 25. Le
verset 25 montre qu'il ne s'agit pas dans le verset 24 de toute domination,
autorité et puissance au point de vue absolu, mais de tout ce qui est ennemi.
En effet, Apoc. 22 : 5 montre qu'il y en a encore qui « régneront » pendant le
5e âge.
(11) La mort n'est donc plus
dans le 5e âge. Apoc. 21 : 4.
(12) Le texte grec de Hébr. 1 :
8 dit « Ton trône, ô Dieu, est jusque dans l'éon de l'éon ». Il s'agit ici du
trône du Fils, qui sera jusque dans le dernier éon.
(13) 1 Cor. 15 : 24.
(14) Apoc. 22 :1, 3.
Dans nos autres publications (1) nous
examinerons plus en détail ce qui a trait à la réconciliation. Pour le moment,
nous nous bornerons à dire qu'il y a deux degrés de réconciliation exprimés en
grec par les mots « katallassô » et « apokatallassô ». Le premier degré est la
cessation de l'attitude ennemie que Dieu devait prendre envers la créature
pécheresse. Dieu est réconcilié par la mort de Son Fils, indépendamment de
l'attitude des hommes. Le trône de Dieu est un trône de grâce ; en effet, Son
amour est libre d'agir en justice parce que le Fils est mort pour les péchés.
La réconciliation est pour tous, mais tous ne l'acceptent pas. Pour obtenir la
réconciliation, il faut, par la foi en Christ, être en communion avec Lui,
mourir avec Lui, et avoir ainsi part au châtiment qui doit justement venir sur
le pécheur. Étant mort au péché, on est justifié.
Mais tout cela demeure dans la
sphère céleste. Paul révéla qu'il y a plus que cela : une communion plus intime
avec le Christ peut amener à être placé à la droite de Dieu, hors de la
création, dans la sphère parfaite. Et c'est alors aussi qu'il prononce le mot «
apokatallassô ». Ce n'est pas la « katallassô » acceptée par l'homme, mais une
réconciliation complète de la part de Dieu, qui résulte de l'identification
possible du croyant avec Christ. Comme nous l'avons vu, c'est là le but de Dieu
: Dieu tout en tous (2). Paul dit dans son Épître Aux Colossiens : « Il a
voulu par Lui réconcilier (apokatallaxai) tout avec Lui-même » (3).
(1) Voir « Les Messages de l'Apôtre
Paul » et « La Voie du Salut ».
(2) 1 Cor. 15 : 28.
(3) Col. 1 : 20. Ce texte est
pris comme fondement par certains chrétiens, qui prétendent que toute créature
sera un jour réconciliée. Or, nous voyons que ce texte ne dit rien de tel.
L'Écriture est très prudente dans ses expressions quand il s'agit de la
destinée des hommes. Elle montre les grandes lignes du dessein de Dieu et donne
des détails quand il s'agit de choses qui sont de première importance pour
nous. S'il est vrai qu'elle ne parle pas de tortures qui ne prennent pas fin,
il est également vrai qu'elle ne dit jamais que tous arriveront un jour à la
réconciliation. On comprend la prudence de la Parole et il serait souhaitable
que les hommes se taisent aussi là où Dieu n’a pas parlé.
Effrayer les hommes par un enfer
sans fin, n'est pas plus dangereux que de promettre à tous qu'un jour Judas et
Satan même seront réconciliés avec Dieu. Il y a aussi la voie moyenne :
l'annihilation des non-croyants. Nous préférons ne pas vouloir trouver une solution
quand Dieu semble se taire. Nous n'acceptons pas ici le dilemme : c'est ou ceci
ou cela. Dieu a mille solutions, là où nous n'en voyons pas. L'ignorance est
parfois nécessaire. Nous l’avons vu pendant les Actes : les apôtres devaient
annoncer le Royaume comme proche, bien que Dieu sût qu'Israël serait rejeté.
Sans ignorance, ils n'auraient pu délivrer leur message convenablement et la
connaissance aurait été nuisible à tous. Quand Dieu se tait, nous devons nous
taire.
A ceux qui, malgré tout, veulent
une réponse, nous proposons de bien étudier, de comprendre et de vivre tout le
reste du dessein de Dieu. Peut-être qu'après cela ils verront la solution.
C'est là le désir de Dieu. Il a
tout préparé : non seulement la katallassô, mais l'apokatallassô. Il désire que
l'on accepte l'une et l'autre et que ses créatures aillent ainsi en toute
liberté de gloire en gloire.
Dieu a donc atteint son but et
a fait l'impossible
Il a augmenté Sa gloire en
créant et en rendant parfaite Sa créature. Il est tout en tous et il n'y a donc
plus de Médiateur, plus de Roi, plus de Prêtre. Le Fils a été tout cela, mais a
achevé maintenant Son oeuvre. Lui-même a la gloire qu'il avait avant Son
humiliation et Il a élevé avec Lui la créature. La liberté, don suprême allait être
perdue par l'homme qui en faisait mauvais usage ; maintenant elle est complète
parce que la créature a librement décidé de faire correspondre entièrement Sa
volonté à celle de Dieu. Et là où il n'y a qu'une volonté, la liberté est
parfaite parce qu'elle a perdu toute signification. En effet, tant qu'il y a
deux êtres distincts, il peut être question de liberté parce qu'il peut y avoir
division. Mais quand la perfection est atteinte, quand Dieu est tout en tous,
il n'y a plus rien de partiel, de relatif. L'unité n'abolit pas
l'individualité, la multiplicité, la personnalité. Mais toutes ces
individualités ont un même sentiment, un même amour, une même âme, une même
pensée (4), se comprennent parfaitement, se pénètrent et, tout en s'épanouissant
dans une liberté parfaite, forment une unité glorieuse.
(4) Phil. 2 : 2.
Comment Dieu arrive-t-il à Son
but ? - Par l'amour. Par l'amour seul il Lui est possible de permettre à la
liberté de s'épanouir et d'arriver à l'unité finale. Le Fils nous montre
l'amour divin en action : Il se sacrifie entièrement parce qu'Il est tout
puissant. Ainsi la grandeur du sacrifice d'une créature donne la mesure de ce
qu'elle est. Plus sa position est élevée, plus elle est en communion avec la
Source de Vie et de Gloire, plus elle se sacrifie. Non pas que quelque chose
puisse venir d'elle-même, mais Dieu vit et agit en Elle. Et Lui se sacrifie et
souffre en elle et par elle. Ce sacrifice et cette souffrance n'ont pas pour
but de permettre le retour de la créature à Dieu ; elles ne concernent ni le
péché, ni la réconciliation. Tout cela a été accompli à la Croix par le Christ
seul. Mais il reste un effort à faire pour amener la créature à accepter la
grâce, la réconciliation et la plénitude de la grâce. Ainsi la Parole nous
parle d'une communion dans la souffrance dans les trois sphères de bénédictions
: la nouvelle naissance, la nouvelle création et la perfection (1). Nous voyons
là une merveille de grâce : Dieu nous permet de collaborer à Son oeuvre. En y
réfléchissant, nous comprenons que c'est bien plus un privilège qu'un devoir.
Et cette collaboration s'intensifie au fur et à mesure que la communion du
chrétien est plus intime. Et une fois de plus on saisit l'importance d'une
étude sérieuse de la Parole et d'une vie conforme à la position qu'on occupe
par grâce.
(1) Voir pour la nouvelle
naissance 1 Pierre 4 : 13, pour la nouvelle création, Rom. 8 :17 ; 2 Cor. 1 :
5-7 ; et pour la perfection Col. 1 : 24 ; Eph. 3 : 13 ; Phil. 2 : 17. La
souffrance est donc bonne : 1) avant tout parce que, par elle, nous devenons
conscients de notre faiblesse et de nos besoins, ce qui nous pousse à nous
adresser à Dieu ; 2) pour éviter l'orgueil ; 3) pour comprendre et aider les
autres.
Paul pouvait dire : « C'est Lui
que nous annonçons, exhortant tout homme et instruisant tout homme en toute
sagesse afin de présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Christ ». Paul
avait passé par la nouvelle naissance et la nouvelle création et avait atteint
la sphère de perfection. Il pouvait donc donner une bonne nouvelle à tout
homme, quelle que fût sa position et souffrir pour tous. Il pouvait avoir une
vie entièrement « cachée en Christ », il pouvait « vivre Christ » (2).
Deux choses sont ainsi
nécessaires et vont de pair la Vérité et la Charité, ainsi que Paul le dit aux
Éphésiens : « Professant la vérité dans la charité » (3). Il n'insiste
pas seulement sur la nécessité de plus d'amour, mais il faut, dit-il, que «
votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence
pour le discernement des choses les meilleures » (4).
Nous croyons donc que notre
attitude, indiquée dans l'introduction, est justifiée : nous devons faire plein
usage de nos facultés, et non les sacrifier. Deux attitudes extrêmes sont
également pernicieuses : une intellectualité séparée de Dieu et sans amour et
un soi-disant amour sans intelligence. En réalité, il n'y a, isolément, ni vrai
amour ni vraie intelligence. L'un est inséparable de l'autre. Et ceci nous
ramène à la question fondamentale : l'examen de la Parole. Il ne suffit pas de
dire qu'une « vie chrétienne » est la chose essentielle ; il faut aussi la
connaissance sanctifiée. Parce que sans connaissance la vie en Christ est impossible
(5).
On prend alors l'ombre pour la réalité. Un amour réel ne saurait dédaigner ce
que l'Esprit nous a donné : la Parole écrite. Vouloir vivre sans connaissance
approfondie des Écritures, donc sans connaissance du dessein de Dieu et de ce
qu'Il demande de nous, c'est vouloir suivre son propre chemin ou se laisser
égarer par Satan qui aveugle et utilise, pour arriver à son but, les choses qui
ont l'apparence de la vérité. Un de ses moyens subtils est de faire croire que,
dans notre âge mauvais dont lui est le « dieu », nous puissions reconnaître par
des choses visibles, par
nos sentiments, par des intuitions (6) ou par des visions, que nous faisons la
volonté de Dieu.
(2) Col. 3 : 3, 4.
(3) Eph. 4: 15.
(4) Phil. 1 : 9-11.
(5) Les personnes les plus « simples
» peuvent avoir une connaissance spirituelle profonde.
(6) Voir à ce sujet " La Voie du
Salut » qui traitera entre autres des deux erreurs : l'usage de l'intelligence
et autres facultés séparé de Dieu et la négligence de ces facultés au profit
d'intuitions et d'inspirations.
Et il est tragique de voir des
mouvements antagonistes prétendre avoir obtenu des signes certains de
bénédiction divine.
La seule base est actuellement
la Parole (examinée avec une intelligence sanctifiée et éclairée par l'Esprit)
et, tant que les groupements humains se refuseront à un examen approfondi et
personnel et se contenteront d'un certain fond de vérité qui leur vient
d'autres hommes, les divisions et les luttes subsisteront et l'apostasie
s'accentuera. Dans ce cas aussi, la vie se traduit par une progression. Tout
arrêt est la mort. Ce qui était nourriture hier est corruption demain, comme la
manne dans le désert. S'arrêter à une confession de foi pétrifiée et à une
théologie sectaire est le commencement de la décadence. La condition d'un
progrès est la reconnaissance d'une carence. Ceci est vrai tout le long de la
voie du Salut. Croire qu'on est arrivé, signifie arrêt et arrêt, signifie
régression.
Il ne faut pas non plus qu'on
néglige l'étude sous prétexte qu'un « simple évangile » suffit. Qu'il soit
simple pour les débutants, mais qu'il soit scripturaire. Et pour cela, celui
qui offre ces bonnes nouvelles doit être non seulement né de nouveau, mais
instruit et connaître plus que les éléments.
Acceptons donc avec reconnaissance
tout l'acquis reçu de nos pères ; mais progressons dans la vérité et dans
l'amour. Ainsi l'étude du dessein de Dieu n'est pas une chose dont on peut se
dispenser, pourvu qu'on vive chrétiennement. C'est un élément nécessaire que
rien ne remplace. Encore une fois, ne nivelons pas par le bas, en rapetissant
ce qui est grand, mais progressons en augmentant ce qui est déficitaire. Ne
choisissons pas entre l'amour et la connaissance, mais exaltons l'un par
l'autre. Ainsi nous glorifierons Dieu, qui est amour et vérité.
Appendices
APPENDICE 1
Le mot éternité est dans la
plupart des cas la traduction de l'hébreu « olam » ou du grec « aïôn ». En
général, il est évident que ces mots n'indiquent pas une durée illimitée. Dans
quelques cas, on peut avoir l'impression qu'il s'agit de ce que nous appelons «
éternité », c'est-à-dire d'une durée qui n'a pas de fin, d'un temps sans
limites. Il y a beaucoup à dire sur cette question, mais nous devons nous
borner à quelques remarques et examiner si l'Écriture parle d'un temps sans
fin.
Avant tout il faut observer que
l'idée de temps n'est qu'accessoire dans « olam » et « aiôn ». Le pluriel
d'olam (olamim) est utilisé douze fois dans l'Ancien Testament (voir par
exemple 1 Rois 8 : 13 « éternellement » ; Ps. 145 : 13 « siècles » ; Eccl. 1 :
10 « siècles »). De même le Nouveau Testament utilise le pluriel d'aiôn
(aiônes). L'Écriture parle d'un certain nombre d'olamim et d'aiones, qui ont
chacun leur caractère et une durée limitée. Ainsi Luc 20 : 34, 35, établit un contraste entre « ce siècle »
(aiôn) et le « siècle à venir ». 1 Chroniques 16 : 36 et d'autres textes disent
« d'éternité en éternité » et cette expression doit être prise à la lettre,
soit d'olam en olam.
L'expression « olam va ed », qui
veut dire « pendant l'âge et après », est traduite par exemple par «
éternellement et à toujours ». Ps. 119 : 44 et d'autres textes montrent qu'il
faut ici encore accepter l'expression littéralement.
Eph. 2 : 7 parle des éons à
venir. Il y en a donc plus d'un qui doit encore venir. D'autre part, Eccl. 1 :
10 mentionne des olamim qui nous ont précédés.
En examinant tous les textes
dans le langage inspiré et en tenant compte aussi des différents « mondes », «
jours » et « cieux », on arrive à distinguer cinq éons ou âges, qui diffèrent
complètement entre eux par l'état de la terre, les lois de la nature, la durée
de la vie, la nature des animaux, etc. Ces éons sont limités par de grands
événements. Nous donnons ci-dessous un aperçu des résultats d'une recherche
dans ce sens, résultats qui harmonisent tout ce que l'Écriture dit sur ce sujet
et qui confirment ce que nous trouvons en examinant directement le dessein de
Dieu.
Reste à savoir si certaines
expressions n'indiquent pas un temps illimité. L'argument principal en faveur
de cette manière de voir est que l'Écriture parle du « Dieu éternel » (aiônios)
Rom. 16 : 26. Or, le fait que Dieu est
et qu'Il n'est pas limité par le
temps, ne peut pas être exprimé par un mot approprié aux périodes de ce qui est
créé. Même en supposant qu'aiônios ou d'autres expressions, comme « aux siècles
des siècles », expriment un temps illimité, une succession de périodes sans
fin, ce n'est pas encore cela qui caractérise Dieu. Le temps est une création
et Dieu est avant le temps et après le temps. Il y a un « éternel
» divin (hors du temps) qui n'a rien de commun avec ce que l'homme peut
imaginer en fonction du temps. L'expression « Dieu éternel », c'est-à-dire «
Dieu des éons », ne dit rien de l'essence de Dieu, mais exprime simplement que
les éons sont faits par Lui (Héb. 1 : 2) et qu'Il agit continuellement pendant
ces éons pour ramener la créature à Lui.
Toutes les expressions du genre
de « aux siècles des siècles » doivent être prises littéralement. Ainsi Rom. 16
: 27 dit : « dans les éons des éons » et indique ainsi spécialement les deux
derniers éons, les éons par excellence, comme le « saint des saints » indique
le lieu saint par excellence.
Si quelqu'un a une objection
contre l'idée que la vie « éternelle » est limitée, nous dirons d'abord qu'elle
est au moins limitée par un commencement. Ensuite Marc 10 : 30, par exemple,
dit clairement que cette vie se rapporte au « siècle » à venir. Ici encore «
éternel » ne met pas l'accent sur la durée, mais sur le genre de vie. C'est une
vie réelle où le corps lui-même est vivifié par l'action de l'Esprit. Cette vie
durera pendant tout l'âge. Non pas pour cesser ensuite, mais pour être élevée
dans une sphère supérieure jusqu'à atteindre l'état parfait par une
identification avec Christ : Dieu tout en tous. La vie « éternelle » est alors
terminée, pour être changée en vie parfaite en Dieu.
On voit qu'une vision claire
des éons élargit nos idées et loin de nous faire perdre quoi que ce soit, nous
montre une vie meilleure que la vie « éternelle », que la vie qui se rapporte
aux éons, à la création, et qui n'a pas encore atteint la perfection absolue.
Les Épîtres aux Éphésiens, Philippiens et Colossiens ouvrent déjà maintenant la
voie à cet état parfait.
APPENDICES
115
Parfois on a cru glorifier le
Seigneur en disant qu'Il est le Roi « éternel », le Prêtre « éternel », le
Rédempteur « éternel », etc., entendant par là qu'Il ne cesserait jamais d'être
tout cela, ce qui revient à dire qu'Il n'arrivera jamais à atteindre le but :
Dieu tout en tous. Il faut au contraire qu'Il cesse un jour d'être Roi, Prêtre,
Rédempteur, etc. parce que Son oeuvre sera accomplie. Ce qui est « éternel »,
ce qui se rapporte aux éons, est encore dans le péché ou l'imperfection. À la
fin des éons, le besoin de ce qui est « éternel » n'existe plus parce que la
perfection absolue est atteinte. De même, une alliance « éternelle » dans le
sens d'alliance sans fin rendrait permanent un état imparfait où il y a encore
deux parties. Toute alliance doit se terminer par l'accomplissement de son but.
À la fin des éons, il ne peut plus être question d'alliance parce que l'unité
absolue en Dieu est atteinte.
Pour une étude détaillée, nous
devons renvoyer au livre hollandais de M. G. J. P. « De Tyden der Eeuwen ».
APPENDICE 2
En général on s'imagine que
notre corps est uniquement la partie matérielle de notre être, tandis que l'âme
et l'esprit sont spirituels, et peuvent quitter le corps. Dans ce domaine aussi
il est nécessaire de revoir et de corriger nos idées pour les rendre plus
scripturaires. Beaucoup de notions païennes ont été introduites et ont été
façonnées par la tradition. Il est malheureusement devenu difficile de nous
soustraire à leur influence. Nous ne pouvons pas examiner ces questions ici,
mais nous voulons préciser la notion scripturaire de « corps » humain.
Si le corps est uniquement
matériel, il disparaît après la mort et les molécules et les forces sont
assimilées par d'autres organismes. La résurrection du corps est alors
impossible, parce qu'on arrive à des absurdités, qui ont amené certains à
rejeter entièrement l'idée de résurrection (1).
(1) A noter que la Parole ne
parle jamais de la résurrection de la chair.
Ceci est un des cas où les
croyants ont contribué, par leurs affirmations non scripturaires, à amener
l'état actuel de confusion, d'agnosticisme et d'athéisme.
Les Écritures disent que le
corps subsiste après la mort, même après la dispersion de tous les éléments
matériels. Voyons par exemple les textes suivants :
Rom. 8 11. « Rendra aussi la
vie à vos corps mortels. » Rom. 8 23. « La rédemption de notre corps. »
1 Cor. 15 : 42-44. « Le corps
est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il
ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il
est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. » 1 Cor. 15 52. « Nous serons changés. » I Cor. 15 53. «
Il faut que ce corps corruptible revête
l'incorruptibilité et que ce
corps mortel revête l'immortalité. » Phil. 3
: 21. « Qui transformera le corps de
notre humiliation en le rendant semblable au corps de sa gloire. »
Que le mot corps n'implique pas
nécessairement l'idée de matière est clair par ces textes. Après la
résurrection on a encore son corps (2), mais il est incorruptible, glorieux, plein de force,
spirituel, immortel. Et notons bien que la Parole ne nous dit pas que nous
recevrons un nouveau corps, mais qu'il est au contraire question de « rendre la
vie », de « rédemption », de « résurrection », de « revêtir », de « changement
», de « transformation ». Le corps reste donc, mais a différentes formes
d'existence. Le corps est une organisation qui n'est pas matérielle en
elle-même, mais qui peut se revêtir de molécules matérielles. Ces dernières ne
sont qu'un accident, mais non pas l'essentiel. D'autres molécules peuvent
remplacer les premières sans modifier en rien le corps dans son essence. Mieux
que cela, lors de la résurrection, le corps prend une nouvelle forme
d'existence, qui dépasse notre nature
actuelle et est donc incompréhensible pour nous.
(2) On sait que le Spiritisme, la Théosophie
et d'autres mouvements antichrétiens nient la résurrection du corps et
prétendent que les hommes morts sont des « esprits » sans corps. C'est une
raison de plus pour se méfier de la tradition. Si l'on croit qu'un mort est
bien mort et non vivant, et qu'il se trouve avec son corps dans le Hadès, jusqu'à
la résurrection, on est cuirassé contre toute séduction démoniaque dans ces
questions, parce que c'est la Parole qui nous protège.
Ceci nous permet de mieux nous
rendre compte de ce qui arrive après la mort. L'esprit de vie n'agit plus sur
l'organisme, la vie cesse, les molécules organiques se décomposent : le corps
est mort. Mais dire que le corps (et non l'homme) est mort, c'est dire que ce
corps existe encore, quoique sous une autre forme d'existence. L'essence du
corps reste, mais l'accidentel, c'est-à-dire ce qui est matériel, s'en va.
C'est ce que Paul appelle être « nu » (2 Cor. 5 : 3), « dépouillé » (V. 4).
Il est important ici de se
rendre compte que le mot corps est utilisé dans différents sens et peut, dans
le langage courant, très bien désigner ce qui est matériel. Ainsi quand
l'Apôtre dit : « demeurant dans ce corps » (v. 6) et : « nous aimons mieux
quitter ce corps » (V. 8), il entend le corps sous sa forme actuelle, la chair,
ce qui est visible, non le corps dans son essence. Voir aussi 2 Cor. 12 : 2, 3
et Héb. 13 : 3.
Quand un homme meurt, il va au
« Hadès », c'est-à-dire vers l'imperceptible. C'est tout l'homme qui y va, y
compris le corps. Celui-ci n'est soumis aux lois « naturelles » que dans sa
forme « naturelle » et non dans l'état « nu » pendant la mort, ni dans l'état
glorieux après la résurrection (voir aussi l'App. 4).
Il est curieux de constater que
la biologie moderne est amenée à accepter des idées correspondantes à cette
conception d'un corps d'essence non matérielle. Pendant une période, la
biologie était franchement matérialiste, le corps consistait en matière sur
laquelle agissaient des forces physiques. Ceux qui osaient parler d'une
certaine « vitalité » non matérielle étaient considérés comme des «
obscurantistes ». Actuellement des savants reviennent vers le vitalisme parce
qu'ils n'arrivent pas autrement à expliquer de nombreux faits. Ainsi les
radiolaires ne sont formés au début que d'une masse de protoplasme transparente
et informe, contenant un noyau. Plus tard, des aiguilles et des enveloppes
concentriques donnent une forme bien déterminée et caractéristique. D'où vient
cette structure ? Il semble qu'il faut accepter qu'il existe un « champ
biologique », qui oblige les molécules à se grouper de certaines manières. Ce champ
aurait son centre dans le noyau et ne serait pas une force physique. On
retrouve donc ici l'idée que le corps réel n'est pas matériel.
Les textes originaux ouvrent
souvent un monde nouveau au chercheur. Nous ne voulons pas critiquer les
versions, qui en tant que travail humain sont excellentes. Si l'on accepte
l'inspiration intégrale des Écritures, il faut cependant en même temps admettre
qu'aucun homme ne pourra rendre ce document divin d'une manière parfaite. Là
aussi nous devons apprendre à reconnaître la position inférieure de l'homme et
d'autre part le besoin continuel d'en référer à Dieu. On pourrait croire que
pour prendre connaissance du texte inspiré d'une manière plus parfaite que les
traducteurs nous le permettent, il faudrait être plus savant qu'eux. Rien n'est
plus faux. Leur traduction générale est bonne et il suffira le plus souvent
d'examiner des mots. Or, ceci peut se faire par tout croyant un peu énergique.
Il lui faut : l° Son intelligence sanctifiée. 2° Une bonne Concordance qui
donne la liste de tous les mots de l'original avec indication de tous les
textes ou ce mot est utilisé. À notre connaissance les « Englishmans Greek
Concordance » et « Englishmans Hebrew and Chaldee Concordance » sont les plus
satisfaisants. Le chercheur français n'aura pas beaucoup de difficulté à s'en
servir. D'autres aides peuvent aussi être utiles, mais il ne faut jamais
accepter sans vérification les affirmations de n'importe quel document humain,
même des meilleurs dictionnaires, commentaires, etc. C'est la Parole seule qui
décide et n'importe quel croyant est souvent en état de juger aussi bien ou
mieux que le plus grand savant. Le travail du savant devrait surtout consister
à rendre plus facile l'examen personnel des autres. Il ne devrait pas leur
imposer ses conclusions.
Il faudrait d'autre part aussi
que les croyants comprennent que pour tout examen personnel il faut un effort
soutenu, un entraînement et surtout la grâce divine.
Les versions ne peuvent pas
nous enseigner beaucoup concernant les géants.
Nous ne pouvons pas ici traiter
cette question en détail et nous nous contentons de donner la traduction
(parfois un peu libre) d'une note de la « Companion Bible ». Nous ne
garantissons pas en tout point l'exactitude de ce qui y est affirmé, mais cette
note est suffisante pour donner une idée générale de la question.
La progéniture des anges tombés
et des filles d'Adam est appelée en Genèse 6 : 4 « Nephîlîm », ce qui signifie
« les tombés » (de naphal-tomber). Ce qu'étaient ces êtres, l'Ecriture seule
peut nous le dire. Ils étaient évidemment de grande stature et de grande
méchanceté. Ils étaient superhumains, anormaux ; leur destruction était
nécessaire pour la préservation de l'espèce humaine et pour la réalisation des
promesses divines (Gen. 3 : 15).
Voilà la raison pour laquelle
le déluge vint sur « un monde d'impies » (2 Pi. 2 : 5), comme Enoch l'avait
prophétisé (Jude 14).
Mais nous rencontrons les
Nephîlîm de nouveau en Nombres 13 : 33 ; « et nous y avons vu les Nephîlîm,
enfants d'Anak, de la race des Nephîlîm ». On peut se demander comment cela est
possible s'ils étaient tous détruits par le déluge. La réponse est donnée par
Gen. 6 : 4, où nous lisons : « Les Nephîlîm étaient sur la terre en ces
temps-là (c'est-à-dire aux jours de Noë) et aussi après (voir version anglaise
et version Darby) quand les fils de Dieu furent venus vers les filles des
hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants : ce sont ces héros (Hébr.
Gibbôr) qui furent fameux dans l'antiquité ». Pour « gibbôr » voir aussi Job 16
: 14 (guerrier).
Donc « après », c'est-à-dire
après le déluge, il y a eu une deuxième irruption de ces anges déchus, sans
doute plus restreinte parce que la progéniture était principalement localisée
dans Canaan. Israël devait les détruire.
Quant à la date de cette
irruption, c'était sans doute peu de temps après qu'il était connu que la
postérité de la femme devait venir par Abraham ; car lorsqu'il quitta Haran
(Gen. 12 : 6) et entra dans Canaan, il est remarquable qu'il est écrit : « Les
Cananéens étaient alors (c'est-à-dire déjà) dans le pays ». En Gen. 14 : 5 ils
sont indiqués par les noms de « Rephaïm » et « Emim », et ils s'étaient fixés à
Aschteroth-Karnaïm et Schavé-Kirjathaïm.
Aux versets 15 : 18-21 ils sont
mentionnés parmi les peuples cananéens : « le pays des Kéniens, des Kéniziens,
des Kadmoniens, des Héthiens, des Phéréziens, des Rephaïm, des Amoréens, des
Cananéens, des Guirgasiens et des Jébusiens » (voir aussi Exode 3 : 8, 17 ; 23
: 23 ; Deut. 7 : 1 ; 20 : 17 ; Jos. 12 : 8.
Ces peuples devaient être
détruits et chassés (Deut. 20 : 17 ; Jos. 3 10). Mais Israël n'a pas accompli
cette mission (Jos 13 : 13 ; 15 : 63 ; 16 : 10 ; 17 : 18 ; Juges 1 : 19, 20,
28, 29, 30-36 ; 2 : 1-5 ; 3 : 1-7) et nous ne savons pas combien d'entre eux
sont allés vers d'autres pays pour échapper à la destruction générale. Si l'on
se rendait compte de ceci, il est possible que plusieurs problèmes de
l'Anthropologie pourraient être résolus. Pour ce qui concerne leurs autres
noms, ils étaient appelés « Anakim », d'après Anak qui était de la race des
Nephîlîm (Nombres 13 : 33) et « Rephaim », d'après Rapha, un autre individu
important parmi eux.
De Deut. 2 : 10, 12, 20, 23 on
voit qu'ils étaient aussi connus sous les noms d'Emim, Horim, Zamzummim, Avims,
etc.
Comme Rephaïms ils étaient
connus et souvent mentionnés, mais à la place de leur nom propre on a souvent
mis « mort », « ombres ».
Voici une liste des textes où
le nom Rephaim se trouve dans l'original : Gen. 14 : 5 ; 15 : 20 ; Deut. 2 :
11, 20, 20 ; 3 : 11, 13 ; Jos. 12 : 4 ; 13 : 12 ; 15 : 8 ; 17 : 15 18 : 16 ; 2
Sam. 5 : 18, 22 ; 23 : 13 ; 1 Chron. 11 : 15 ; 14 : 9 ; Es. 17 : 5 (Rephaïm).
1 Chron. 20 : 4, 8 (enfants de
Rapha) 1 Chron. 20 : 6 (issu de Rapha).
Job 26 : 5 ; Es. 14 : 9 ; 26 :
14, 19 (ombres).
Ps. 88 : 11 (2e fois) ; Pro. 2
: 18 ; 9 : 18 (1er fois) 21 : 16 (morts).
En examinant ces passages il ne
faut pas perdre de vue que les traducteurs ne semblent pas s'être rendu compte
qu'il s'agit ici d'une race spéciale. Le contexte doit donc souvent être
contrôlé.
La deuxième irruption a dû
avoir lieu avant Gen. 14 puisque les Rephaims sont mélangés là avec les cinq
nations ou peuples qui comprenaient Sodome et Gomorrhe et furent vaincus par
les quatre rois sous Kedorlaomer. Leur place principale était évidemment «
Aschteroth-Karnaïm » ; tandis que les Emim se trouvaient dans la plaine de
Kirjathaïm.
Anak était un descendant réputé
des Nephîlîm et Rapha en était un autre. Ils ont donné leurs noms à des clans
différents. Le père d'Anak était Arba qui bâtit Hébron (Gen. 35 : 27 ; Jos. 15
: 13 ; 21 : 11). Cette branche palestinienne des Anakims n'était pas appelée
Arbahim d'après Arba, mais Anakim, d'après Anak. Ils étaient grands, nombreux (ou
puissants) et de haute taille (Deut. 2 : 10, 11, 21, 22, 23 ; 9 : 2), faisant
peur aux dix espions (Nom. 13 : 33). Og, le roi de Basan, est décrit en Deut. 3
: 11. Leur puissance est encore visible aujourd'hui dans les citées géantes de
Basan et nous ne savons pas dans quelle mesure ils peuvent avoir été utilisés
en Égypte pour la construction des bâtiments.
Arba fut rebâtie par les
Kabires ou confédérés sept ans avant que Zoan fut bâti par les Pharaons de la
dix-neuvième dynastie.
Dans le cas où ces Nephîlîm et
leur branche des Raphaïm auraient été en Égypte, nous avons l'explication du
problème qui a rendu perplexe bien des gens, c’est-à-dire comment ces énormes
pierres et monuments ont été assemblés.
De plus, nous avons dans « ces
héros qui furent fameux dans l'antiquité » l'explication de l'origine de la
mythologie grecque. Celle-ci ne semble pas être une invention humaine, mais
elle est probablement formée par les traditions, souvenirs et légendes des
actions de cette race puissante et immorale. Le fait qu'ils étaient surnaturels
d'origine devaient amener facilement les païens grecs à en faire des
demi-dieux.
Ainsi les tablettes
babyloniennes de la création, le « Livre des Morts » égyptien, la mythologie
grecque et les cosmogonies païennes, que certains placent au même rang que les
Écritures, semblent être tous la corruption et la perversion de vérités
primitives, déformées à mesure que leur origine fut oubliée et que leur
souvenir se perdait.
Les lois de la nature
et les miracles
Les lois de la nature, que
l'homme croit avoir dégagé, ont un caractère statistique et ne sont applicables
que dans le cas où sont en jeu un grand nombre de molécules ou de leurs
constituants : protons, électrons, positrons, neutrons. Quand on ne considère
que quelques corpuscules, tout devient indéterminé. La loi exprime, en effet,
la probabilité qu'un phénomène ait lieu de telle ou telle manière pour
l'ensemble. Mais pour ce qui est des particules individuelles, les choses
peuvent se passer autrement, de même que, malgré les indications des
statistiques selon lesquelles la durée de la vie humaine est par exemple de
cinquante ans, on peut très bien mourir à dix ou à cent ans.
Il ne viendra à l'idée de
personne de croire que ces phénomènes isolés, qui ne correspondent pas à la
loi, prouvent qu'il n'y a pas de loi, ou sont impossibles à cause de la loi, ou
sont surnaturels. Ces phénomènes sont en soi aussi naturels que les autres,
mais ils sont moins probables.
Mais pourquoi parler de
probabilité ? Si nous connaissions tout ce que nous pouvons connaître de chaque
corpuscule, ne pourrions-nous pas prédire ce qui arrivera ? La science a été
obligée de répondre non à cette question. Il s'ensuit que personne ne peut
savoir s'il n'existe pas une cause non matérielle qui contrôle les phénomènes
sans rien changer aux propriétés « naturelles » de la matière.
Nous voyons ainsi comment on
peut concevoir le mécanisme des miracles. Pour produire un miracle, il suffit
d'agir sur les particules matérielles de manière à changer la probabilité du
résultat. La matière reste matière avec toutes ses propriétés naturelles, mais
on contrôle l'action des corpuscules. Ce contrôle nous échappe complètement,
nous n'en voyons que le résultat. Tout est naturel quand on regarde les
corpuscules, tout peut être surnaturel quand on considère le contrôle et le
résultat.
Un miracle ne cesse pas d'être
un miracle parce qu'il est produit par des phénomènes « naturels ». Ce qui
constitue le miracle, c'est que le naturel est dirigé par le surnaturel. Et le
miracle attire notre attention quand le résultat est différent de ce que nous
sommes habitués à observer.
Dans l'âge présent, tout se
passe d'une certaine manière parce que Dieu contrôle, par l'intermédiaire de
certaines créatures, les actions individuelles de manière à rendre tel ou tel
effet probable. Mais tout pourrait se passer autrement et, dans les âges
prochains, ce sera sans doute la règle. Même pendant notre âge, Dieu agit
exceptionnellement d'une autre manière et les êtres spirituels aussi peuvent
produire certains phénomènes anormaux.
Le matérialisme naïf croyait
avoir banni Dieu de la création. Tout est régi par des lois ; donc Dieu est
inutile et les miracles sont impossibles ! Or, les lois sont le résultat d'une
action divine et changent suivant les modalités de cette action. Ces lois ne
sont donc pas absolues et éternelles, mais dépendent de Dieu.
Que la matière, tout en restant
matière, puisse avoir des propriétés entièrement différentes de celles que nous
connaissons est montré par les Écritures. Dans les sphères célestes et «
sur-célestes », les lois de la sphère terrestre n'existent pas. Déjà Hénoc,
quand il fut ravi par le Seigneur, a éprouvé que la matière n'est pas
nécessairement soumise à la gravité. Quand le Seigneur avait son corps
glorieux, Il montra en entrant dans une chambre close que la matière n'est pas
nécessairement impénétrable. Elle peut aussi ne pas être affectée par le feu ;
témoin les trois amis de Daniel dans la fournaise ardente. Le corps de la résurrection
est gouverné par l'Esprit dont l'action lui communique des propriétés qui sont
adaptées à la nouvelle sphère où l'homme est placé.
Nier la possibilité des
miracles et d'autres modes d'existence n'est pas « scientifique ».
L'influence de la tradition
humaine est parfois à peu près irrésistible. Nous pouvons ainsi citer le cas
des textes où nos versions ont adopté la traduction
« le premier jour de la semaine
». Ce sont :
Matth. 28 : 1 - « eis mian
sabbatôn ». ,
Marc
16 : 2 - « tè mia tôn sabbatôn ».
Marc
16 : 9 - « prôtès sabbatou ».
Luc
24 : 1 - « tè de mia tôn sabbatôn ».
Jean
20 : 1 - « tè de mia tôn sabbatôn ».
Jean
20 19 - « tè èrnera ekein tè mia sabbatôn ».
Actes
20 :7 - « tè mia tôn sabbatôn ».
1 Cor.
16 : 2 - « kata mian sabbatôn ».
Examinons d'abord le mot « mia
» (une), traduit par « premier ». Ce qui est désigné par « un » peut aussi être
le « premier », mais pas nécessairement. Des textes comme Mat. 21 : 19 ; 26 :
69 ; Marc 12 : 42 ; Luc 5 : 12, 17 ; 8 : 22, etc., indiquent même qu'il est
souvent impossible de mettre « premier ». Quand on veut dire « premier », on a
le mot « prôtè » en grec et « réshohn » en hébreu. Ce dernier mot est traduit
une centaine de fois par « prôtè » dans la version grecque des Septante.
Nous devons ensuite examiner
s'il faut ajouter « jour ». Grammaticalement il est nécessaire d'ajouter
quelque chose, parce que « mia » est féminin et ne peut se rapporter
strictement à « sabbatôn » qui est neutre. Le mot « jour » est féminin en grec
et comme Mat. 26 : 17 nous donne un autre exemple où il faut insérer « jour »,
il semble qu'on peut le faire aussi dans les textes que nous examinerons.
Cependant, il ne faudrait pas que cette addition crée des difficultés. Nous
n'examinerons pas cela ici.
Vient maintenant le mot «
sabbatôn ». Personne ne nie que c'est le pluriel (au génitif) de sabbaton. Mais
on prétend généralement que c'est une expression idiomatique qui veut dire «
semaine ». On traduit donc « premier jour de la semaine ». La puissante
tradition a sanctionné cette version. Osons cependant faire remarquer que, s'il
est très nécessaire de tenir compte des particularités de langage, il faut être
certain qu'il est impossible, ou tout au moins fort difficile, de traduire littéralement
avant de traduire la Parole de Dieu idiomatiquement. Or, nous ne sommes pas les
premiers à prétendre que tel n'est pas le cas ici et nous voulons montrer que
la traduction littérale n'est pas seulement naturelle mais indispensable.
Le texte grec emploie 26 fois
le pluriel « sabbatôn » (1) et il est logique pour en déterminer la signification
de consulter l'Ancien Testament. Or là nous trouvons 31 fois « sabbats » en
hébreu et la version des Septante le rend chaque fois par le pluriel. Par
contre, le mot « semaine » correspond à l'hébreu « shah-vôag » qui est traduit
par « hebdomas » dans les Septante. Ces dernières expressions ont généralement
la signification de « septaine » et ils sont donc bien distincts de « sabbath »
qui veut dire « cessation » (2). Un laps de temps peut aussi bien être indiqué par un
certain nombre de semaines que par le même nombre de sabbats. On peut aussi
bien parler de la fête des « semaines » que de la fête des « sabbats ». On peut
même parfois donner à sabbats la signification de « septaine » (Lév. 25 : 8).
Mais on ne peut nullement en déduire qu'il est toujours possible d'utiliser
semaine pour sabbat (3). En examinant tous les textes de l'Ancien Testament
qui emploient « sabbats » (4) on se rend compte qu'il faut prendre cette expression
à la lettre et qu'elle désigne une série de jours sabbatiques, soit des jours
de fête annuels, soit les jours de repos hebdomadaire.
(1) La version Segond le rend
soit par semaine, soit par « jour de sabbat », soit par « jours de sabbat ». En
Actes 17 : 2 et Col. 2 : 16 la traduction est littérale : « sabbats ».
(2) Voir la note 11, page 24.
Citons en plus Gen. 8 : 22 « le jour et la nuit ne cesseront point » qui
confirme que le sens général est « cesser ».
(3) On. a objecté que certains
passages, tels que Luc 18 : 12, obligent de traduire « sabbat » par semaine. Or
loin de nécessiter cette traduction, le texte perd ainsi toute sa vigueur. Le
Pharisien ne jeûnait pas deux fois par semaine, mais deux fois par sabbat,
c'est-à-dire qu'il passait deux repas de ce jour. Il devait donc être bien
juste !
(4) Voir Ex. 31 : 13 ; Lév. 19 :
3, 30 ; 23 : 15, 38 ; 25 : 8, 8 ; 26 : 2, 34, 34, 35, 43 ; 1 Chron. 23 : 31 ; 2
Chron. 2 : 4; 8:13; 31 : 3 ; 36 : 21 ; Néh. 10 : 33 ; Es. 56 : 4 ; Ezéch. 20 :
12, 13, 16, 19, 21, 24 ; 22 : 8, 26 ; 23 : 38 ; 44 : 24 ; 45 : 17 ; 46 : 3.
Nous remarquons spécialement
les sept sabbats de Lév. 23 : 15, 16 :
« Depuis le lendemain du
sabbat, du jour où vous apporterez la gerbe pour être agitée de côté et
d'autre, vous compterez sept semaines (sabbats) entières. Vous compterez
cinquante jours jusqu'au lendemain du septième sabbat. »
Ici encore « sept semaines »
est la traduction de « sept sabbats » (voir par exemple la note dans la version
Darby). Qu'il s'agit littéralement de sept sabbats est montré par l'expression
« septième sabbat ». On ne peut pas dire : « Le lendemain de la septième
semaine ». Cette série de sept sabbats entre la Pâque et la Pentecôte était
unique dans l'année.
Tout cela montre donc que le
pluriel « sabbats » peut avoir une signification bien déterminée et qu'il
faudrait une solide justification scripturaire avant de traduire le pluriel «
sabbats » par le singulier « semaine ».
Mais il y a plus. Si les
versets du Nouveau Testament où nos versions mettent « le premier jour de la
semaine » se rapportaient tous à la période entre Pâques et Pentecôte, ne
serait-il pas évident qu'il s'agisse, non pas de sabbats quelconques, mais des
sept sabbats de Lév. 23 ? Or, il en est effectivement ainsi. Cela est évident
pour les textes des Évangiles. Quant aux deux autres, le contexte a soin de
nous fixer. Dans Actes 20 : 7, le jour en question vient après les jours des
pains sans levain (V. 6) et précède la Pentecôte (V. 16). Dans 1
Cor. 16 : 2 il précède aussi de peu de temps la Pentecôte (V. 8).
Quelle que soit la
signification exacte de « mia tôn sabbatôn », il est donc bien certain que l'on
ne peut pas écrire « le premier jour de la semaine ». Il s'agit en effet, non
d'un jour d'une semaine quelconque de l'année, mais d'un jour dans une période
spéciale, qui a comme limites le jour où la gerbe était agitée (après la Pâque)
et la Pentecôte.
Nous n'entreprendrons pas ici
une recherche plus détaillée concernant le sens exact de « mia tôn sabbatôn ».
Elle prendrait trop de place et sort du cadre de cet ouvrage. Une recherche
pareille est cependant fort instructive et nécessaire si l'on veut préciser le
jour du crucifiement et de la résurrection.
On remarque aussi quelles
difficultés les traducteurs et les exégètes ont eu avec certains passages,
difficultés qui sont un signe certain qu'une erreur fondamentale a été commise.
Quand on prend les mots inspirés par l'Esprit à la lettre (pour autant que la
Parole elle-même n'indique pas qu'une expression est idiomatique) tout devient
simple. Ce ne sont pas les Écritures qui présentent des difficultés, elles sont
créées par nous-mêmes et surtout par la tradition humaine.
Tout cela montre aussi que,
loin d'avoir remplacé le sabbat hebdomadaire par le dimanche, les Juifs
chrétiens du temps des Actes continuaient à observer les fêtes de l'Eternel,
ainsi que toutes les cérémonies de la Loi. Après les Actes, Paul dit clairement
que personne ne doit nous juger au sujet des sabbats (sabbatôn). Les versions
ont empêché les croyants de voir qu'il s'agit des mêmes sabbats en 1 Cor. 16 :
2.
Le dimanche est d'origine
païenne ; c'est le jour du « Seigneur Soleil » (voir « Sunday », « Sontag », «
Zondag », « Dies, Dominica », etc.) et son institution n'a aucune justification
scripturaire. Le sabbat restera toujours le jour du repos pendant lequel Israël
ne devait et ne devra faire aucun travail, tant qu'il est considéré comme
peuple élu et se trouve dans son pays. Les Sabbatistes errent gravement quand ils
croient remplacer Israël et devoir suivre la Loi donnée a ce peuple, mais ils
sont au moins conséquents en gardant le Sabbat plutôt que le dimanche.
Pour l'expression « Jour du
Seigneur », voir page 94 et la note page 95.
Objections contre l'observation de la loi
par les juifs chrétiens
Rom. 3 : 21, 28. - « Sans la
loi ». Le mot grec « chôris » ne veut pas dire « sans » d'une manière absolue,
mais plutôt « à part ». Cela résulte clairement de son emploi dans d'autres
textes. Ainsi , Mat. 14 : 21 « sans les femmes », ou mieux « à part les femmes
».
Pour exprimer une absence
totale, le grec a « aneu », comme dans 1 Pierre 4 : 9.
Paul dit dans le même chapitre
des Romains qu'il n'anéantit pas, mais confirme la loi (V. 31).
Rom. 6 : 14. - Ils ne sont pas
« sous » la loi. On aperçoit mieux le sens de « sous » en examinant les
expressions similaires : « Sous le péché » Rom. 7 : 14 ; « Sous le joug », 1
Tim. 6 : 1 ; « Sous la malédiction », Gal. 3 : 10 ; « Sous l'esclavage des rudiments
», Gal. 4 : 3. Tout cela dépeint l'état dans lequel les Juifs s'étaient placés
quand ils avaient prétendu accomplir la Loi par leurs propres efforts. La Loi
devait être accomplie par la grâce qui leur était offerte à cet effet. Dans ce
cas, ils étaient encore « dans » la loi, mais non plus « sous » la Loi. Voir
par exemple Rom. 2 : 12 (avec) et Rom. 3 : 19 (sous) où le grec n'utilise pas «
hupo » (sous), mais « en » (dans). Ils se trouvent dans la sphère de la Loi,
mais pas sous elle.
Rom. 10 : 4. - « Christ est la
fin de la Loi ». Le grec donne « telos », qui n'indique pas nécessairement la
fin d'une chose, mais son aboutissement. Voir Mat. 26 : 58 et Rom. 6 : 21. Le
but de la Loi était Christ. Elle devait amener les Juifs vers Lui. Dans Jacques
5 : 11 le texte grec utilise le même mot et parle donc de « la fin du Seigneur
». On voit ainsi qu'il ne s'agit nullement de la fin. Pour indiquer cela, on a
le mot « peras », comme dans Hébr. 6 : 16.
Gal. 4 : 10. - « Vous
observez... » Le verset 9 nous montre que ce mot indique une mauvaise manière
d'observer. Ils s'asservissaient en voulant observer par leurs propres efforts
ou comme des esclaves. Le mot grec pour « observer » a toujours un sens
défavorable dans l'Ecriture. Voir Marc 3 : 2 ; Actes 9 : 24 (gardaient).
Gal. 5 : 1-11. - Paul parle
encore du joug, c'est-à-dire de l'observance de la Loi par leurs propres
efforts ou comme des esclaves. La circoncision considérée en elle-même comme
moyen et non comme signe extérieur d'un changement intérieur ne sert à rien. Ce
n'est pas la Loi qui justifie, elle ne donne que des préceptes que nous sommes
incapables de suivre sans la grâce. La circoncision seule n'a aucune valeur, il
faut la foi. Mais tout cela ne dit pas que la circoncision de la chair ne peut pas
accompagner la foi.
Pour les Juifs, il doit en être
ainsi tant qu'ils sont le peuple élu. Pendant le Royaume sur terre, il y aura
la circoncision de la chair et celle du coeur (Ezéch. 44 : 9).
Hébr. 10 : 18. - « Plus
d'offrande ». Plus d'offrande réelle, efficace, comme celle de la Croix.
Celle-ci a été faite une fois pour tous. Mais le symbole peut rester, comme il
en sera pendant le Royaume. Ezéch. 40 : 40-45. Les symboles d'avant la Croix
pointent vers l'avenir ; ceux d'après la Croix vers le passé. Il n'y a pas plus
de raison pour qu'elles ne puissent pas exister après la Croix qu'avant. Nous
avons déjà fait observer que si ce passage signifie que les offrandes sont
supprimées, il faut admettre aussi qu'elles n'ont jamais été exigées. Toute
l'argumentation repose, en effet, sur des citations de l'Ancien Testament.
Dans « La Voie du Salut »,
nous aurons l'occasion de mieux examiner ces questions. Nous montrerons comment
on peut arriver à établir le tableau suivant :
Comme exemple du n° 2
mentionnons le Juif en général dans l'A. T. Pendant le Royaume sur terre les
Juifs seront dans la position n' 3. Ceux de la sphère céleste correspondent au
n' 4. Pendant les Actes les 4 cas étaient représentés. Celui qui est mort à la
Loi peut encore accomplir la Loi, mais dans un esprit nouveau, ainsi Paul à la
fin des Actes.
À propos du dernier voyage de l'apôtre Paul
à Jérusalem (Actes 21)
On fait remarquer que les
disciples, poussés par l'Esprit, disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem
(V. 4). Puisque Paul est allé quand même, il aurait agi contre la volonté de
Dieu. Notre réponse s'appuie sur le texte inspiré.
Quelle est la portée du mot «
pas » au verset 4 ? Est-ce une interdiction absolue ? La réponse est simple. Le
grec possède plusieurs mots pour « pas », dont les principaux sont « ou » et «
mè ». Le premier exprime une négation absolue (voir par exemple Mat. 4 : 4 ; 5
: 21), le second est relatif. Tout croyant peut s'en assurer en lisant des
textes ou « mè » est utilisé.
Ainsi Mat. 10 : 5 « n'allez pas
vers les païens » (ne devaient-ils plus jamais aller vers eux ?) ; Jean 20 : 17
« ne me touche pas » (or, au verset 27 Il demande à Thomas de le toucher) ;
Actes 1 : 4 « il leur recommande de ne pas s'éloigner de Jérusalem »
(devaient-ils y rester toujours ?). On voit donc que « mè » est relatif,
temporaire. Or, c'est ce mot qui est employé en Actes 21 : 4. N'est-il pas
clair que l'Esprit a dit dans ce passage de rester 7 jours à Tyr avant de
monter sur un navire en partance pour Jérusalem ? Au terme de ces 7 jours, ils
partent (V. 5) et c'est entièrement conforme à la volonté de Dieu. C'étaient
les hommes qui voulaient retenir Paul et l'empêcher de faire cette volonté ; mais
lui ne se laissa pas convaincre et finalement ils lui dirent : « que la volonté
du Seigneur se fasse » (V. 14).
C'est encore un exemple de la
précision de la Parole. Si nous retenons le modèle des saines paroles (2 Tim. 1
: 13) nous serons moins tentés d'accuser les Apôtres quand une de leurs actions
ne correspond pas à notre théorie.