Nous lisons dans le chapitre 13me des Actes que Barnabas et
Saul avaient été mis à part par le Saint Esprit, pour
luvre pour laquelle ils avaient été appelés (Actes
13, 2). Selon la révélation du Seigneur faite à Ananias à
Damas, lors de la vocation de l'apôtre, Saul commença son
ministère. Les directives du Seigneur furent les suivantes :
« Mais le Seigneur lui dit : Va, car cet homme est un instrument
que je me suis choisi pour porter mon nom devant les nations, les
rois, les enfants d'Israël ; et je lui montrerai combien il faut
qu'il souffre pour mon nom » (Actes 9, 15-16).
Cette mise à part de Barnabas et Saul, en vue de
luvre pour laquelle ils avaient été choisis,
désigne le commencement d'une nouvelle « oikonomia », que l'on
pourrait appeler la dispensation de « l'adaptation » ou de la
transition. Lors de cette dispensation, Saul devint l'apôtre St
Paul et accomplit un double service jusqu'à la fin des temps des
Actes. D'abord il alla dans les synagogues hors du pays, y
rendant le témoignage du royaume de Dieu, convainquant Juifs et
païens prosélytes par la loi et les prophètes, que Jésus est
le Christ (Actes 13, 14, 16-17, 43; 14, 1; 17, 1-4, 10-11,
16-17). Puis, après avoir été persécuté, il proclama
l'évangile de la grâce de Dieu, pour lequel il avait été mis
à part (Rom. 1, 1-5) - l'annonçant de même aux païens et aux
Juifs, pour les amener à l'obéissance de la foi et à la
glorification de Son nom (Actes 13, 46-48; 14, 27-28, 18, 4-6;
Rom. 3, 29-30; 4, 3-16; Gal. 3). Quant à ce second ministère,
en-dehors des synagogues, St Paul déclare :
« ... en vertu de la grâce que Dieu m'a faite d'être ministre
de Jésus-Christ parmi les nations, exerçant le sacerdoce de
l'évangile de Dieu » (Rom. 15, 15-16).
Et pendant cette ère - à partir du 13me chapitre jusqu'au
dernier témoignage rendu en public aux membres de la nation
juive à Rome (Actes 28, 17-28) - deux dispensations différentes
se déroulèrent en lignes parallèles, l'une de la Pentecôte en
Israël, destinée à décroître, l'autre parmi les nations,
allant en croissant et ayant le caractère d'une intercalation ou
de « transition ». Dans cette dispensation transitoire nous
voyons croître de gloire- en gloire le service de St Paul.
Après sa séparation et en conformité avec l'écriture,
prévoyant que Dieu justifierait les nations par la foi comme il
avait été promis. à Abraham : « Toutes les nations seront
bénies en toi » (Gal. 3, 5-9), il exerça parmi les nations le
sacerdoce de l'évangile de Dieu (Rom. 15, 16). C'est là
l'évangile dont St Paul dit « mon évangile » (Rom. 2, 16; 16,
25; 2 Tim. 2, 8), « l'évangile que j'annonce » (Gal. 1, 11),
« le glorieux évangile du Dieu bien-heureux, dont la
prédication m'a été confiée (1 Tim. 1, 11), d'après lequel
Dieu justifie par la foi les circoncis, soit Israël, et au moyen
de la foi les incirconcis » (Rom. 3, 30). Il est ici de la plus
grande importance de constater le fait, que les douze apôtres de
la circoncision (Gal. 2, 8-10) n'avaient aucune part à la
prédication de cet évangile. Il nous est dit dans les Actes,
chap. 19me, verset 21 : « après ces événements », et ici
nous nous trouvons en face du tournant le plus important dans
l'apostolat de St Paul. Jérusalem et le service de l'apôtre
dans cette ville, sont depuis longtemps relégués au second
plan. A Antioche, St Paul travailla pendant toute une année, en
harmonie avec la dispensation des douze apôtres. Même après sa
mise à part, il se servit d'Antioche comme base pour ses
voyages, tandis que c'est de Corinthe qu'il envoya ses épîtres
aux diverses églises. Maintenant son service dans les synagogues
a pris fin, car les Juifs dans la dispersion parmi les nations
rejetèrent leur Messie aussi bien que leurs frères dans le
pays. Tout ce qui reste à accomplir à St Paul pendant cette
dispensation, est son témoignage devant les rois à Rome. Dans
ses lettres, datant de cette époque, St Paul déclare avoir
complété dans ces contrées l'évangile du Christ (Rom.15, 19,
traduction concordante). Un changement fondamental s'opère
maintenant dans son ministère, surtout en ce qui est de
l'évangile qu'il annonce. Autrefois, il avait proclamé Christ
comme le Messie d'Israël « selon la chair » maintenant il ne
le fait plus. Il ne connaît plus personne selon la chair. Il
prêche la doctrine de la « réconciliation » qui déroge à
toute distinction entre les circoncis et les incirconcis (2 Cor.
5, 14-21, Rom. 5, 12-21). Son évangile prêché aux nations,- la
justification par la foi - se basait sur la promesse faite à
Abraham, qu'en sa postérité toutes les nations seraient bénies
(Gal. 3, 14-16). Dès lors il prêche le mystère de l'évangile,
la « réconciliation » à tous les hommes, en vertu de leur
descendance d'Adam. Ce ministère n'ayant rien de commun avec la
proclamation du royaume adressée à Israël, il n'est pas
mentionné dans les Actes; par contre il en est question dans la
deuxième épître aux Corinthiens, ainsi que dans l'épître aux
Romains. Il est nécessaire de rappeler que les croyants des
nations, qui dans cette dispensation de transition avaient reçu
par le sacerdoce de St Paul, des grâces particulières -
l'évangile de la justification et de la réconciliation - et des
dons spirituels, comme « diversité de dons, diversité de
ministères, diversité d'opérations..., pour l'utilité commune
» (1 Cor. chap. 12me et 13me), étaient malgré cela tributaires
de la nation d'Israël, car « ils prennent part à leurs
bénédictions spirituelles », « glorifient Dieu pour sa
miséricorde », « se réjouissent avec son peuple », comme «
étrangers aux alliances de la promesse », et dans ces
conditions, ils devaient assister les Juifs croyants de leurs
biens temporels (Rom. 15, 9, 10, 16, 26-27, 31; Eph. 2, 12; 1
Cor. 16, 1-4; 2 Cor. 9, 1-15). Il y aura, pendant le millénium,
des relations analogues entre Israël et les nations; on ne
recevra pas sans donner! (Es. 60, 10-12; 61, 5-6; Sach. 8,
20-23). Cela devrait nous aider à reconnaître clairement la
position occupée par les croyants des nations « en ces
temps-là » (ou pendant ce délai), c. à d. pendant la
dispensation transitoire. St Paul nous le rappelle plus tard
encore lors de la révélation de la dispensation du mystère, en
disant:
«Souvenez-vous donc que vous, qui étiez jadis païens par la
naissance, et qui êtes appelés incirconcis par ceux qui
s'appellent circoncis, à cause d'une circoncision faite dans la
chair par la main des hommes, vous étiez en ce temps-là, sans
Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux
alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le
monde » (Eph. 2, 11-12)..
Pendant ce temps de transition Actes 13, 2 jusqu'à 28, 28
l'enseignement du Seigneur donné à la Samaritaine : « le salut
vient des Juifs » (St Jean 4, 22) était toujours en vigueur, et
les croyants des nations recevaient leurs bénédictions
spirituelles par le sacerdoce de St Paul. Ainsi les nations, au
jour du Seigneur, seront sauvées et bénies, lorsque Israël
sera le sacerdoce royal pour bénir toutes les générations de
la terre, conformément à l'alliance traitée avec Abraham (Si
Jean 4, 22; 1 Pierre 2, 9; Apoc. 1, 6; 2, 26-27; 20, 6; Gen. 22,
15-18). C'est très important pour nous de reconnaître cela, si
nous voulons bien comprendre et apprécier la grâce précieuse
qu'il nous a accordée en son bien-aimé pour la durée de la
présente dispensation du mystère. - Dans « ce délai » de la
dispensation transitoire, les croyants des nations étaient sous
« la loi des ordonnances dans ses prescriptions » et les
décisions des apôtres et des anciens à Jérusalem (Actes 15,
19-29; 16, 4, voir aussi Eph, 2, 15, Col. 2, 14-23). Durant le
royaume, quand Israël « enseignera toutes les nations . . .,
les apprenant à garder tout ce qu'il a commandé », lors du
jour du Seigneur, une relation similaire se manifestera (Dan. 7,
14, 22, 27; St Matth. 28, 18-20). Nous voyons bien que les
croyants des nations étaient subordonnés à la nation
d'Israël, aussi bien pendant la dispensation transitoire qu'il
le seront pendant le millénium. De telles différences ne
doivent pas être ignorées ou méprisées, si nous voulons
comprendre ce que Dieu dit, afin d'arriver à apprécier au plus
haut degré, la grâce infinie qu'il a répandue sur nous dans la
présente dispensation du mystère, pendant laquelle la nation
d'Israël est sous l'endurcissement et les Juifs ennemis à cause
de nous (Rom. 11, 25, 28).
Au printemps de l'an 61, nous voyons arriver St Paul à Rome, «
chargé d'une chaîne à cause de l'espérance de l'évangile »
(Actes 28, 20). Au bout de trois jours, il rassemble les
principaux des Juifs, leurs chefs, pour une conférence
« Ayant pris jour avec lui, ils vinrent en plus grand nombre le
trouver dans son logis. Depuis le matin jusqu'au soir, il rendit
son témoignage; il les entretenait du royaume de Dieu, et il
s'efforçait de les persuader, par la loi de Moïse et par les
prophètes, de ce qui concerne Jésus. Les uns furent persuadés
de ce qu'il disait, les autres ne crurent point. Comme ils
n'étaient pas d'accord entre eux et qu'ils se retiraient, St.
Paul n'ajouta que ces mots :
Elle était bien vraie, la parole, que l'Esprit Saint fit
entendre à nos pères, par le moyen d'Ésaïe, le prophète,
quand il leur dit : Va vers ce peuple et dis-lui :
« Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point.
Vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez point; car le
cur de ce peuple s'est appesanti. Ils ont endurci leurs
oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu'ils ne voient
de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles, qu'ils ne
comprennent de leurs curs, qu'ils ne se convertissent et
que je ne les guérisse... »
« Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux nations;
ceux-là l'écouteront » (Actes 28, 23-28).
De même que le Seigneur avait fermé les portes du royaume à sa nation, en citant la prophétie d'Ésaïe, (St Matth. 13, 14-15 et St Jean 12, 36-41), terminant ainsi la dispensation de la grâce et de la vérité, l'apôtre St Paul lui aussi, se servit de la même parole envers les représentants de sa nation, lors de son témoignage public, leur annonçant le jugement qui serait l'endurcissement de leurs curs. La dispensation, inaugurée à Pentecôte, trouva ainsi sa fin.
Celle-là s'étendit sur environ 28 ans, c. à d. à partir du don du Saint Esprit avec puissance, au jour de la Pentecôte, jusqu'au dernier témoignage public concernant le royaume de Dieu, rendu en présence des principaux des Juifs à Rome, et de la déclaration solennelle d'Ésaïe, selon les Actes chap. 28me, versets 17-28 - 33 - 61 après Chr.
La dispensation de transition dura 18 ans - allant de la mise
à part de St Paul à Antioche en l'an 45 jusqu'à la fin de son
ministère dans la maison qu'il avait louée à Rome pendant deux
ans, selon les Actes 28, 30-31, en l'an 63. Puis, les épîtres
aux Ephésiens, Philippiens et Colossiens furent écrites, par
lesquelles nous voyons les éons adaptés à une nouvelle «
oikonomia » - celle de la dispensation du mystère, de la
grâce.