8. La dispensation de la transition.

Nous lisons dans le chapitre 13me des Actes que Barnabas et Saul avaient été mis à part par le Saint Esprit, pour l’œuvre pour laquelle ils avaient été appelés (Actes 13, 2). Selon la révélation du Seigneur faite à Ananias à Damas, lors de la vocation de l'apôtre, Saul commença son ministère. Les directives du Seigneur furent les suivantes :

« Mais le Seigneur lui dit : Va, car cet homme est un instrument que je me suis choisi pour porter mon nom devant les nations, les rois, les enfants d'Israël ; et je lui montrerai combien il faut qu'il souffre pour mon nom » (Actes 9, 15-16).

Cette mise à part de Barnabas et Saul, en vue de l’œuvre pour laquelle ils avaient été choisis, désigne le commencement d'une nouvelle « oikonomia », que l'on pourrait appeler la dispensation de « l'adaptation » ou de la transition. Lors de cette dispensation, Saul devint l'apôtre St Paul et accomplit un double service jusqu'à la fin des temps des Actes. D'abord il alla dans les synagogues hors du pays, y rendant le témoignage du royaume de Dieu, convainquant Juifs et païens prosélytes par la loi et les prophètes, que Jésus est le Christ (Actes 13, 14, 16-17, 43; 14, 1; 17, 1-4, 10-11, 16-17). Puis, après avoir été persécuté, il proclama l'évangile de la grâce de Dieu, pour lequel il avait été mis à part (Rom. 1, 1-5) - l'annonçant de même aux païens et aux Juifs, pour les amener à l'obéissance de la foi et à la glorification de Son nom (Actes 13, 46-48; 14, 27-28, 18, 4-6; Rom. 3, 29-30; 4, 3-16; Gal. 3). Quant à ce second ministère, en-dehors des synagogues, St Paul déclare :

« ... en vertu de la grâce que Dieu m'a faite d'être ministre de Jésus-Christ parmi les nations, exerçant le sacerdoce de l'évangile de Dieu » (Rom. 15, 15-16).

Et pendant cette ère - à partir du 13me chapitre jusqu'au dernier témoignage rendu en public aux membres de la nation juive à Rome (Actes 28, 17-28) - deux dispensations différentes se déroulèrent en lignes parallèles, l'une de la Pentecôte en Israël, destinée à décroître, l'autre parmi les nations, allant en croissant et ayant le caractère d'une intercalation ou de « transition ». Dans cette dispensation transitoire nous voyons croître de gloire- en gloire le service de St Paul. Après sa séparation et en conformité avec l'écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations par la foi comme il avait été promis. à Abraham : « Toutes les nations seront bénies en toi » (Gal. 3, 5-9), il exerça parmi les nations le sacerdoce de l'évangile de Dieu (Rom. 15, 16). C'est là l'évangile dont St Paul dit « mon évangile » (Rom. 2, 16; 16, 25; 2 Tim. 2, 8), « l'évangile que j'annonce » (Gal. 1, 11), « le glorieux évangile du Dieu bien-heureux, dont la prédication m'a été confiée (1 Tim. 1, 11), d'après lequel Dieu justifie par la foi les circoncis, soit Israël, et au moyen de la foi les incirconcis » (Rom. 3, 30). Il est ici de la plus grande importance de constater le fait, que les douze apôtres de la circoncision (Gal. 2, 8-10) n'avaient aucune part à la prédication de cet évangile. Il nous est dit dans les Actes, chap. 19me, verset 21 : « après ces événements », et ici nous nous trouvons en face du tournant le plus important dans l'apostolat de St Paul. Jérusalem et le service de l'apôtre dans cette ville, sont depuis longtemps relégués au second plan. A Antioche, St Paul travailla pendant toute une année, en harmonie avec la dispensation des douze apôtres. Même après sa mise à part, il se servit d'Antioche comme base pour ses voyages, tandis que c'est de Corinthe qu'il envoya ses épîtres aux diverses églises. Maintenant son service dans les synagogues a pris fin, car les Juifs dans la dispersion parmi les nations rejetèrent leur Messie aussi bien que leurs frères dans le pays. Tout ce qui reste à accomplir à St Paul pendant cette dispensation, est son témoignage devant les rois à Rome. Dans ses lettres, datant de cette époque, St Paul déclare avoir complété dans ces contrées l'évangile du Christ (Rom.15, 19, traduction concordante). Un changement fondamental s'opère maintenant dans son ministère, surtout en ce qui est de l'évangile qu'il annonce. Autrefois, il avait proclamé Christ comme le Messie d'Israël « selon la chair » maintenant il ne le fait plus. Il ne connaît plus personne selon la chair. Il prêche la doctrine de la « réconciliation » qui déroge à toute distinction entre les circoncis et les incirconcis (2 Cor. 5, 14-21, Rom. 5, 12-21). Son évangile prêché aux nations,- la justification par la foi - se basait sur la promesse faite à Abraham, qu'en sa postérité toutes les nations seraient bénies (Gal. 3, 14-16). Dès lors il prêche le mystère de l'évangile, la « réconciliation » à tous les hommes, en vertu de leur descendance d'Adam. Ce ministère n'ayant rien de commun avec la proclamation du royaume adressée à Israël, il n'est pas mentionné dans les Actes; par contre il en est question dans la deuxième épître aux Corinthiens, ainsi que dans l'épître aux Romains. Il est nécessaire de rappeler que les croyants des nations, qui dans cette dispensation de transition avaient reçu par le sacerdoce de St Paul, des grâces particulières - l'évangile de la justification et de la réconciliation - et des dons spirituels, comme « diversité de dons, diversité de ministères, diversité d'opérations..., pour l'utilité commune » (1 Cor. chap. 12me et 13me), étaient malgré cela tributaires de la nation d'Israël, car « ils prennent part à leurs bénédictions spirituelles », « glorifient Dieu pour sa miséricorde », « se réjouissent avec son peuple », comme « étrangers aux alliances de la promesse », et dans ces conditions, ils devaient assister les Juifs croyants de leurs biens temporels (Rom. 15, 9, 10, 16, 26-27, 31; Eph. 2, 12; 1 Cor. 16, 1-4; 2 Cor. 9, 1-15). Il y aura, pendant le millénium, des relations analogues entre Israël et les nations; on ne recevra pas sans donner! (Es. 60, 10-12; 61, 5-6; Sach. 8, 20-23). Cela devrait nous aider à reconnaître clairement la position occupée par les croyants des nations « en ces temps-là » (ou pendant ce délai), c. à d. pendant la dispensation transitoire. St Paul nous le rappelle plus tard encore lors de la révélation de la dispensation du mystère, en disant:

«Souvenez-vous donc que vous, qui étiez jadis païens par la naissance, et qui êtes appelés incirconcis par ceux qui s'appellent circoncis, à cause d'une circoncision faite dans la chair par la main des hommes, vous étiez en ce temps-là, sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Eph. 2, 11-12)..
Pendant ce temps de transition Actes 13, 2 jusqu'à 28, 28 l'enseignement du Seigneur donné à la Samaritaine : « le salut vient des Juifs » (St Jean 4, 22) était toujours en vigueur, et les croyants des nations recevaient leurs bénédictions spirituelles par le sacerdoce de St Paul. Ainsi les nations, au jour du Seigneur, seront sauvées et bénies, lorsque Israël sera le sacerdoce royal pour bénir toutes les générations de la terre, conformément à l'alliance traitée avec Abraham (Si Jean 4, 22; 1 Pierre 2, 9; Apoc. 1, 6; 2, 26-27; 20, 6; Gen. 22, 15-18). C'est très important pour nous de reconnaître cela, si nous voulons bien comprendre et apprécier la grâce précieuse qu'il nous a accordée en son bien-aimé pour la durée de la présente dispensation du mystère. - Dans « ce délai » de la dispensation transitoire, les croyants des nations étaient sous « la loi des ordonnances dans ses prescriptions » et les décisions des apôtres et des anciens à Jérusalem (Actes 15, 19-29; 16, 4, voir aussi Eph, 2, 15, Col. 2, 14-23). Durant le royaume, quand Israël « enseignera toutes les nations . . ., les apprenant à garder tout ce qu'il a commandé », lors du jour du Seigneur, une relation similaire se manifestera (Dan. 7, 14, 22, 27; St Matth. 28, 18-20). Nous voyons bien que les croyants des nations étaient subordonnés à la nation d'Israël, aussi bien pendant la dispensation transitoire qu'il le seront pendant le millénium. De telles différences ne doivent pas être ignorées ou méprisées, si nous voulons comprendre ce que Dieu dit, afin d'arriver à apprécier au plus haut degré, la grâce infinie qu'il a répandue sur nous dans la présente dispensation du mystère, pendant laquelle la nation d'Israël est sous l'endurcissement et les Juifs ennemis à cause de nous (Rom. 11, 25, 28).
Au printemps de l'an 61, nous voyons arriver St Paul à Rome, « chargé d'une chaîne à cause de l'espérance de l'évangile » (Actes 28, 20). Au bout de trois jours, il rassemble les principaux des Juifs, leurs chefs, pour une conférence


« Ayant pris jour avec lui, ils vinrent en plus grand nombre le trouver dans son logis. Depuis le matin jusqu'au soir, il rendit son témoignage; il les entretenait du royaume de Dieu, et il s'efforçait de les persuader, par la loi de Moïse et par les prophètes, de ce qui concerne Jésus. Les uns furent persuadés de ce qu'il disait, les autres ne crurent point. Comme ils n'étaient pas d'accord entre eux et qu'ils se retiraient, St. Paul n'ajouta que ces mots :

Elle était bien vraie, la parole, que l'Esprit Saint fit entendre à nos pères, par le moyen d'Ésaïe, le prophète, quand il leur dit : Va vers ce peuple et dis-lui :

« Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point. Vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez point; car le cœur de ce peuple s'est appesanti. Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles, qu'ils ne comprennent de leurs cœurs, qu'ils ne se convertissent et que je ne les guérisse... »

« Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux nations; ceux-là l'écouteront » (Actes 28, 23-28).

De même que le Seigneur avait fermé les portes du royaume à sa nation, en citant la prophétie d'Ésaïe, (St Matth. 13, 14-15 et St Jean 12, 36-41), terminant ainsi la dispensation de la grâce et de la vérité, l'apôtre St Paul lui aussi, se servit de la même parole envers les représentants de sa nation, lors de son témoignage public, leur annonçant le jugement qui serait l'endurcissement de leurs cœurs. La dispensation, inaugurée à Pentecôte, trouva ainsi sa fin.

Celle-là s'étendit sur environ 28 ans, c. à d. à partir du don du Saint Esprit avec puissance, au jour de la Pentecôte, jusqu'au dernier témoignage public concernant le royaume de Dieu, rendu en présence des principaux des Juifs à Rome, et de la déclaration solennelle d'Ésaïe, selon les Actes chap. 28me, versets 17-28 - 33 - 61 après Chr.

La dispensation de transition dura 18 ans - allant de la mise à part de St Paul à Antioche en l'an 45 jusqu'à la fin de son ministère dans la maison qu'il avait louée à Rome pendant deux ans, selon les Actes 28, 30-31, en l'an 63. Puis, les épîtres aux Ephésiens, Philippiens et Colossiens furent écrites, par lesquelles nous voyons les éons adaptés à une nouvelle « oikonomia » - celle de la dispensation du mystère, de la grâce.

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